La formule est bonne, mais il serait temps de la changer un peu

Aaah, des jeux From Sotfware, qu’est-ce que j’ai pu y jouer. Bloodborn, Demon’s Souls, Dark Souls 1 & 2, même sans jamais être allé au bout de ces jeux (à l’exception de DS2), j’ai dû accumuler bien des centaines d’heures dessus. Mais très rarement j’avais la patience d’aller au bout. Les mécaniques de gameplay et de level design ont beau me paraître d’excellente facture, j’ai toujours un moment de lassitude devant ces jeux. Souvent trop longs, trop durs et par conséquent ultra usants. Parce que oui, si j’ai fini Dark Souls 2, c’est bien parce que ça m’a pris quatre ans et que j’ai fait plein de trucs entre temps, l’abandonnant, y retournant, encore et encore.


Pourtant, ce nouveau jeu qu’est Elden Ring est le seul que j’ai fais fini d’une traite. Alors oui, j’avais la contrainte du temps, un ami m’avait prêté sa PS5, entre temps, j’avais un mémoire à finir, un déménagement à préparer, bref, sacré programme. Et pourtant, en deux mois, j’ai bien accumulé près de soixante heures de jeu, ce qui est, me concernant, un sacré exploit.


Néanmoins, j’ai beau avoir torché ce Elden Ring, être venu à bout de tous les boss majeurs (Malenia, Mohg, Elden Beast et j’en passe), impossible pour moi de dire que j’ai été totalement conquis par ce nouveau soft du studio. Pourtant, j’y suis allé avec beaucoup d’entrain, je n’ai jamais lâché l’affaire et je me suis régulièrement aidé d’internet pour avancer (c’est dire ma motivation).


Mais voilà, à moins que vous soyez un habitué du studio, l’idée que j’ai cherché mille et une soluces sur internet n’a pas dû échapper à votre regard et je vous imagine hausser le sourcil gauche comme si quelqu’un venait de péter à votre droite. C’est sans doute là, mon véritable reproche qui s’applique à l’ensemble des jeux du studio et plus particulièrement à ce Elden Ring, son impraticabilité pour tout joueur novice. Catégorie dans laquelle je ne me range plus vu que du From Software, j’en ai quand même pas mal bouffé.


Bon dieu que ce jeu n’est pas clair ! Et quand je dis pas clair, c’est au-delà de ça. Si vous voulez avancer, vous êtes obligé de consulter régulièrement internet parce que sinon, vous allez vous y perdre dans cet open world. Parce que oui, Elden Ring est un open world par From Software, et si jusque-là, leurs jeux étaient davantage des jeux couloirs, ici, la map est gargantuesque. Mais aussi grande soit la map, le cheminement pour parvenir à la fin de ce Elden Ring n’en demeure pas moins similaire à un Dark Souls traditionnel : une zone bien précise à passer, quelques boss sur le passage, un accès à une nouvelle zone, etc. Cette volonté d’open world n’est pas pour me déplaire, au contraire, elle permet d’aborder la formule du studio sous un nouvel angle (avec en plus, la possibilité de sauter et d’avoir une monture). Mais ça occasionne aussi un problème majeur qui ne nous quitte jamais du jeu : c’est confus. Et par confus, j’entends que si je n’avais pas checké régulièrement internet (et demandé des conseils à mon pote), je ne serai jamais parvenu à bout de ce jeu.


Alors certes, je comprends la démarche minimaliste du studio, ils ont toujours fonctionné comme ça. Des items dont l’utilité demeure floue, des zones inaccessibles à moins de trouver LE truc à l’autre bout de la carte qui permet d’y aller, ça je peux le comprendre. Mais il faut qu’il y ait un équilibre, pour le plaisir du joueur. Et je vois venir les pro-Software qui vont me dire que ça contribue au lore de l’univers, qu’il faut parcourir tout un monde et en comprendre sa logique. Que si je dois trouver le collier de Suzanne sur le cadavre de Jean-Charles, c’est pour mieux comprendre l’histoire sous-jacente qui se tisse sous tout plein de quêtes annexes bien mystérieuses avec des PNJ qui vont parler en métaphore et tout le blabla, mais NON ! Faire ça sur un ou deux items, je veux bien, mais là, c’est carrément tout mon inventaire qui est confus. C’est finalement au bout de quarante heures de jeu que j’ai vraiment commencé à me sentir à l’aise avec la gestion de mon inventaire, de comprendre qui est qui dans cette mythologie, qui sont les Elden Lord, pourquoi on arrête pas de m’insulter parce que je suis un sans-éclat, mais ces quarante heures, il fallait se les farcir ! Et je suis désolé, les pro-Software peuvent aimer ça, mais ça n’en demeure pas moins un jeu de niche ! Un putain de jeu niche qui n’a pas besoin de ça pour être plaisant.


