Après quasiment 70 heures de jeu, soit 20 de plus que pour le premier épisode, je termine enfin ce Death Stranding 2 : On the Beach. Il y aurait beaucoup de choses à dire mais je vais me contenter d'un très banal les plus et les moins.
Les + :
- l'univers est absolument fascinant et unique, dans la totale continuité du premier jeu avec une dose de fantaisie et de folie plus présente qui rappelle les grandes heures de Metal Gear Solid. C'est toujours aussi plaisant d'évoluer dans cet univers en étant à la fois beaucoup moins explicatif que dans le premier jeu donc laissant le gameplay et les cinématiques faire le travail, plus de "show" moins de "tell".
- la mise en scène est grandiose, d'abord dans les phases de jeu en jouant habilement avec la caméra, on découvre parfois des panoramas ou des grandes scènes de batailles impressionnantes. Mais aussi dans les cinématiques avec cette fausse caméra à l'épaule, marque de fabrique de Kojima depuis Metal Gear Solid V, qui nous plonge dans l'action de façon brutale.
- les livraisons sont toujours aussi satisfaisantes. Les nouvelles plateformes offrent des mécaniques très intéressantes même si au final on va se contenter de prendre la moto/trek au sol et placer des tyroliennes un peu partout pour les phases montagneuses. Ça reste très satisfaisant de parcourir la map totalement reconstruite en fin de jeu.
- la qualité technique est impeccable. Passé la claque de l'introduction, on évolue dans des décors à se crever la rétine, gros coup de cœur pour les zones montagneuses qui offrent un sentiment de liberté absolument dingue et que je n'avais jamais ressenti dans un jeu. Grosse réussite aussi du côté des zones de combat contre les mercenaires dans la Grève, quelques tableaux sont dingues (la zone de guerre avec les feux d'artifices notamment).
- la bande originale est très chouette notamment du côté des compositions de Woodkid
- beaucoup d'émotion notamment dans les dernières heures même si c'est parfois déséquilibré mais j'y reviendrai dans les aspects négatifs
- les surprises : les easter eggs, plot twists, fantaisies, cassage de 4eme murs et bien-sûr l'humour qui font le sel des jeux de Kojima
Les - :
- les phases d'infiltration sont décevantes, bien loin de MGS V qui frôlait la perfection. On finit souvent par sortir l'artillerie et abattre les ennemis un par un, ce qui prend beaucoup moins de temps.
- les phases de boss, ils sont beaucoup trop longs à battre et l'absence de "Game Over" rend le challenge très peu satisfaisant. Exemple : on affronte un mecha (peut-être parmi les meilleurs phases de gameplay dans un MGS), on va vider son artillerie en visant les points faibles, mais ça va prendre beaucoup de temps et être très répétitif (parfois une demi-heure). Forcément si notre vie atteint 0 à cause d'un coup un peu violent, on retourne dans la grève et on ressuscite au même endroit pour reprendre le combat comme si de rien n'était. Au final quand on arrive à bout du boss, on obtient une note médiocre parce que l'on a reçu beaucoup de dégâts mais on a absolument pas la satisfaction élémentaire que l'on aurait dans n'importe quel jeu vidéo. On a juste la désagréable sensation d'avoir mal fait le travail et qu'il faudrait repasser une heure pour en venir à bout avec une belle note.
- l'écriture des personnages féminins est assez ridicule et très caricaturale, les interactions dans le vaisseau sont absolument inutiles. Seul Fragile (Léa Seydoux) offre un rôle vraiment touchant.
- globalement l'écriture est assez déséquilibrée. Je pense que Kojima était très fort lorsque ses jeux étaient assez droits au but et étalés sur une vingtaine d'heure. Ici au lieu que la durée serve à vraiment étoffer l'histoire et donner une sensation d'ampleur, on a plutôt l'impression de suivre une histoire pensée pour tenir sur 20h mais étirée pour tenir sur 60h. Le milieu du jeu (entre 10 et 50h) est assez vide, peu d'intrigues secondaires vraiment intéressantes. En terme de plot twist j'ai été aussi habitué à mieux. Alors oui le coup de :
on était en fait manipulé depuis le début
on l'a déjà beaucoup vu chez Kojima, et c'était pas franchement à sauter au plafond. L'ensemble manque beaucoup d'impact et ce n'est pas les musiques omniprésentes qui arrivent à compenser cela.
- le backseat de Heartman pendant certaines phases, impossible à désactiver, est très agaçant
Globalement je donne quand même une belle note de 8 parce que j'ai pris beaucoup de plaisir à tout parcourir, c'est une expérience unique et une nouvelle façon d'aborder le jeu vidéo absolument fascinante. L'existence même d'un jeu AAA de ce type force l'admiration.
J'aurais tendance à juger un jeu en général pour ce qu'il dégage au delà du gameplay et de l'écriture. Death Stranding 2 fait partie de ces jeux imparfaits mais possédant une âme et une force rare où finalement l'expérience globale prime sur les défauts de gameplay de la même manière qu'un Silent Hill 2 ou un GTA IV.
Maintenant j'aimerais tout de même que pour un prochain épisode, un éventuel Death Stranding 3, Kojima peaufine son écriture pour vraiment revenir à ce qui faisait des MGS des jeux accessibles mais complexes qui se réinventent et s'auto-interrogent en permanence. Il faut continuer de choquer et jouer avec les attentes des joueurs pour mieux les surprendre.