Coop solo

Brothers se déroule dans un univers médiéval fantastique, où deux jeunes frères de quelques années de différence partent en quête d'un remède pour leur père malade.
Le jeu ne m’était pas présenté comme était un jeu de coop, donc j’ai été étonné que les deux héros soient dirigés avec des commandes différentes, ce qui demande un temps d’adaptation pour coordonner ses deux mains.
Le système est toutefois le même que dans un jeu de coop, il y a besoin des deux personnages pour progresser, puisqu’il y a des actions qui nécessitent les deux ou qu’un seul d’entre eux peut effectuer.
Il y a quelques belles idées qui s’appuient sur les particularités du gameplay tout en servant l’histoire, l’exercice de coordination est sympa, et certaines épreuves sont un brin inventives et exploitent un univers varié. Mais c’est dommage qu’il n’y ait jamais de réelles énigmes, qui nécessiteraient de se creuser la tête un minimum pour trouver comment progresser. Tout se comprend immédiatement.
Le principe de Brothers est plaisant, mais le jeu ne présente jamais de réel challenge, et échoue donc à rendre le danger palpable, lorsque les personnages sont menacés. Je me sentais ainsi détaché de ce qui arrivait aux personnages : par exemple avec le monstre invisible, il suffit de suivre une démarche simple, et on lui échappe sans aucun problème. De même, lorsque des structures s’effondrent au passage des héros, on a toujours bien le temps de passer sans soucis.
L’IA des rares ennemis est parfois tellement débile que ça en est consternant. Il y a ce troll, qui fonce littéralement tête baissée, et même pas vers les héros, mais directement vers les objets qu’il faut détruire pour lui tendre un piège…

Les mécanismes du jeu rendent aussi tout un tas de détails absurdes. Il y a toujours une seule voie à suivre et une seule façon de procéder, la route étant semée d’obstacles qu’il faut contourner ou dégager… alors que souvent les personnages sont suffisamment grands pour pouvoir passer par-dessus. Ou alors en début de jeu, on se fait bloquer le passage par un type, qui nous force à passer sous un pont… pour au final se retrouver 3 mètres derrière lui.
Certes c’est des détails idiots, mais il n’aurait pas fallu de grosses modifications pour rendre le jeu plus cohérent.
Mais c’est sans compter sur les nombreux petits deus ex machina au fil du parcours, et tous ces éléments qui arrangent parfaitement l’avancée des personnages. Le pire étant l’oiseau géant qui débarque de nulle part à la fin, pour effectuer le chemin de retour en express (ça aurait été pratique s’il avait été là dès le début !).

Brothers est aussi plombé par quelques bugs, le plus gênant étant que sur PC avec le clavier, à chaque fois qu’il faut soulever une plateforme avec un levier, c’est anormalement lent, il faut attendre 3mn pour y arriver. Heureusement que ça n’arrive qu’à deux reprises dans le jeu.
Mais ce que je trouve vraiment con, c’est que les développeurs ne se sont pas renseignés pour voir comment on dirige une barque (quoique, c’est de la simple logique) : ici quand on rame uniquement sur le côté gauche, la barque tourne à droite, et inversement. Ce qui m’a gêné, pour me diriger, pendant tout ce passage sur l’eau.

En tout cas, j’ai été très impressionné par les graphismes, les décors sont vastes et somptueux. Ca m’a surpris quand j’ai vu que le jeu ne durait que 3h : des visuels aussi travaillé pour une aventure aussi courte.
Mais on dirait que pour pallier les mouvements rigides et limités de la caméra, les développeurs se sont sentis obligés de placer des points d’observation… sous forme de bancs sur lesquels les personnages se posent. Une idée que je trouve bête, à la fois parce que c’est bancs sont des endroits insolites, mais parce que les héros prennent le temps d’admirer le paysage alors que leur père est mourant.
Il en va de même pour toutes ces interactions optionnelles en court de route, qui sont complètement inutiles. On croise au début une vieille femme qui balaye, et on peut balayer à sa place, en restant en un même point fixe, aussi longtemps qu’on appuie sur la touche d’action. On peut frapper aux portes, sans que personne ne réponde jamais.
C’est juste vite fait amusant de voir les interactions différentes entre les deux frères ; le plus jeune a un goût pour les sales tours, et plus d’une fois j’aurais aimé voir les PNJ lui foutre des baffes.

Hormis ses graphismes, l’intérêt de Brothers repose sur une seule idée, une idée forte certes, mais si mal exploitée. Parce qu’une fois qu’on a saisi l’idée de la collaboration entre les deux frères, les développeurs n’en font pas grand chose, jamais la coopération ne se développe en quelque chose de plus complexe qu’au début et de plus stimulant intellectuellement pour le joueur.
Et toute la relation entre les héros se base uniquement sur ce concept de gameplay (les personnages parlent tous dans une langue imaginaire), ce que je trouve trop léger pour en attendre une implication émotionnelle de la part du joueur. Pour ma part en tout cas je n’ai à aucun moment ressenti les émotions que le jeu essaye, vaguement, de véhiculer : ni la tension face au "danger" comme je l’évoquais, ni la tristesse au vu du sort des personnages. Il y a un passage où se sacrifie un oiseau qu’on a découvert 1 minute plus tôt ; je ne sais pas trop si c’est censé émouvoir, parce que là aussi je trouve ça très superficiel.
Je vois que Brothers figure dans le top SensCritique "Les jeux qui font le plus pleurer", pour moi c’est loupé… mais je me rends compte qu’à ce jour, aucun jeu-vidéo n’a réussi à me faire pleurer.
Snif.