Le Désespoir est contagieux, vous savez. C'est comme un phénomène naturel. Tout le monde peut tomber dedans.



Kibôgamine Gakuen (L'Académie du Sommet de l'Espoir), un lycée qui regroupe tous les jeunes prodiges qui sont l'espoir du futur.
Naegi Makoto, bien qu'il ne possède aucun talent particulier, est sélectionné via une loterie comme étant l'Ultime Élève Chanceux, il se prépare donc à faire sa rentrée dans l'imposant établissement. Mais à peine fait-il un pas dans l'académie qu'il est pris de vertiges et s'évanouit pour se réveiller quelques temps plus tard dans une salle de classe avec quatorze autres adolescents qu'il ne connaît pas.
C'est alors que Monokuma, un étrange ours en peluche électronique, fait son apparition et explique qu'il est le directeur du lieu et qu'il souhaite que chacun des élèves ici présent s'entretuent sans se faire démasquer. Si le coupable est démasqué durant le Tribunal de classe, lui seul sera exécuté. Si il n'est pas démasqué, tous les autres seront exécutés tandis que lui seul pourra s'enfuir de ce lieu.
Tout cela semble absurde aux quinze jeunes gens qui refusent de coopérer et exigent des explications mais ils seront bien vite dos au mur et n'auront d'autre choix que de cohabiter en attendant que les secours arrivent... ou non.



Le Concept Ultime



Le jeu apparaît donc comme étant un survival game, mais l'on se rend rapidement compte qu'il diffère pas mal des autres productions du genre.


En effet, Danganronpa se veut avant tout être décalé avec des personnages excentriques et des dialogues qui ne manquent pas d'humour, et malgré l'ambiance assez lourde (notamment à cause du huit clos), le gore n'est pas réellement de mise, ou tout du moins ce n'est pas ce qui est le plus mis en avant (comme peut en témoigner le choix cocasse de faire apparaître le sang en rose fluo par exemple).


Ainsi, on suivra donc la vie de tous les jours des quinze personnages enfermés dans l'académie qui vont devoir apprendre à se faire confiance. De nombreux mystères entourent leur situation et on les éclaircira avec eux au fil de l'intrigue.


Les tribunaux sont très intéressants malgré la redondance du système de jeu (Quotidien des personnages > Découverte du meurtre > Enquête > Tribunal de classe). En effet, les meurtres sont tous très différents et se passent dans des cadres variés et les meurtriers et victimes sont peu anticipables tant les stratagèmes de chaque meurtre sont compliqués et tiennent à du détail. On peut d'ailleurs remarquer que toutes les conversations, même les plus banales, auront un rapport direct avec les meurtres. Le récit est donc très bien géré, d'autant plus que les discussions sonnent toujours naturelles.


On peut également souligner le côté au final très "humain" de Danganronpa qui, loin de se contenter de mettre en scène des adolescents qui s'entretuent, préfère montrer un groupe qui au contraire cherche à s'en sortir et où les meurtres seront au final plus le fruit de mauvaises circonstances que d'une réelle envie de nuire. La majorité des histoires liées aux meurtres seront généralement assez tristes et touchantes, les meurtriers étant souvent eux-mêmes victime de leur propre impuissance face à la situation, ce qui au passage permet de rendre crédible l'absence de meurtre outrageusement violent ou réellement gore.


La fin du jeu sera pour le moins surprenante car tout bonnement impossible à deviner tant le concept du jeu est tiré par les cheveux (comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs mais on comprend bien vite que Danganronpa se veut avant tout dérisoire et qu'il ne faut parfois pas trop creuser) mais réellement accrocheur. La conclusion ouverte donnera rapidement envie de s'intéresser à la suite de la licence qui semble encore avoir beaucoup à raconter.



La Classe Ultime



Les personnages sont très nombreux mais ont tous la même importance, c'est pourquoi je les présenterai tous assez succinctement afin de ne pas spoiler les éventuels sacrifiés en route (car comme vous vous en doutez, qui dit survival dit mort de certains personnages).
Nous trouverons donc :


Naegi Makoto (Chanceux Ultime) : C'est le héros que nous dirigeons. Garçon discret et gentil mais plutôt banal qui se distingue malgré tout quelque peu par son optimisme.


