Ca manque de tissu

N’ayant aucun réel attrait pour la mode – j’ai plutôt tendance à choisir mes fringues sur des critères pratiques et de confort (oui, je ne suis pas une vraie fille) –, je connais Yves Saint Laurent davantage par son nom que par ses créations. De fait, j’ai regardé un des biopics qui lui est consacré plus par curiosité que par fanatisme.

Et, pour tout vous dire, je n’ai pas trouvé grand intérêt à voir défiler toutes ses images à l’écran. Certes, les performances de Pierre Niney et Guillaume Gallienne sont intéressantes à suivre. D’ailleurs, je ne sais pas si Yves Saint Laurent parlait réellement comme Pierre le fait mais c’est d’un crispant. S’il avait été en face de moi, comme Charlotte le Bon, je lui en aurais collé une (juste pour qu’il parle plus vite et d’un air moins condescendant). Pour Guillaume Gallienne, ça a été une agréable surprise après l’avoir vu dans « Les garçons et Guillaume à table ». Une fois sorti de son rôle de grande folle hautaine, il se révèle être un plutôt bon acteur.

Mais, hormis les acteurs principaux, le reste du film ne casse pas trois pattes à un canard. On ne ressent pas grand chose à voir s’effondrer petit à petit le créateur tellement il apparaît peu sympathique au spectateur. C’est dommage car il y avait, à mon sens, moyen de le rendre plus appréciable et ainsi, de rendre son sort plus sujet à inquiétude pour l’assistance. Sauf que non, on a tellement envie de le baffer que le voir s’enfoncer dans la drogue, l’alcool et la débauche ne nous fait ni chaud ni froid. C’est limite si on n’a pas plus de pitié pour Pierre Berger qui, tant bien que mal – entre deux accès de colère – essaie de lui imposer quelques barrières, en vain ; alors qu’on sent, qu’à la base, le scénario voulait plutôt qu’on s’apitoie sur YSL. Mais, c’est raté.

Et puis, le film a l’inconstance de son héros. On passe du coq à l’âne sans vraiment d’explication. Yves reprend le flambeau de la maison Dior. Hop ! Yves pond une collection. Hop ! Yves pique sa crise. Hop ! Yves refait une collection. Hop ! Yves se barre à Marrakech en retraite anticipée. Hop ! Yves prend de la schnouf. Hop ! Yves se tape le petit copain de Karl Lagerfeld. Hop ! Yves pète un vase. Hop ! Yves meurt. Mais alors, le pourquoi du comment (notamment, le pourquoi du voyage improvisé ainsi que le comment on passe du timide farouche au dévergondé qui se roule dans le stupre et les stupéfiants), c’est vaguement survolé, voire carrément omis. C’est comme ça et pas autrement. TGCM.

Sinon, à côté de ça, la bande son est très sympathique. C’est peut-être même le seul élément qui a fait que je n’ai pas totalement sombré dans l’ennui le plus profond. Rien de transcendant ceci-dit mais c’est le seul point qui permet à ce film d’avoir la moyenne. Parce que, disons-le franchement, on est loin du chef d’œuvre dont tout le monde parlait.