Parce que des bonnes choses, il y en a dans ce jeu. La mécanique de gameplay est géniale, chaque arme et catégorie d’arme a ses spécificités (je suis devenu un maître du katana), visuellement, c’est une tuerie sans nom, les quelques histoires compréhensibles sont géniales (Millicent et son rapport à Malenia, Ranni, Blaidd), et j’en redemande. Mais bon dieu, pourquoi faut-il constamment rendre ça complexe ? Et je ne critique pas foncièrement la difficulté qui est, certes, inégale mais c'est une conséquence de l'open world, mais bel et bien la construction de l’univers et la façon dont il est exploité par la narration et le soft en général.


Et puis même, cet univers, moi, il ne m’enchante pas plus que ça. On aura beau y coller le nom de George R.R. Martin, il n’en demeure pas moins que je trouve ce monde…peu cohérent. Parce que ce qui faisait la spécificité et même le sel des Dark Souls, c’est qu’on débarquait dans un monde postapocalyptique où les quelques PNJ et villages étaient marqués par d’innombrables histoires tragiques. Ça offrait un lore fort intéressant et en plus de ça, ça justifiait la difficulté ahurissante du jeu vu qu’on était projeté dans un monde sans pitié. Dans Elden Ring, c’est différent parce qu’on arrive dans un univers où tout fonctionne visiblement bien, les Elden Lord font leur vie pépère bien qu’ils soient un peu répressifs et c’est nous, le joueur qui venons foutre la merde. Résultat, comment se fait-il que j’arpente Leyndell, la cité Royale sans croiser personne, sans trouver aucun signe de vie si ce n’est des barbares et des zombies prêts à tout pour me tuer. J’suis désolé, ce monde manque de vie au vu du lore qui m’est exposé.


Et même au-delà de cette simple représentation de l’univers, je trouve les quêtes annexes franchement compliquées à trouver. Vu que Dark Souls était construit comme un jeu couloir, c’étaient les PNJ qui croisaient mon chemin. Ici, c’est un open world, je ne compte pas le nombre de quêtes annexes que j’ai loupé. Des quêtes dont j’ai découvert l’existence sur internet et qui se sont annulées parce que j’avais fait un truc trop tôt. Adieu Pat et ta superbe armure. Adieu Blaidd qui ne réapparaitra jamais auprès de la Tour de Ranni parce que celle-ci est parti avant que je te libère. Quelle frustration bon sang ! Et c’est pas la frustration revendiquée par le studio via la difficulté, c’est de la frustration parce que le jeu manque de cohérence et que son level design n’a pas été assez réfléchi. Le seul moyen de ne pas rater tout ça, c’est d’avoir constamment son ordi allumé pendant qu’on joue, mais bordel, qui joue ainsi ? Et au nom de quoi, devrai-je faire cet effort pour un jeu ?


Parce qu’il y a un truc qui m’énerve et que From Software refuse de faire, c’est un compromis. Quand je lance un jeu, il doit y avoir un pacte, un accord entre le joueur et le studio. Le joueur accepte d’apprendre les mécaniques de gameplay, de se plonger dans l’univers mais en contrepartie, le studio se doit d’être un tant soit peu dirigiste, pas de tenir la main du joueur mais d’être capable de le guider lorsque c’est nécessaire. Et ça n’est jamais le cas chez From Sotftware. Un des exemples les plus fous se trouve en Nécrolimbe, un homme ne cesse de m'appeler à l’aide. Alors je cherche partout, je fouille comme un demeuré dans des buissons. Puis mon pote arrive, prend ma manette et tape dans un arbre. Et soudain, l’arbre devient un homme-singe et c’était ce dernier qui m’appelait à l’aide…Mais putain ! A quel moment j’étais censé comprendre qu’un foutu arbre au milieu d’une forêt serait en fait un homme transformé en singe transformé en arbre ? Ça n’a aucun sens !


Alors p’tet que j’avais naïvement créé des espoirs en pensant que From Software viserait un nouveau public avec un jeu plus accessible mais il n’en est rien. From Software ne s’adresse qu’aux fans de From Software. Alors okay, moi, j’suis un peu partagé parce que j’aime le gameplay ultra varié et les boss, j’aime la musique et l’incroyable effort fait au niveau des chara design. Donc finalement, ce Elden Ring, je l’ai bien aimé malgré les défauts que j’ai cité tout le long de cette critique. J’ai même beaucoup aimé, la preuve, j’y ai passé soixante heures. Mais me concernant, From Software deviendra un grand studio quand il tentera enfin de s’adresser à tout le monde avec des jeux tout aussi complexes, mais accessibles au plus grand nombre. Un jeu qui ne nécessitera pas d’aller voir des tutos à longueur de journée. Je suis conscient que jouer nécessite un investissement, mais il ne faut pas abuser. Alors From Software, arrêtez d’abuser. Continuez à faire des merveilleux boss et de construire d’incroyables zones, mais rendez ça accessible à un peu plus de monde.


Créée

le 28 mai 2022

Critique lue 115 fois

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James-Betaman

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