Maizono Sayaka (Idol Ultime) : Fille aimable et toujours souriante qui aime plus que tout le groupe d'idol dont elle fait partie. Elle a souvent l'habitude de dire qu'elle est télépathe mais personne ne sait si elle plaisante ou non.


Kuwata Leon (Joueur de Baseball Ultime) : Garçon dynamique et ouvert qui rêve de faire carrière dans la musique.


Kirigiri Kyôko (??? Ultime) : Fille solitaire et assez froide qui ne parle que lorsque c'est nécessaire mais qui possède un bon esprit de déduction. Elle semble cacher bien des secrets...


Togami Byakuya (Héritier Ultime) : Garçon fier et arrogant qui refuse de se mélanger aux autres. Il est cependant très intelligent et cultivé.


Yamada Hifumi (Auteur de Dôjin Ultime) : Garçon fantasque qui ne jure que par le virtuel mais qui est toujours motivé et prêt à aider.


Ôwada Mondo (Bôsôzoku Ultime) : Loubard qui monte vite sur ses grands chevaux. C'est malgré tout quelqu'un de droit et intègre.


Fukawa Tôko (Romancière Ultime) : Fille discrète et lugubre qui a un gros complexe d'infériorité et qui vit plus ou moins dans son monde.


Celestia Ludenberg [Céleste] (Parieuse Ultime) : Fille posée à l'esprit vif qui s'adapte très rapidement aux nouvelles situations.


Asahina Aoi (Nageuse Ultime) : Fille enjouée et toujours pleine d'énergie. Elle prend la mouche assez vite en revanche et peut-être parfois assez naïve.


Ishimaru Kiyotaka (Chargé de Discipline Ultime) : Garçon toujours à fond, droit et franc, qui respecte et fait respecter les règles à la lettre.


Ôgami Sakura (Combattante Ultime) : Fille à la force et au physique imposant qui lui vaudront son surnom "l'Ogre". Elle parle et sourit peu mais c'est quelqu'un sur qui on peut compter.


Hagakure Yasuhiro (Voyant Ultime) : Garçon assez simplet qui vit à son rythme et qui a tendance à faire la conversation à lui tout seul. Il a dû retaper trois années d'école pour des raisons inconnues.


Enoshima Junko (Gyaru Ultime) : Fille boute-en-train bien qu'un peu m'as-tu-vu mais qui a du cran et n'a pas sa langue dans sa poche.


Fujisaki Chihiro (Programmeuse Ultime) : Fille extrêmement timide qui se fait le plus discrète possible. Elle est très gentille.


Monokuma : Ours en peluche mécanique et diabolique qui ne manque pas d'humour (noir) et de créativité pour forcer les élèves à s'entretuer.


Ainsi il y a toute une panoplie de personnalité avec parmi elles les irréductibles stéréotypes tel notre héros Naegi qui possède peu de caractéristiques et de personnalité afin que le joueur puisse s'identifier facilement à lui, mais également la racaille, la loli, la fille froide, etc. Cependant le ton décalé du jeu permet de les rendre moins prévisibles, et l'on trouve également parmi eux des personnages plutôt originaux comme Celestia ou bien Fukawa ou encore la mascotte Monokuma définitivement atypique entre ses blagues douteuses et son attitude aussi mignonne qu'inquiétante.
Cependant d'une manière générale, je dirai que les personnages sont assez inégaux. Il y en a auxquels on accroche tout de suite, tandis que d'autres sont tellement peu attachant qu'on se fiche un peu de les voir mourir. Je trouve aussi que bien qu'il y ait eu un effort pour créer un background à chacun d'eux, certains sont peu intéressants si l'on ne prend pas le temps de faire les Free Time qui développent leur passé. À ajouter à cela le fait que, à l'inverse d'autres œuvres du genre, le groupe de protagonistes ne se fait absolument pas confiance avant la bonne grosse moitié du jeu, ça plus le fait de savoir qu'ils peuvent mourir à tout moment n'aide pas à se sentir plus impliqué pour un élève que pour un autre. Malgré tout, la plupart des personnages restent convaincants et sont au final assez amusants voir touchants si on prend le temps de se rapprocher d'eux, la majorité, bien que classiques, étant relativement bien écrit.



