La boucle est bouclée

Après que les Avengers se soient chamaillés sévère le mois dernier, et après le bras de fer opposant Batman et Superman, il était temps pour les X-Men de s'afficher eux aussi dans ce qui était annoncé comme le plus grand combat de leur histoire. Alors Professeur, avez-vous relevé le défi ?

X-Men et Bryan Singer, c'est une histoire d'amour qui commence légèrement à dater. Auteur des deux premiers films mettant en scène la plus célèbre des bande de mutants, le voilà qui revient derrière la caméra pour un reboot de la franchise, Days Of Future Past. Outre son caractère de reboot, Singer signe sûrement son meilleur film en matière de X-Men, à la fois touchant et haletant. Maintenant l'univers complètement remis à zéro grâce à l'intervention de Wolverine, quel avenir pour le Professeur Xavier et ses élèves ? Le même que celui présenté dans le premier opus ? Pas tout à fait. X-Men Apocalypse signe le retour d'un mutant égyptien au nom imprononçable, qui a pour but de détruire le monde pour y construire son empire. Rien de bien folichon concernant le scénario, il s'agit ici de l'opus que nous n'avions pas encore eu dans la saga X-Men : nos petits héros dans ce qui s'annonce comme étant leur plus grand combat, une lutte entre le bien et le mal, pour la survie de l'humanité. Tout ceci semble terriblement cliché et dénué de toutes réflexions. Seulement dans cet opus, l'accent est plutôt mis sur les relations entre les personnages principaux, leurs manière d'appréhender cette nouvelle menace, et les choix qu'ils devront faire en conséquence.

Même si Apocalypse peine à recréer les enjeux de Days Of Future Past, on assiste à une exposition qui prend son temps, jouant sur plusieurs tableaux de narration. Si Charles a suivi le même destin que dans la précédente trilogie, il n'en est pas de même pour Magnéto et Mystique, personnages phares de cet opus. L'un continue de se chercher, d'essayer de choisir entre le mutant qu'il est, et l'homme qu'il pourrait devenir. L'autre n'a pas cessé de se battre, et de protéger son espèce. Les caractères ambigus de ces deux personnages, et leurs personnalités fragiles en font des figures profondes et intéressantes, tout en s'inscrivant parfaitement dans la thématique de ce nouvel opus. Malgré le sentiment de déjà-vu concernant certains axes scénaristique, on se laisse doucement emporter par ces quelques nouveautés, et par le plaisir de retrouver quelques mutants que les précédents films avaient quelques peu oublié (Avé, Diablo et Cyclope). L'accent est, à la manière de Days Of Future Past, mis sur le triangle Charles-Raven-Magnéto, qui fonctionne très bien dans ce film ci, ayant même tendance à laisser très peu de place pour les petits nouveaux. On regrettera tout de même l'absence de Wolverine, figure emblématique de la saga, dont l'apparition, très brève, s'apparente plus à un remake de Terminator version griffe en adamantium. Malgré cela, l'histoire arrive à se développer sans trop de soucis, à condition d'avoir bien suivi durant les précédents opus. Les enjeux se mettent correctement en place pour un grand final d'effets spéciaux agrémentés de quelques punchlines de Vif-Argent. Même si les seconds rôles se développent sur le tard du film pour certains, d'autres restent tout de même inexplorés, mais il aurait été trop intrépide de vouloir s'attarder sur chacun tout en faisant avancer le fil rouge.

Un film qui tient plutôt ses promesses au niveau visuel, tant les séquences sont fluides et saisissantes de couleurs. Un cahier des charges qui commence de plus en plus à se dessiner concernant les nouveaux films X-Men : le traditionnel générique tourbillon sur le thème des X-Men, l'invasion du générique de la Fox par la musique de la saga, et, plus visible, un morceau de bravoure pour Vif-Argent. A grand renfort de symbolique, certaines séquences, particulièrement fortes, sortent du lot : encore une fois, les passages dans le Cérébro, et les conversations télépathiques de Charles avec ses proches particulièrement éloigné. Le tout est remarquablement exécuté, et Singer prouve une fois de plus que l'univers des X-Men est un univers qu'il maitrise totalement.

En bref, un opus qui réalise une tâche très complexe : passer après Days Of Future Past, sans trop se casser la gueule. Il est clair qu'X-Men Apocalypse n'est pas aussi aboutit que son prédécesseur, la faute à un scénario somme toute très linéaire et très simple, dépouillé de toute réflexion éthique comme c'était le cas auparavant, et qui à la nécessité de recréer un univers déjà développé dans de précédents films. Malgré tout, Singer livre ici un divertissement de bonne facture, pas plus mauvais que ce qui se fait à côté, tout en bouclant cette nouvelle trilogie sur une fin laissant présager de nouvelles aventures pour les élèves du Professeur Xavier.