Death Stranding premier du nom est un jeu que j’aurais dû détester, avec son côté ultra pompeux et prétentieux (à l’image de son créateur, dont je n’ai jamais été un grand fan), ses dialogues souvent inintelligibles et son système de jeu, dont l’essentiel se résumé à réaliser des quêtes Fedex, qu’on pourrait à très juste titre qualifier d’anti-ludique. Et pourtant, l’ensemble m’a profondément embarqué, presque malgré moi. J’ai adoré incarner Sam / Norman Reedus dans cet univers si singulier, j’ai adoré me plonger dans cette Amérique en pleine perdition, j’ai adoré les musiques, les rencontres, l’ambiance, j’ai adoré lutter contre la nature et ses obstacles, j’ai adoré l’aide sociale en ligne, bref, j’ai vécu un voyage vraiment grandiose qui m’a fait tolérer tous ses défauts. J’étais donc très hype et curieux de voir ce qu’allait nous proposer cette suite, qui a d’ailleurs curieusement été « réécrite » après la pandémie de Covid.
Une première remarque, pour mettre les choses au clair : non, je ne pense pas que Death Stranding 2 soit accessible à ceux qui n’ont pas fait le premier. Il y a certes un petit résumé du 1 accessible dans le menu d’entrée, mais celui-ci fait plus office de « rappel » nécessaire après 5 ans écoulés depuis le dernier jeu, et passe sous silence les principaux twists du tout premier Death Stranding. Donc, si vous n’avez pas joué au 1, faites le avant de faire le 2 : de toute façon, le 1 est moins cher, disponible aujourd’hui en édition « Director’s Cut » sur PS5, le principe de jeu reste à peu près le même, et si vous n’avez pas aimé le 1, vous n’aimerez pas le 2, alors à quoi bon.
Parce que oui, bonne nouvelle : j’ai retrouvé dans Death Stranding 2 toutes les choses que j’ai le plus aimé dans le 1. En premier lieu : la beauté du voyage. L’action se situe cette fois principalement en Australie, et, au moins autant que dans le 1, les panoramas sont grandioses et le dépaysement est total. La réalisation est irréprochable, et, encore une fois, une attention toute particulière a été accordée à la bande-son, avec cette fois-ci notre Woodkid national aux commandes. Vraiment, sans les musiques, le jeu n’aurait pas été le même : là encore, j’ai pu retrouver ce sentiment de plénitude une fois que chaque grosse mission de livraison est sur le point de s’achever et que s’ouvre alors une délicieuse musique d’ambiance qui vient en récompense, apothéose d’un triste et beau voyage. Du grand art. Quel plaisir également de retrouver ce fabuleux système d’aide en ligne : comme dans le 1, une fois une région « connectée », le jeu se transforme en réseau social dans lequel on peut retrouver des traces ou des aides d’autres joueurs du monde entier. Une idée de génie qui n’a pas pris une ride. Et encore une fois : à côté de tout ça, les quelques phases d’actions (avec, cette fois-ci, une dimension « infiltration » optionnelle) m’ont moins emballé que le reste mais ont le mérite de réveiller un peu le jeu, d’ajouter de l’enjeu et de m’avoir fait d’autant plus apprécier les moments de sérénité.
Je lis partout que cette suite serait plus facile et plus « mainstream » que le premier. Je ne suis pas d’accord : je pense que les gens qui écrivent ça ont eu ce sentiment parce qu’ils connaissent mieux le principe du jeu et ont été d’emblée plus à l’aise avec le gameplay, d’où l’impression d’une plus grande facilité. Mais en réalité, Death Stranding 2 comporte quelques missions de livraisons plus longues et plus compliquées que dans le premier et qui exigent une très bonne préparation, et certaines phases d’actions ne sont pas si évidentes – les combats contre Neil, surtout, sont difficiles.
Bien sûr, Death Stranding 2 est aussi un jeu qui mise aussi beaucoup sur son histoire, ses personnages et son ambiance. Là encore, les cinématiques comptent parmi les plus travaillées que j’ai vues dans un jeu vidéo, avec un casting très classe (Norman Reedus, Léa Seydoux, Guillermo Del Toro, Elle Fanning…) et beaucoup d’idées originales. Mais, honnêtement, le scénario n’est pas génial. Il est peut-être un peu plus clair que le premier, mais moins inspiré, et comporte quelques facilités présentes uniquement pour justifier et complexifier certaines missions (oh, zut alors, le vaisseau ne marche plus, bah désolé Sam, mais tu vas encore devoir traverser toute l’Australie en verticale sans notre aide, mais quelle poisse !). Et j’ai trouvé le twist final très prévisible, et m’a laissé sur une forte impression de « tout ça pour ça ».
Death Standing 2 est une suite encore plus difficile à évaluer que son prédécesseur. Si le concept du 1 ne vous a pas convaincu, passez donc votre chemin sans hésiter : ce n’est pas le rythme et le style du 2 qui vous convaincra davantage. De mon côté, j’ai apprécié, dans son ensemble, ce beau voyage vidéo-ludique, malgré ses longueurs et ses lourdeurs, mais j’ai tout de même forcément trouvé cette suite moins originale et moins marquante.