Drakengard
6.6
Drakengard

Jeu de Yoko Taro, Cavia, Gathering et Square Enix (2003PlayStation 2)

Yoko Taro est l'un de ces auteurs qui s’est fait remarquer dans l'univers du jeu vidéo. Dans son cas, son bébé est la série de jeux Nier. Celle-ci est pourtant un spin-offf d’une autre licence du même auteur : Drakengard. Curieux de comprendre le lien entre ces mondes, je lance naïvement le jeu, qui possède déjà la patte singulière de l’homme à la tête d’Emil. Dans un monde en guerre, on incarne Caim, frère de la déesse Furiae, qui décide de signer un pacte avec un dragon pour gagner en puissance. Assoiffés de vengeance, nous tuerons, encore et encore, pour sauver le monde.


                Drakengard se joue de trois manières différentes. Au sol, on joue Caim à la façon hack’n’slash, voire un muso. On tape des hordes d’ennemis avec l’une des nombreuses armes, accompagnée de sa magie. Ensuite, il y a les combats aériens. Ici, on joue Caim à dos de dragon. La dernière manière de jouer est un hybride des deux précédentes : possibilité de jouer au sol, à pied ou en rase-moquette avec le dragon. Quelle que soit la phase, manette en main, c’est infernal. Au sol, le gameplay est répétitif avec une caméra qui ne nous permet pas de combattre les ennemis dans de bonnes conditions. Le choix des armes est appréciable, mais le maniement reste pauvre pour chacune. Quant aux phases dans le ciel, le gameplay est encore pire. On vole en avançant constamment. De ce fait, viser un ennemi sans se faire toucher est mission impossible. Pire encore, les projectiles arrivent dans les trois dimensions et on peine à les esquiver. Finalement, prier s’avère plus efficace. On subit chaque mission, chaque combat. Aucun fun ne se dégage de ce maniement à cause notamment d’une répétitivité sans nom. Les premières heures de jeux sont similaires aux dernières, et on s’emmerde toujours autant. L’intérêt d’un tel jeu peut résider partout, mais pas ici.


                Les graphismes sont très faiblards également. Autant certains modèles, comme celui du dragon, sont très bien faits, autant les décors et les environnements sont pauvres et laids. La PS2 est capable de faire mieux. J’entends qu’il faut supporter de nombreux ennemis à l’écran, mais le manque de diversité est criant. Cependant, les cinématiques en image de synthèse sont réussies et très appréciables. Elles restent en dessous d’un Final Fantasy, mais surement au-dessus des autres jeux. À l’instar des FF, elles sont des récompenses après les durs labeurs passés à marteler le bouton d’attaque. Pour ce qui est des musiques, le jeu est écœurant encore une fois. Durant les missions, seule une musique tourne en boucle, parfois pendant 5 minutes, parfois 10, 20, voire 40, longues et interminables minutes. Ces boucles sont trop courtes, trop répétitives et de mauvaise qualité. Encore une fois, on a mieux fait de couper le son au bout de quelques minutes avant de devenir fou.


                Où réside la qualité du jeu alors ? Peut-être dans l’histoire, mais cela est nuancé. Yoko Taro aime faire plusieurs fins. On retrouve, encore une fois, les fins A, B, C, D et E. Arriver à la fin A est déjà un exploit, tant la difficulté est irrégulière et occasionnellement abrutissante. Pour trouver les autres fins, il faut se démerder. Aujourd’hui, avec Internet, c'est facile, mais en 2003, bon courage. Je pense que beaucoup de personnes de l’époque n’avaient pas conscience qu’il était possible d’avoir cinq fins différentes. Pourtant, c’est à partir de là que le jeu devient ENFIN intéressant. Yoko Taro se lâche, il creuse un peu plus à chaque fin dans l’absurde, le dérangeant, l’horreur, le dégoût, le rejet, le malaise… C’est là que le jeu se démarque et est unique pour l’époque. Malheureusement, la structure du jeu pour trouver chaque fin est, elle aussi, infernale. Les thèmes abordés, récurrents chez l’auteur, sont pertinents et les différentes scènes servent ce propos.


                Bref, Drakengard ça n’est pas bien à jouer. À aucun moment, je ne recommande à quelqu'un de prendre une manette et de s’essayer au jeu. D’une part, il a pris énormément de rides. D’autre part, déjà à sa sortie, il devait être déplaisant d’y jouer. On subit plus qu’on ne joue. Regarder un let’s play monté comme celui d’At0mium vous fera gagner du temps. La principale qualité d’un tel jeu sont les différents choix artistiques dans les fins, notamment C, D et E. Mais le prix à payer pour y arriver n’en vaut pas la chandelle.

PatateDeLespace
3
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le 29 sept. 2025

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