Brothers: A Tale of Two Sons
7.4
Brothers: A Tale of Two Sons

Jeu de Starbreeze Studios et 505 Games (2013PlayStation 3)

Je n'ai pas attendu Brothers. Pourtant, j'attends beaucoup de jeux indé, et si certains échappent forcément à mon radar, je repère la plupart de mes coups de cœurs avant qu'ils soient célébrés par la presse ou les joueurs. Mais Brothers, non. Pourtant, j'ai suivi son annonce, avec sa petite démonstration de gameplay. Pourquoi pas, m'étais-je alors dit. Mais pas de paysages de fous, ni de pate artistique démentielle ou de concept génial, point de faune ou de flore pour me faire rêver. Aussi ai-je guetté sa sortie, mais sans m'y intéresser outre mesure. Et quand le jour J arriva, ce fut la déferlante : presse comme joueur, tout le monde semblait béat devant le jeu. Alors bon, forcément, ça m'a donné envie... Et quelques mois plus tard, nos routes se sont enfin croisées.

Si le prologue est convenu, j'ai pris ma première petite baffe dans le chapitre 1 : mais, mais... c'est Hobbitebourg ! Oui, oui, celui-là même du Seigneur des Anneaux. Et une fois sorti du village... mais bordel, ce sont les champs du père Magottte !! Indéniablement, l'univers de Brothers est très, très largement inspiré de celui de Tolkien. Mais genre vraiment : quasiment chaque chapitre fait selon moi référence aux ouvrages du Monsieur, la ressemblance la plus flagrante étant avec Bilbo. Sérieusement, même pas besoin d'avoir lu le livre, si vous avez fait le Bilbo sorti sur PS2 il y a quelques années, c'est suffisant : certains passages sont terriblement ressemblants. Alors la montagne (sur et sous), les loups dans la forêt noire, les trolls, les géants, etc. Mais loin d'être une tare, cette ressemblance est du pain béni pour un fan comme moi, et cela suffit pour que le jeu triple ses points de charisme.

Alors, exactement comme dans la quête de Bilbo, on commencera par s'élancer sur le chemin, farceur et joyeux. Puis les choses se complexifieront, et alors l'aventure dévoilera des côtés plus sombres. Cette transition est très bien amenée et pertinente. Ainsi, l'univers nous recèlera moult surprises et paysages magnifiques, comme le cimetière des géants ou l'aurore boréale, vraiment saisissants de beauté.

Malheureusement, et ainsi viennent les points négatifs, les modélisations, souvent très grossières, associées à des textures faiblardes et à un l'aliasing délirant viennent ternir certains panoramas. Pour en finir avec l'aspect technique, le jeu a le framerate le plus tragique que j'ai vu depuis longtemps, avec des chutes réellement énormes et ultra-gênantes, et accuse de déploiement de textures calamiteux : si lors d'une cinématique (en temps réel) la caméra décide de nous montrer la chambre du père, dans le village de départ, les textures n'ont même pas le temps de toutes apparaître qu'on est de retour avec les deux frères ! Enfin, un bug à la fin du chapitre 2 m'aura obligé à le recommencer. Ce bug est bien connu et, 6 mois après la sortie du jeu, je trouve ça assez hallucinant qu'un patch n'ait toujours pas été proposé.
Que le jeu n'ait pas une grosse technique, je m'en fiche totalement, mais certains des défauts suscités m'ont des fois réellement gênés, et à titre personnel il est rare que des défauts techniques me gênent ainsi de nos jours.

Ensuite, si le gameplay est assez original (un stick et une gâchette par perso), et le level design associé vraiment bien pensé, certaines incohérences m'ont laissé pantois : le petit ne peut pas actionner un levier ni porter le grand, mais accroché à une corniche minuscule au-dessus du vide, son frère peut se balancer au bout d'une corde accrochée à son torse sans problème ? Une fois les dix minutes passées à utiliser la corde, qui leur fut plus qu'utile, ils... la jettent, sérieusement ?? Idem, autant les personnages font des fois des sauts de géant, autant il arrive qu'ils ne puissent pas franchir un tout petit trou / obstacle. Très frustrant, et cela nous amène à un autre reproche : la très grande linéarité et facilité du jeu. C'est bien simple, à part une ou deux interactions par-ci par-là, rien ne pourra nous détourner de notre chemin. Et vu la richesse de l'univers, c'est un peu dommage. La linéarité entraîne par conséquent la facilité : vu qu'il faut toujours aller tout droit, les énigmes ne durent jamais bien longtemps.

Dernier défaut gênant, et pas des moindres : les cris des deux garçons m'ont tellement, mais alors tellement saoulés. Je ne suis pas contre des voix qui ne veulent rien dire, loin de là : un de mes jeux préférés reste Rayman 2, et j'ai toujours adoré son dialecte, qui est juste parfait. Ici, les "ah ah ah", "oh oh oh" et autres "AHI AHI AHI" vont bien 5 minutes, mais à certains moments c'est juste horrible. J'ai eu la chance durant ma jeunesse (...) de voir certains paysages extraordinaires, souvent vierges de toute trace humaine, dont certains ressemblent à ce que l'on peut apercevoir dans Brothers. Et honnêtement, quand on est devant une telle grandeur, une telle magnificence, on reste debout, le visage dans le vent, immobile, à contempler la toute puissance de Mère Nature. Et le dernier, mais alors le dernier truc qu'on fait, c'est de s'écrier "ah ah oh oh ahi ahi oh oh ahi MAIS PUTAIN TA GUEULE LAISSE MOI PROFITER DU PAYSAGE ET DE LA MUSIQUE BORDEL DE BORDEL DE MERDE. Voilà, désolé, il fallait que ça sorte. Mais la conséquence de ce ras-le-bol des cris des personnages principaux se paye au prix fort : la fin du voyage ne m'aura nullement ému. Tout ça était prévisible, et prévu. Et en l'ayant prévu, je n'étais pas assez attaché aux personnages et à leur histoire pour ressentir des full emotions, comme dirait David Cage. Et j'en suis le premier attristé.

Au final, si j'ai été assez virulent dans cette critique, il ne faut pas oublier qu'elle est proportionnelle à ce que j'ai pu attendre de ce Brothers. Néanmoins, s'il aura échoué à m'émouvoir, Brothers m'aura le temps de quelques heures fait vivre une très belle aventure aux relents de Terre de Milieu, une superbe épopée que je n'oublierai pas. Et puis y'a des baleines. Et des tortues. Et des poissons. Des poissons !!
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le 19 févr. 2014

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