Dans la catégorie "Je vends du contenu additionnel sous forme de disque pour une vingtaine d'euros en 2008*", Electronic Arts met en jeu sa dernière carte chez la licence de Command and Conquer : la Fureur de Kane, jouable seulement si le troisième volet de la série Tiberium est installé. L'achat en vaut-il la chandelle ?

Ce titre se focalise sur la figure de cette série, l'indéboulonnable Kane, revenu de parmi les morts (une nouvelle fois), après les évènements de Soleil de Tiberium : Missions Hydre. Il s'agit donc d'une sorte de "prequel" avant l'histoire de Command and Conquer 3, avec un avant goût du prochain volet par un troisième chapitre de la campagne solo amorçant l'avènement des machines et la récupération de l'artefact alien convoité dans Soleil de Tiberium, le Tactitus.

Ainsi, durant cette campagne, Kane vomit toute son aversion envers le GDI en mobilisant les "opprimés du Tiberium" des zones contaminées, en passant par l'exécution de nouveaux traîtres (Marcion, Kovacs), dont on se demande si Kane a un jour retenu la leçon depuis Seth de Command and Conquer 1 qu'il vaille mieux diriger en main propre la faction plutôt que de la déléguer à des renégats et autres fanatiques de seconde zone, tout cela jusqu'à l'activation des cyborgs enfouis dans les terres sibériennes.
D'une manière très maladroite, quelques unités vulgairement supprimées dans Command and Conquer 3 ont été réintroduites dans ce disque additionnel. Le retour du Wolverine (Lycaon en français) et du Titan, ou encore du Désintégrateur au design retravaillé, sont justifiés par le "prequel" mentionné dans la campagne solo. Même Cabal, l'intelligence artificielle du NOD, joue un rôle majeur dans cet épisode. Une série d'incohérences qui peut ravir les fans de l'ambiance futuriste de Soleil de Tiberium.

Si le gameplay est identique à Command and Conquer 3, l'ajout de factions secondaires à chaque coalition (GDI, NOD et les aliens) procure quelques alternatives jouissives, comme la Main Noire du NOD, qui focalise son armement sur les armes lance-flammes pour des offensives terrestres dévastatrices, ou encore la Domination-59 des Scrins, utilisant une technologie de contrôle mental avancé, similaire à l'armement de Youri dans Alerte Rouge 2. En outre, apparaissent des super-chars, pouvant intégrer des unités d'infanterie et balayer les bases adverses et possédant des compétences propres : par exemple, le super-char du GDI peut récolter le Tiberium en roulant dessus.
Avec un total de neuf factions, les parties gagnent en complexité et peuvent donner lieu à de jolies combinaisons sur des parties en ligne.

A cela, un autre mode stratégique a fait son apparition : la conquête globale. Jouant une de trois factions, le but est d'affronter les ennemis aux quatre coins de la Terre et d'assouvir sa domination, soit en annihilant toutes les bases adverses, soit en remplissant les objectifs secondaires propres à chaque faction (une majorité de grandes villes sous insurrection maximale, par exemple). Un mode très inspiré du jeu de société Risk à la sauce Tiberium qui, malheureusement, n'est pas accessible en ligne. L'intelligence artificielle, même en mode Facile, peut démolir les bases du joueur s'il n'est pas assez agressif ni rapide dans ses actions. Il est tout à fait possible de jouer les confrontations en temps réel, à la manière d'une partie en Escarmouche, ce qui peut faire pencher la balance selon les troupes et le niveau de l'IA en face.

L'ennui, c'est que malgré l'ajout de contenu plutôt réjouissant dans ce Command and Conquer, c'est un ensemble qui aurait pu tout à fait figurer dans C&C3 sans besoin de prendre les consommateurs pour des vaches à lait. Mais étant donné que cette méthode a été pratiquée de manière abusive pour quasiment tous les épisodes de cette série, la seule façon d'y profiter est d'attendre que les deux titres soient sortis et d'acheter le pack, souvent vendu pour moitié prix du jeu original.

Résultat : la Fureur de Kane est un très bon Command and Conquer grâce à la variété des unités et des factions et le mode Conquête Globale rallonge la durée de vie de manière intelligente. Mais la maladresse des développeurs quant à la réintroduction des unités de Soleil de Tiberium et la politique de vente d'Electronic Arts rendent ce titre dispensable.

Au moins, ce n'est pas Command and Conquer 4.

*Command and Conquer : Alerte Rouge 3 : Uprising est jouable sans possession d'Alerte Rouge 3, ce qui est un léger plus comparé aux anciens disques additionnels où le joueur est forcé d'acheter des copies supplémentaires pour remplir les poches d'EA.
Slade
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le 21 sept. 2011

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