Le Jugement Ultime



En dehors de cela, Danganronpa se démarque des autres jeux sur plusieurs points qui viendront lui donner sa propre identité.


La chose qui saute le plus aux yeux est sans conteste le chara design qui est assez peu conventionnel avec ses contours très appuyés, ses yeux perçants et ses coupes de cheveux totalement improbables, à tel point qu'il faudra un temps d'adaptation. Les expressions très exagérées voir super drôles peuvent également surprendre mais en bien finalement.
En dehors de ça (malgré une amélioration certaine au fil des nombreux remaster) l'aspect du jeu ne sera pas de la plus grande qualité (le tout est assez sombre, les pièces à explorer plutôt convenues et peu interactives dans l'ensemble et l'aspect général relativement cheap), certes, mais la direction artistique viendra contrebalancer ça avec donc ces chara design mémorables, son sound design hilarant ou bien encore la mise en scène particulièrement immersive des tribunaux avec ses divers zoom et ses indices en forme de balle de pistolet qui foncent sur les personnages durant les Tribunaux. Le côté "silhouette en PLV" pour représenter les personnage est également assez amusant.
Bref, une patte graphique particulière mais qui permet au jeu d'être reconnaissable immédiatement.


L'OST est là aussi assez atypique avec ses sons électro dubstep et son style très jeu vidéo bien que la plupart des musiques ressemblent surtout à des musiques d'ambiance. Le thème principal est particulièrement efficace et permet de bien rythmer les tribunaux. On regrettera juste quelques pistes un peu trop discrètes lors des phases d'exploration principalement.


Une autre qualité de Danganronpa est son humour omniprésent et assez incisif qui adopte un faux ton bon enfant pour parler de sujets assez... controversés voir plutôt glauques. On peut le voir notamment via les exécutions des meurtriers qui sont souvent aussi dérangeantes que délirantes (y'en a quand même un qui a tellement fondu qu'il s'est fait reconditionner en brique de beurre, toi même tu sais). On notera aussi les innombrables références à la pop culture qui viennent parfois même casser le quatrième mur, rendant le tout généralement hilarant (même si il est vrai qu'il faut posséder une certaine connaissance du genre anime/ manga pour parvenir à rentrer dans le délire, le jeu ne se cachant pas d'être destiné aux otaku).


Le "concept" de l'histoire basé sur l'Espoir et le Désespoir quant à lui est assez inédit (et il faut le dire, capillotracté) et jusqu'à la fin on a vraiment du mal à deviner ce qu'il se passe (bon il faut dire que les indices se font un peu prier aussi...).


Venons-en au système de jeu qui se divise, comme dit plus haut, en plusieurs parties qui se répéteront à chaque nouveau chapitre.


On commence par la partie Daily Life (soit la Vie quotidienne) où on démarre la journée sous forme de visual novel, c'est à dire des sprites accompagnés de dialogues à faire défiler. Ça sera la partie principale du jeu qui sera extrêmement bavarde mais qui nous permettra de faire connaissance avec les divers lieux et personnages. Cette partie sera généralement entrecoupée de quelques Free Time (Temps libre) nous permettant de discuter en privé avec un personnage de notre choix afin d'en apprendre plus sur son histoire, le but étant de le faire plusieurs fois pour débloquer l'affinité maximum et remporter divers bonus.


Ensuite vient la partie Deadly Life (soit l'Enquête autour du meurtre) qui démarre chaque fois qu'un corps est découvert. Dans cette partie, avec l'aide du Monofile (un dossier donné par Monokuma contenant des informations précises sur le meurtre comme la cause du décès entre autre), nous faisons le tour des différentes pièces afin de dénicher des indices à rassembler avant le Tribunal de classe qui va avoir lieu afin de trouver le coupable. À noter que des nouvelles salles de l'école se débloquent à la fin de chaque tribunal.


