Sans rancune ?

À l’image du sac de Mary Poppins, je vous présente Fantasy Life, un RPG qui ambitionne de proposer une version améliorée de son prédécesseur sur 3DS, offrant un maximum de liberté dans un monde mignon et coloré.

Je vais vous livrer mon ressenti sur ce jeu en le comparant à Animal Crossing: New Horizons, pour plusieurs raisons : j’ai une bonne expérience sur les deux titres, le public cible cumule presque 50 millions de joueurs, il est le deuxième jeu le plus vendu de la Switch. Enfin, Fantasy Life s’inspire énormément de systèmes ayant fait le succès de Animal Crossing, comme la modification de la topographie des lieux, les nombreuses actions à effectuer, ou encore la personnalisation façon "housing".

Parlons rapidement de l’histoire qui, soyons francs, ne sert que de prétexte à l’exploration de l’univers. Cela se lit sans souci, mais s’adresse clairement à un public jeune, plutôt qu’au vieux crouton de presque 40 balais que j’incarne ici. Il en va de même pour la technique : visuellement, c’est joli, mais en deçà de la qualité d’un Animal Crossing, du moins en mode portable (j’y joue sur Switch 2). Les temps de chargement sont super court et ça c'est top ! Seulement je n'ai jamais su lire l'intégralité d'une astuce par ce biais car paradoxalement le chargement est trop rapide, un exemple de situation satisfaisante/frustrante pouvant mener à la bipolarité.

Je vais plutôt m’attarder sur le gameplay, qui est la principale force du jeu. Vous incarnez un personnage créé de toutes pièces, et vous devez choisir un métier ! Comme dans tout bon RPG, vous avez des quêtes, de l’équipement et des arbres de compétences. Vous voulez couper du bois ? Devenez bûcheron ! Un monstre vous bloque le passage ? D’un simple bouton, passez en mode Paladin/Mercenaire/Mage/Archer. Le monstre est mort en dix secondes et vous êtes à côté d’un lac ? Devenez pêcheur ! Les métiers sont interchangeables à la volée, à condition d’avoir au minimum terminé les quêtes d’initiation pour chacun d’eux, une nécessité pour ne pas casser le rythme. Le jeu est d’une grande générosité et propose de nombreux systèmes évolutifs dignes d’un Level-5 Land.

En revanche, même si c’est inhérent au genre, les quêtes sont génériques et rappellent les vieux MMO des années 2000 : ramène-moi trois poissons, va chercher du bois, forge une épée, élimine trois monstres d’un type donné, etc. Ce n’est pas palpitant, mais ce côté “liste de courses” reste inhérents au genre car il est satisfaisant, il rassure, donne une ligne directrice. Et des listes, vous allez en avoir une pelletée : quêtes des habitants, aménagements des lieux, missions de métiers… difficile d’en voir le bout quitte de temps en temps à être perdu dans cette masse.

Comme beaucoup, j’ai aimé Animal Crossing: New Horizons. Si vous vous demandez si Fantasy Life est fait pour vous, voici quelques points à connaître : L’accompagnement n’est pas aussi progressif que dans Animal Crossing : une abondance de contenu peut s’offrir à vous très rapidement.

Fantasy Life adopte une philosophie différente en termes de progression et se montre bien plus dynamique dans les actions répétitives. Plus on joue, plus on progresse, sans dépendre d’un cycle jour/nuit en temps réel. La progression est donc bien plus rapide (peut-être moins gratifiante ?).

Il y a un aspect RPG très prononcé : vos armes, vos métiers, votre village, vos compagnons, votre équipement… tout peut être amélioré.

Enfin, pour conclure mon comparatif entre Animal Crossing et Fantasy Life, je dirais que, comme de nombreux cozy games, la gratification laisse parfois place à du fonctionnel. Oui, on ramasse plus vite, on court plus vite, tout va plus vite... mais, personnellement, je préférais quelque chose de plus lent, plus progressif, plus gratifiant sur la durée. Mais qui suis-je pour demander à Fantasy Life d’être plus “Animal Crossingniesque” ? Juste une personne lambda qui découvre qu’après Marcellus : Story of Seasons et maintenant Fantasy Life, j’ai besoin que ce genre de jeu soit plus qu’un jeu… un phénomène. Or, ce n’est pas la prétention du studio. Le jeu est bon pour ceux qui aiment le genre, et il a su trouver son public avec un million de ventes en un mois (soit dix fois moins que ce capitaliste de Tom Nook).

Pour finir, Animal Crossing m’offrait une tonne de systèmes que j’avais envie de fouiller, une rétention dont j’étais esclave, une aventure partagée avec ma femme… un phénomène donc, quelques chose qui dépasse la proximité de la simple implication à exécuter une liste de courses. Et tout ça me manque cruellement pour que Fantasy Life suscite le même intérêt.

Bon, allez, j’y retourne quand même un peu… Pour s’endormir 30 minutes avant l’extinction des feux, ça reste mieux qu’un médoc.

Sans rancune, hein ?