Le jeu vidéo narratif (versant positif du 'simulateur de balade') se cherche et peine à se trouver, à supposer qu'il y parvienne un jour. Je n'ai rien joué de plus enthousiasmant que The Path... 2009 déjà. Même si le genre a accouché depuis de quelques jeux notables, que ce soit en terme de mise en scène, d'ébauche de gameplay, d'ambiance et... de narration justement.
Everybody's Gone to the Rapture échoue sur toute la ligne et perd au passage l'atmosphère de mystère qui sous-tendait le déjà très moyen Dear Esther.
Le jeu est joli mais sans charme ni personnalité, offrant un décor mort et morne dans lequel errer (très) lentement jusqu'à l'ennui. L'écriture est usée jusqu'à la corde et aligne en mode automatique les séquences vues et revues - et en tellement plus réussi dans la littérature ou à l'écran -, sans parler de son ambiance et de ses enjeux souvent périmés, largement coupés du monde actuel. Et dans la mesure où la nostalgie n'est pas le moteur de l'histoire jouer après l'événement désamorce toute l'intensité qui aurait pu en faire l'intérêt.
La mise en scène esquive le problème de la présence physique des personnages, et délivre une abstraction qui tue l'immersion et l'émotion (pour compenser lourdement suggérée à grand renforts d'envolées lyriques soudaines - même si la bande-son est plutôt chouette dans l'absolu) sans offrir grand chose en retour sur le plan visuel (excepté le bombardement et lors des transitions de chapitre). Heureusement la performance vocale des acteurs s'avère assez convaincante pour empêcher l'édifice de s'effondrer.
Il est amusant de noter à quel point même les trophées - totalement absurdes - font prendre conscience qu'Everybody's Gone to the Rapture ne parvient pas à être un jeu. Et faute d'exploiter la singularité du jeu vidéo il ne fait que démontrer sa faiblesse au regard d'autres médias narratifs.