Décidément, rien n’arrête Rian Johnson dans la saga qu’il a lui-même initiée en 2019. Son imagination semble sans limites, au point qu’on a l’impression qu’il pourrait encore nous pondre une bonne dizaine d’affaires inédites sans jamais tourner en rond.
Avec Wake Up Dead Man, le cinéaste plonge l’exquis Benoît Blanc — toujours interprété par un Daniel Craig très en forme — dans une petite ville isolée, placée sous l’influence d’un prêtre tyrannique qui tient davantage du gourou que du véritable homme de Dieu. Un personnage glaçant, incarné avec brio par l’excellent Josh Brolin, qui fait ici franchement froid dans le dos. Sans surprise, l’assassinat de cet individu aussi inquiétant que détestable se retrouve au cœur de l’intrigue. Et c’est là que ce troisième film se distingue nettement de ses deux grands frères : la victime est une véritable pourriture, pour laquelle le spectateur ne ressent absolument aucune empathie.
Autre élément différenciant : Benoît Blanc ne fait son entrée dans le récit qu’au bout d’environ quarante minutes. Toute la première partie repose sur le personnage campé par Josh O’Connor, qui nous présente la bourgade, son histoire, le meurtre et la galerie de suspects potentiels. Une approche que j’ai trouvée très intéressante, et qui permet à Daniel Craig de faire une entrée aussi tardive que salvatrice, une fois tous les enjeux clairement posés.
Comme d’habitude, le casting est luxueux : Daniel Craig, Josh Brolin, Josh O’Connor, mais aussi Glenn Close, Jeremy Renner, Andrew Scott, Cailee Spaeny et Kerry Washington. Du très lourd, clairement. Et comme pour les deux précédents films, rien qu’en découvrant le casting — sans connaître l’intrigue — j’ai deviné quel acteur (ou actrice) était l’assassin. J’en suis assez fier, mais je ne révélerai évidemment rien ici.
Au final, je pense que ce troisième volet est celui que j’ai le plus apprécié. Que ce soit pour son ambiance gothique, son flirt assumé avec le film d’horreur par moments, ou encore pour sa résolution aussi improbable qu’imparable, Wake Up Dead Man s’impose comme une grande réussite à mes yeux.