Hormis une poignée de jeux sortis au cours des années 2000 sous forme d'objets cachés, Agatha Christie n'a jamais été vraiment représentée dans l'univers du jeu vidéo. Et c'est assez surprenant tant ses romans policiers et l'atmosphère inimitable qui s'en dégage (celle des campagnes anglaises et de la haute société durant l'entre-deux-guerres) constituent une excellente base pour un jeu d'aventures réussi.


Et ça Microïds s'y connaît en point & click. Syberia et Still Life, ce sont eux. Peut-être ont-ils voulu surfer sur le succès des Petits Meurtres d'Agatha Christie diffusé sur France 2 ? En tant que grand fan de la romancière, je me réjouissais à l'avance de jouer avec Hercule Poirot. Un de ses personnages fétiches qu'elle détestait. Aussi perspicace qu'imbu de sa personne et toujours flanqué de son "chien de chasse" le fidèle Hastings qui ne sert malheureusement à rien dans le jeu.


Poirot afin de coincer ce meurtrier laissant derrière son crime un annuaire téléphonique, ne devra compter que sur lui et ses fameuses cellules grises. Malheureusement, le joueur, lui, n'aura pas énormément l'occasion de les dérouiller. Les scènes d'observation ressemblent à des phases de jeux d'objets cachés. Il faut cliquer sur l'écran pour découvrir des indices avec à la clé un commentaire de Poirot.


Car qu'est ce qu'il parle ! Là où dans les livres, il est peu enclin à délivrer ce qu'il sait, dans ABC Murders, il se sent obligé de décrire tout ce qu'il fait, voit, lit ou entend. Pas pour le plaisir. Simplement pour guider le joueur. Le jeu est, en effet, assez facile la plupart du temps. Les phases de réflexion donnant droit à un casse-tête un peu plus corsé à résoudre (mais tombant comme un cheveu sur la soupe) sont loin d'être insurmontables. La solution (code numérique, symboles à associer) est trouvable généralement sur un objet étudié deux minutes auparavant !


Une fois les indices, soupçons, informations rassemblés, Poirot devra faire fonctionner ses "petites cellules grises". A la question posée, il faudra associer deux voire trois observations faites soit par Poirot soit par un des témoins durant son interrogatoire. Sauf qu'il n'y a aucune erreur possible et le détective finira toujours par faire la bonne déduction. Et je ne parle même pas du système d'indice rechargeable présent dans le menu et qui mâche le travail du joueur qui ne sera jamais coincé longtemps.


Oui, j'ai été content de retrouver Poirot. L'ambiance jazzy est pas mal. Les graphismes cartoon aussi. Mais c'est vraiment un point & click grand, grand public qui a un peu trop tendance à prendre les gens pour des teubés même si, il faut le reconnaître, ça n'est jamais très agréable de se retrouver coincé et dieu sait que ça m'est arrivé dans mon enfance à une époque où les soluces étaient rares et où Interner n'existait pas encore. Au moins, ça m'a donné envie de fouiller dans mon grenier et de relire les livres. Qu'on ne s'y trompe pas, certains sont de véritables pépites (pas forcément les plus connus d'ailleurs), et la mécanique n'a pas pris une ride aujourd'hui.

Incertitudes
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le 7 nov. 2017

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