Temps de jeu : 10 heures
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#122]
Disponible à l’achat sur le Nintendo eShop depuis le 28 février 2019, Ape Out est un titre développé par Gabe Cuzillo. Sous la tutelle de Devolver Digital, éditeur pour lequel il a également réalisé Baby Steps, il nous proposait alors un jeu d’action tout en vue de dessus, rappelant Hotline Miami à bien des égards. Dans la peau d’un gorille captif, le joueur devra traverser de nombreux tableaux pour retrouver sa liberté volée. Un titre très stylisé et baignant dans une bande-son jazzy, à acheter pour un peu moins de quinze euros.
Ape Escape
Au travers de quatre albums différents, lesquels agissent comme des mondes composés de plusieurs pistes musicales (ou niveaux), le primate devra traverser couloirs, étendues dégagées et autres labyrinthes plongés dans l’obscurité, le tout généré procéduralement à chaque nouvelle partie. Sur son chemin, nombre de gardes tenteront de l’abattre, mais le gorille possède puissance et intelligence. Non content de repousser ceux qui le chassent pour les exploser contre une paroi, il pourra en effet en attraper un pour s’en servir de bouclier humain ou d’arme à distance. Les gardes, équipés de revolvers, fusils, mitraillettes, snipers et autres lance-roquettes, peuvent en effet tirer sur leurs alliés. Particulièrement costaud, le héros simiesque peut arracher des portes blindées pour se protéger des balles, avant de les envoyer écrabouiller ceux qui lui font face. Le gameplay d’Ape Out est simple, mais la difficulté est bien dosée. Qu’on y aille en frontal ou de manière plus sûre, la réussite et l’échec ne nous ont jamais paru immérités. Les gardes ne tirent pas dès qu’ils nous voient, et le gorille peut encaisser jusqu’à trois coups, sa vitesse de déplacement augmentant avec les dégâts subis.
Côté technique, rien à redire sur le titre de Devolver Digital. En mode portable ou sur téléviseur, l’action ne souffre jamais d’un framerate défaillant ni d’un manque de lisibilité. Une grande clarté en partie due à la direction artistique, à la fois très marquée et minimaliste. De grandes lignes de fuite accompagnent les murs et autres piliers composant les environnements, le tout teinté d’une couleur prédominante, à laquelle on aurait ajouté un filtre simulant un film au grain épais. Un style que certains ont rapproché, à raison, de celui du graphiste américain Saul Bass. Des visuels qui peuvent paraître simplistes, mais dont la superbe réalisation reste en réalité difficile à atteindre pour ne jamais perdre le joueur dans des environnements et un code couleur assez basiques. On apprécie davantage encore la bande-son, quasi exclusivement jouée par une batterie typique du jazz, dont les percussions accompagnent les puissants coups portés par le gorille. « Absolute cinema », comme on dit.
Conclusion
Bourré de qualités, il n’est pas étonnant de qualifier Ape Out de jeu unique en son genre. S’il emprunte volontiers des idées de gameplay à Hotline Miami, il parvient toutefois à façonner sa propre identité à l’aide d’une direction artistique singulière et de quelques bidouilles dans son game design. S’il faut relever quelques défauts qui l’empêchent d’être un incontournable, on n’hésitera pas à pester sur la précision des actions du gorille, lesquelles manquent parfois de justesse dans leurs hitbox. C’est aussi du côté du prix demandé que les potentiels acheteurs peuvent être rebutés : quinze euros, c’est abordable, mais pour une durée de vie de deux à trois heures, c’est un poil plus compliqué. Il y a bien un ultime niveau et un mode Difficile permettant de revisiter les différents albums pour augmenter – artificiellement – ladite durée de vie, et à moins de viser le speedrun du titre, on comprend qu’il s’agit là d’un éventuel frein à l’achat. Pour le reste, c’est du tout bon.