So pretty

Autant crever l’abcès : je n’ai aucun souvenir d’avoir vu le West side story d’origine. Donc, soit je ne l’ai jamais vu, soit il ne m’a absolument pas marqué.

Donc, aucune comparaison possible entre les versions de Jerome Robbins / Robert Wise et Steven Spielberg.

Deuxième aveux : les comédies musicales, ce n’est absolument pas ma came. Je suis resté de marbre devant ce film. Ce qui me rend incompréhensible d’avoir apprécié La La Land.

Et pourtant.

Pourtant, ce film a des qualités incroyables.

Rien que les chorégraphies sont d’une beauté sidérante. Plusieurs chansons sont géniales (avec un énorme coup de cœur pour la scène du commissariat). Je passerai sur certains morceaux insupportables.

La mise en scène ensuite de Spielberg, qui fait des miracles avec sa caméra. Ses jeux sur la lumière et les ombres sont superbes. Et son sens du rythme rend certaines chorégraphies mémorables. La composition de plusieurs plans sont magnifiques et originaux. Le réalisateur reste un grand maître.

Le casting ensuite est impeccable. Ansel « Baby driver » Elgort et Rachel Zegler portent joliment le film. Mais j’ai beaucoup plus apprécié les seconds couteaux, Ariana "Anita" DeBose et Mike "Riff" Faist. Ils ont une réelle présence et une nuance qui manquent aux personnages principaux.

Et maintenant, l’histoire.

J’en distinguerai deux parties.

Le caractère social du film est incontestable et très intéressant. Et très contemporain. Le déclassement social, l’intégration des population immigrées, l’urbanisation, l’injustice, le consumérisme… Tout est là. Ce film dit beaucoup. Autre point intéressant, cette histoire oppose à l’origine les Portoricains et les immigrés européens (italiens, polonais, etc.). Discrètement, mais sûrement, Spielberg place dans le décors, tout du long, la communauté afro-américaine, spectatrice impuissante de ce conflit territoriale.

L’autre point est bien sûr l’histoire d’amour, dérivée de Roméo et Juliette. Et là, non, ce n’est pas possible. Autant le caractère social est très réaliste, autant cette partie n’a aucun sens. Leur coup de foudre, leur amour éternel, je n’y crois pas un moment. Je veux bien croire que l’amour rend aveugle, mais là, il rend aussi sourd, muet, cul-de-jatte et Alzheimer. Cette partie est, il me semble, celle qui aurait méritée d’être modernisée.

Mais bon, mes co- spectatrices m’ont dit que j’avais un cœur de pierre.

Certes.

Je ne peux pas nier.

Par contre, j’aimerais arrêter de chantonner America toute la journée.