Et enfin on termine bien évidemment avec la partie Class Trial (soit le Tribunal de classe) qui se fera sous forme de discussions et débats entre les différents protagonistes qui mettront en commun les preuves qu'ils ont pu récupérer et ainsi débusquer le criminel du jour.
Chaque tribunal est divisé en plusieurs phases qui se font là encore sous forme de visual novel et/ou de mini-jeux.
Dans la phase Non-stop Debate (Débat continu), les personnages discutent sans interruption et nous devons rebondir grâce à nos connaissances et nos différentes preuves sur ce qui est dit (les différents dialogues important s'affichent en couleur afin de mieux nous aiguiller) afin d'infirmer ou confirmer le propos et ainsi avancer dans la résolution du meurtre, tout cela dans un temps imparti. Pour rebondir sur les dialogues, le joueur dispose de Truth Bullet (Ballindice) qui permettent de tirer sur le dialogue choisi afin d'apporter son propre argument ou contre-argument. À certains moments, des faux dialogues viendront gêner le joueur, il faudra s'en débarrasser en tirant dessus avec des Bullet ordinaires (les Truth Bullet faisant perdre des points).


Il y a de temps à autre des phases de mini-jeu comme celle du Hangman's Gambit (Pari du Pendu) où l'on tire sur des lettres apparaissant à l'écran afin de former un mot précis pour débloquer un nouvel indice (toute erreur nous enlevant du temps). Également celui du Bullet Time Battle (Duel de balles temporelles) qui se lance lorsqu'un personnage refuse d'entendre votre argument. À ce moment-là vous entrez en duel avec lui et il vous faudra appuyer en rythme avec les mots qui apparaissent à l'écran, ce qui aura pour effet de baisser la vie de votre opposant qui finira par abandonner.


La phase suivante du Tribunal est le Closing Argument (Plaidoyer de fin) où, une fois tout le meurtre élucidé, il vous faudra remettre les cases d'une BD récapitulative dans le bon ordre afin de classer l'affaire.
La phase finale est celle du Punishment Time (l'Heure de la punition) où, une fois le vote contre le coupable clôt, celui-ci se fera emmener par Monokuma afin de subir une punition mortelle (montrée sous forme de cinématique) devant les yeux hagards des personnages survivants.


Ainsi, le déroulé du jeu reste très linéaire tout du long mais la qualité du scénario vient pallier à cela. Les tribunaux peuvent paraître très longs avec l'abondance de texte (comptez entre 45 minutes et 1h30 par tribunal) mais sont efficacement rythmés par la mise en scène et les quelques mini-jeux (bien que ceux-ci se révèlent assez simples). De plus ils sont généralement assez instinctif, en effet le jeu nous oriente pas mal pour ne pas être bloqué ou oublier quelque chose, ce qui évite de trop patauger même si l'on ne comprend pas vraiment où le débat veut en venir.
Le jeu sait donc rester interactif malgré sa longueur (une trentaine d'heures en moyenne), le seul frein à celui-ci pouvant néanmoins être l'absence de version française officielle, le jeu n'étant disponible qu'en anglais ou en japonais sous-titré anglais (notons tout de même la qualité du doublage anglais comme de la traduction cependant), bien que des fantrads françaises restent disponibles sur le net.



Le Survival comique Ultime



Au final, Danganronpa: Trigger Happy Havoc est un jeu qui a su se rendre original malgré son concept à première vue très convenu.


Il est vrai qu'il peut être parfois assez lent ou répétitif si l'on a du mal avec le principe très linéaire du visual novel mais les excellentes enquêtes et les dialogues burlesques réussissent à nous tenir en haleine.
De plus la fin ne décevra pas, bien qu'elle oblige malheureusement à jouer aux opus suivants afin de connaître le fin de mot de toute cette histoire.


Merci d'avoir lu cette critique. Vous pouvez retrouver celles des autres opus sur mon profil.

DuotakunoSora
8
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le 13 déc. 2021

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Duotaku_no_Sora

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