Il y a des films qui, sans être catastrophiques, parviennent à provoquer une douce frustration. Week-end royal de Roger Michell fait partie de ceux-là : une œuvre qui affiche un vernis élégant mais sonne creux dès qu’on gratte un peu. Sur le papier, une rencontre entre Roosevelt et le roi George VI pendant un week-end champêtre avait de quoi éveiller curiosité et intérêt. Sur l’écran, c’est un thé tiède, servi dans une porcelaine trop précieuse pour contenir quelque chose de vraiment savoureux.
Le film prétend raconter un moment clé de la diplomatie d’avant-guerre. En réalité, il se contente de jouer à la reconstitution molle, sans tension ni enjeu. L’événement historique devient prétexte à une galerie de scènes anecdotiques, aussi captivantes qu’un album photo commenté par une vieille tante. On cherche le souffle politique, la subtilité psychologique, ou même un brin d’ironie mordante — on ne trouve qu’un récit plat et aseptisé.
On aurait pu espérer que Bill Murray, dans un contre-emploi intéressant en Roosevelt, vienne électriser cette ambiance anesthésiée. Mais sa performance, aussi libre qu’incongrue, flotte dans un film qui semble ne pas savoir quoi faire de lui. Il joue à sa manière — pince-sans-rire, à la limite du burlesque — pendant que les autres acteurs, guindés dans leur sérieux british, restent coincés à Buckingham. L’effet est désaccordé, presque gênant.
Roger Michell filme comme on dresse une table protocolaire : tout est à sa place, rien ne dépasse, et surtout, pas d’émotion trop voyante. Une belle lumière dorée ici, un travelling lent là, et hop, emballé c’est pesé. Mais cette mise en scène trop sage finit par ressembler à une belle carte postale qu’on oublie aussitôt lue. Aucun choix esthétique ne vient vraiment soutenir un propos — puisqu’il n’y en a, au fond, pas vraiment.
Le problème principal de Week-end royal, c’est sa peur de déranger. Chaque dialogue semble repassé, chaque scène évite soigneusement toute aspérité. À force de vouloir flatter le bon goût et l’élégance, le film en devient aseptisé, presque stérile. C’est lisse, c’est joli, c’est creux. Et c’est franchement frustrant.
Ma note de 4.5/10 n’est pas le reflet d’une haine, mais d’une lassitude. Week-end royal n’est pas un désastre — c’est pire : c’est un film fade, qui ne prend jamais le risque d’être excellent ou mauvais. Il se contente d’être là, comme un invité discret dont on oublie le prénom à peine la soirée terminée. Et franchement, pour un film qui prétend s’inviter à la table de l’Histoire, c’est un peu court.