Chaos sublime

Il n’y a guère que Vanillaware qui puisse me donner envie de jouer à un titre où le scénario prend bien 80% du temps de jeu. Je ne peux pas dire que je regrette, car 13 Sentinels: Aegis Rim est très certainement ma plus belle découverte vidéoludique de 2025 à l’heure où j’écris ces lignes.

Ce scénario, je dois dire qu’il est très impressionnant. Plus que tout, je dirais que George Kamitani s’est ici adonné à un véritable exercice de narration : 13 histoires, avec 13 points de vue différents, et malgré cela, une intrigue qui tient totalement debout malgré un fort potentiel de cassage de gueule au vu de tous les éléments qu’elle contient. J’imagine pas le casse-tête pour tout assembler de façon cohérente. Bien sûr, on peut chipoter sur certains détails et critiquer certains aspects de l’histoire. Une critique assez récurrente est le fait que l’histoire, relativement simple en elle-même, soit rendue « inutilement complexe et confuse » par la narration, et il est vrai qu’on a souvent du mal à bien comprendre ce qui se passe et de quoi les personnages peuvent bien parler.

Cependant, j’estime que cette complexité a plusieurs fonctions. La première, c’est de capter l’attention du joueur et de le forcer à s’intéresser à l’histoire ; ce n’est pas pour rien qu’on a accès aux archives, le joueur est censé s’investir pour comprendre le scénario. La deuxième, c’est de nous rapprocher de ce que vivent les personnages. Au-delà de tous ses éléments SF, l’essentiel du récit de 13 Sentinels est selon moi beaucoup plus terre-à-terre : c’est une histoire qui se concentre sur les personnages, la façon dont ils vivent les évènements, leurs émotions et leurs relations ; Le fait d’être au même niveau qu’eux permet au joueur de mieux les comprendre.

L’histoire se joue dans les environnements 2D splendides typiques de Vanillaware ce qui, déjà, est un régal pour la rétine, et surtout permet au joueur de contrôler son personnage, marcher, courir, se balader dans les décors, parler aux PNJ etc. en bref, on avance dans l’histoire à son rythme et on joue l’histoire, ce que je trouve personnellement très important car cela amène un degré d’interactivité supérieur aux autres visual novel, ce qui est tout à fait bienvenue et rend le tout moins lourd et plus digeste.

Le deuxième pan du jeu se situe dans le mode Destruction, une sorte de RTS/tower defense dans lequel on contrôle les sentinelles pour faire face aux horde de kaijus lors de la bataille finale. Au début, je dois avouer que j’étais franchement circonspect face aux combats. Déjà, la présentation et les graphismes minimalistes sont assez déroutants au premier abord, et on a du mal à différencier clairement les différents types de kaijus, et plus généralement, à bien distinguer ce qui se passe à l’écran. Même quand il s’agit de comprendre quelle attaque fait quoi et de les différencier entre elles, c’est pas forcément évident.

Mais au bout de quelques combats, on commence à comprendre un peu mieux les subtilités, et je dois dire que le gameplay est très sympa. La composition de l’équipe et la personnalisation des pilotes, chacun ayant leur utilité via certaines attaques ou caractéristiques qui leur sont propres, ainsi que la synergie entre les pilotes et les différents types de sentinelles, tous ces aspects sont vraiment très réussis et rendent les combats intéressants et amusants. Mention spéciale au dernier combat, qui est absolument génial. On peut juste regretter une difficulté un peu trop tendre, même en Difficile.

Pour ce qui est de la bande-son, si un bon nombre de musiques sont assez discrètes, il y en a quelques-unes qui sont incroyablement marquantes et excellentes. Brat Overflow est probablement l’une des meilleures musiques d’écran titres jamais faite (Vanillaware et l’excellence de leurs écran-titres d’ailleurs, on pourrait en parler longuement) et les musiques de combats sont aussi très réussies, plus particulièrement [ISOLEUCINE] et {EDGE OF THE FUTURE} qui sont mes préférées, sans oublier seaside vacation.

13 Sentinels: Aegis Rim est une pépite que je recommande absolument, même si vous n’êtes pas spécialement un joueur adepte des jeux focalisé sur le scénario et la narration. Je dirais même qu’il constitue sûrement une bonne introduction au genre, et je serais curieux d’essayer quelques visual novels à l’avenir.