Deathloop
7.1
Deathloop

Jeu de Arkane Studios et Bethesda Softworks (2021PC)

Décidément, on ne mérite pas Arkane Lyon.


On incarne Colt, un homme amnésique qui se retrouve la tête dans le sable de l’île de Blackreef, et qui comprend rapidement que celle-ci est piégée dans une boucle temporelle. Seule solution pour la briser : tuer des personnalités liées à l’île en une seule journée. L’une d’entre elles, Julianna, tente de le stopper en prenant les armes, entre deux exercices de répartie par radio interposée.


Notre héros garde ses souvenirs de boucle en boucle, ce qui n’est pas le cas de son équipement qui disparaît au petit matin. Rassurez-vous : assez tôt, la mécanique de résiduum se dévoile, permettant d'infuser certaines armes et bonus afin de pouvoir les conserver entre les boucles . Il suffit cependant de s’adonner à un minimum d’exploration pour tomber rapidement sur des flingues surpuissants qui resteront dans votre équipement tout le jeu (mitraillette silencieuse, tu es ma reine). Cela évite un côté looter-shooter qui n’aurait pas eu sa place, au prix d’un intérêt dégressif pour les missions secondaires liées aux armes. Comme quoi même quand on a un si bel historique de jeux, on ne peut pas avoir tout bon tout le temps.


L'autre particularité du jeu est la possibilité d'être envahi par Julianna, incarnée généralement par un autre joueur Sur le papier, se faire interrompre dans un jeu où la mort est menaçante par quelqu'un qui veut vous tuer paraît pénible, mais la réalité est plus clémente. En effet, Colt dispose de 3 vies par niveau contrairement à son homologue et peut éviter la confrontation s'il est malin (bien que tuer Julianna vaut le coup). Bref, même si vous affrontez une bonne Julianna, vous avez les moyens de lutter et l'expérience du jeu n'en est que plus dynamique. Si vous souhaitez vous affranchir de ce stress, vous pouvez passer sur une session solo; la Visionnaire sera ainsi incarnée par un bot, qui a malheureusement tendance à se coincer tout seul dans les niveaux. La nervosité ou la tranquillité, à vous de choisir.


D'ailleurs, même si l'IA n'a jamais été le fort des immersive sim made in Arkane, on la retrouve davantage prise en défaut dans ce jeu. Tantôt aveugle, tantôt omnisciente, elle gâchera parfois vos plans si bien huilés.


La crainte de jouer à un Dishonored spécial années 60 ne se vérifie finalement pas. Car bien que Deathloop emprunte certains éléments aux aventures de Corvo et d’Emily (Les pouvoirs, les environnements rocheux, les cibles à neutraliser…), c’est bien un gameplay bourrin qui est encouragé. Si la discrétion est encore une option viable, elle n’est clairement pas au centre des débats. Tirez également une croix sur l’espoir de finir le jeu sans tuer personne. De toutes façons, l’absence de sauvegarde manuelle, que le rythme du jeu justifie, rendrait la vie dure aux perfectionnistes. J'avoue qu'il m'a fallu un petit temps d'adaptation avant de m'y faire.


Au programme, nous avons 4 grandes cartes, chacune possédant 4 variations selon le moment de la journée choisi pour les visiter. Il arrive même que le joueur puisse influencer ces changements par ses actions plus tôt dans la boucle, bien que les occasions de le faire demeurent limitées. Notons que ces différences ne sont pas uniquement visuelles puisque de nombreux chemins s’ouvrent et se ferment sans bouleverser totalement le level-design de Blackreef. Ainsi, ce nombre de zones n’est pas si réduit que ça, même si on aurait aimé en visiter une ou deux de plus. Celles qui sont là, par contre, sont extrêmement bien utilisées, si bien qu'on oublie vite qu'on passe par les mêmes endroits.


Comme toujours chez les papas et les mamans de Dishonored, ces différents terrains de jeux sont sertis de secrets, de raccourcis et d’autres détails qui savent récompenser le platineur qui sommeille en nous. C’est d’autant plus vrai que Deathloop se repose sur les indices glanés dans les lieux importants sans indiquer explicitement au joueur les façons alternatives d'accomplir leurs objectifs. Cela donne au jeu lyonnais un côté à la fois ouvert et dirigiste qui donnera une impression de liberté ou de frustration selon le joueur.


L'ambiance est une réussite, notamment en ce qui concerne le style graphique et sonore. Blackreef est également plus vivant que Dunwall grâce à des PNJ plus expressifs. Dommage que le scénario ne suive pas; la faute à une écriture trop taquine et qui n'arrive pas à faire monter la sauce. Ca manque de surprise, mais pas de panique, on est très loin de la monotonie des boucles d'un Twelve Minutes. Point positif pour les excellents dialogues qui insufflent une vraie personnalité aux personnages.


Petit détour par la technique : le jeu possède encore quelques bugs et souffre d'une optimisation hasardeuse sur PC. On ne peut pas trop en vouloir quand on fait un jeu de ce genre, pour sa décharge.


Un excellent immersive-sim brille souvent par ses imperfections, et Deathloop en a peut-être un peu trop à mon goût. Mais j'ai quand même décidé de l'aimer comme j'ai aimé la saga Dishonored. Dans son ambition et dans son charme, le jeu reste une franche réussite qui montre que nos frenchies ont bien envie de mettre les bouchées double pour livrer une véritable claque à leur hauteur. Et on sait toutes et tous qu'il ne manque pas grand chose pour qu'on se la prenne.

Créée

le 22 sept. 2021

Critique lue 236 fois

2 j'aime

Spireal

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