Devenir coursier et être exploité par une entreprise de livraison sur le déclin dont le créneau est « Deliver at all costs », ça vous tente ?
Alors parcourez St. Monique en vue isométrique et livrez un sismographe au sommet d’un volcan proche de l’éruption, un kit photographique à des chasseurs d’OVNI ou un abris antiatomique à une vieille bourgeoise à caniche - si possible en répandant le chaos sur votre chemin dans cet environnement entièrement destructible. L’extraordinaire deviendra ainsi votre ordinaire durant les dix prochaines heures de jeu. Cependant, comme cela fut mon cas, il en faudra peut-être moins pour que la lassitude ne monte à bord de votre véhicule de fonction – un banal pick-up qu’il vous sera possible d’équiper d’options grâce aux pièces détachées récoltées sur votre temps libre. Aussi fantaisistes soient les requêtes de votre employeur et de vos clients, elles manquent de challenge pour transformer vos courses en de palpitantes aventures. Et ne comptez pas trop sur les redondantes tâches annexes pour briser cette routine.
Mais alors, qu’est-ce qui a pu me faire coller à ce volant aussi longtemps ? D’abord, sa remarquable musique aux influences jazz et rockabilly, teintant mes virées d’une nonchalance très rafraîchissante. Les personnalités hautes en couleur de mes collègues ensuite, notamment cette increvable vieille bique de Bertha Roover que j’ai adoré détester. Le plaisir immensément régressif de pouvoir tout casser, malheureusement sans craindre de me faire appréhender par les forces de l’ordre ici aux abonnées absents. Enfin, la conscience de la taille modeste de l’entreprise développée par le studio Far Out Games.
Ainsi, même si elle ne fut pas pleinement épanouissante, l’expérience Deliver at all costs demeure suffisamment satisfaisante au regard de ses ambitions pour mériter une ligne sur mon CV de joueur.