TL;DR version :
Au fond, la série Dark Souls peut s'apparenter à un road-trip :
- Le 1er est le road-trip à l'arrache et sans le sou qu'on fait quand on est jeune. Le plus impitoyable, mais de loin le plus gratifiant et le plus surprenant.
- Le 2nd est un road-trip organisé par une agence de voyage. Appréciable mais frustrant et trop accessible pour exciter la personne en quête d'aventure.
- Le 3eme est l'ultime road-trip, une fois adulte et blindé de thune. Plus vaste, plus ambitieux, plus majestueux, avec des retours aux lieux emblématiques du tout premier road-trip pour se rappeler les bons souvenirs et un chouilla moins surprenant. De la frustration de se dire qu'on ne revivra probablement jamais la même surprise qu'au début, mais l'impression d'en arriver à une belle conclusion, à cette finalité dont on n'espérait pas forcément voir le bout initialement.
Version longue :
Après avoir terminé Dark Souls III, comme beaucoup d’autres joueurs, j'ai fait un terrible constat : plus jamais je ne pourrai revivre la même expérience que j’ai eu en découvrant chaque épisode des Souls. Et cet ultime opus est quasiment la meilleure manière de la conclure, du moins selon ce qu’on pouvait y attendre.
J'en attendais le retour d'un univers ainsi que d'un level-design vaste, riche et d'une extrême cohérence géographique. Des panoramas qui vous montrent aussi bien ce qui nous attend que tout le chemin parcouru pour parvenir jusque là. Je l'ai eu, même si le level-design est moins vertical est tortueux (la faute aux points de téléportation),
J'en attendais le retour des boss impressionnants, intimidants, fascinants aussi artistiquement que scénaristiquement, et de la difficulté qui va avec. Je l'ai eu.
J'en attendais le retour des musiques marquantes, qui vous prennent aux tripes et vous font rappeler des jours plus tard chaque moment qui les accompagnent. Je l'ai eu (bien que moins variées que dans le 1).
J'en attendais une réponse à mes craintes, en voyant une jouabilité nettement plus rapide, bourrine et potentiellement moins exigeante, dont l'influence vient évidemment de Bloodborne. J'ai eu réponse et soulagement. Le jeu n'est pas plus facile. Il est juste plus accessible.
Là où je ne m'attendais pas, ce sont tous ces clins d'œil, ces liens avec les précédents opus de la série, Demon's Souls compris. Dark Souls III assume pleinement son côté maxi-best-of, ainsi que son lien scénaristique bien plus explicite avec Dark Souls I que ce que Dark Souls II avait fait (ou plutôt, n'avait pas fait) à l'époque.
Pour être tout à fait franc, cette surabondance de fan-service m'a beaucoup gêné. Comme si l'auteur, en revenant reprendre les rennes de la série, a voulu contenté ses fans en leur servant tout ce qui les avait marqué. De ce constat naissait un léger manque d'originalité, de démarquage alors que le second opus avait le mérite de proposer un scénario qui était limite indépendant de son prédécesseur. Elle apportait aussi un certain nombre de réponses à la plupart des interrogations soulevées auparavant, là où une des forces de la série repose sur les non-dits et l'interprétation faite par les joueurs eux-mêmes de ce qu'ils découvraient.
Une bonne dizaine d'heures de jeu plus tard, Dark Souls III parvient malgré tout à se démarquer, à proposer ses propres moments mémorables, et à faire passer ses nombreux "pompages" aux précédents jeux à des moments de nostalgie qu'on savoure. Comme si, bien qu'en voulant une histoire propre à la saga, une part de moi-même voulait quand même retrouver ce qui m’avait marqué auparavant, une certaine drogue que j’aurais pas pu apprécier de la même manière en refaisant le premier jeu.
Après avoir battu le boss final, après avoir regardé défiler le crédit de fin, j’ai ressenti une certaine mélancolie, un vide. Il n’y aura plus de nouveau Dark Souls (à priori), plus d’occasion de revivre ce sentiment de gratification comme la série a toujours réussi à accomplir. Je ne sais toujours pas si j’aurais préféré une histoire propre au jeu (comme l’a fait Dark Souls II) ou avoir cette dépendance scénaristique avec Dark Souls I qui rend le jeu plus difficile à se démarquer. Je pense que c’est la raison pour laquelle Dark Souls III n’est pas mon opus favoris. Néanmoins, c’est aussi la raison pour laquelle ce jeu défonce sa race, grave.