Far Cry 2
5.7
Far Cry 2

Jeu de Ubisoft Montréal et Ubisoft (2008PC)

7h

Je me retourne péniblement sur ma couche. La nuit a été rude et cette foutu malaria ne m'a pas lâchée d'une semelle. Malgré les quantités astronomiques de médicaments que je m'enfile chaque jour, les nausées ne me quittent plus. C'eut été supportable si les crises ne me prenaient pas subitement dans le feu de l'action. Cela a failli me coûter la vie l'autre jour.

Ces raclures de l'UFLL m'arrosaient de balles alors que j'avais, quelques instants plus tôt, prit d'assaut leur poste avancé. C'est là que la crise survint. Malgré la gerbe qui me montait aux lèvres, j'ai réussi à la éliminer un par un. Le dernier a dû être terminé à la machette. Il pissait le sang comme un goret qu'on vient d'égorger et appelait à l'aide. Je n'avais pas envie de gâcher une balle. Cette odeur de tripes, de sang et de brûlé m'a retourné l'estomac. J'ai gerbé le maigre repas ingéré la veille. Putain de malaria. Putain de pays.

Je repousse la couverture de mes jambes et m'assoit sur le rebord du lit. La tête me tourne. J'ai soif, j'ai faim et dieu sait depuis combien de temps je n'ai pas pu prendre de douche. Voilà sans doute pourquoi la faune locale ne s'intéresse pas à moi. Je dois être devenu comme eux : odeur de gnou et haleine de chacal. Mais je ne peux pas me payer le luxe d'une douche chaude, d'une femme et d'un lit propre. Mes employeurs ont été on ne peut plus clair sur l'importance de ma mission : tuer le Chacal. L'UFLL et l'APR, les deux factions qui se déchirent pour le contrôle du pays ne sont rien sans armes. Et la source de mort, c'est le Chacal. Cette pourriture distribuait ses jouets comme des dragées à des enfants. En coupant la tête, le corps mourrait vite et les belligérants retourneraient tranquillement à leurs positions. Dès lors, aucun répit tant que le vendeur d'arme n'aurait pas été envoyé dans l'au-delà, de préférence grâce à l'une de ses balles.

J'ouvre la porte de la case. Malgré l'heure matinale, la chaleur est déjà étouffante et une vague tiède envahi la pièce. J'attrape mon dragunov, mon star.45 et ainsi que quelques grenades et me dirige vers ma jeep, garée à quelques mètres de ma « maison ». Le soleil m’éblouit. Nous sommes en pleine saison sèche et la journée promet d'être chaude. Même une averse ne serait pas bienvenue. Avec les températures actuelles, ce ne serait qu'une douche tiède et désagréable, de celles qui vous colle à la peau, assombrissent l'humeur et gênent les lignes de vue.

Le contact est mit et le véhicule s'ébranle en crachant de la fumée. Antique comme tout ce que produit ce pays. Un mélange d'art colonial et d'influences tirées des différents régimes politiques s'étant succédé au cours des 40 dernières années. Armes soviétiques, mentalité capitaliste, agriculture dictatoriale. Seule la Mort vient mettre tout le monde d'accord.

Je consulte ma carte tout en conduisant le véhicule d'une main. J'ai besoin de munitions et un poste de garde repéré la veille semble en regorger. Et seuls quelques gardes le surveillent. La garnison locale ne devrait pas être trop compliquée à éliminer même si je ne me fais aucune illusion : moins d'une heure après l'avoir nettoyé, l'endroit serait de nouveau occupé par des forces fraîches. Peu importe. Ces cafards seraient éliminés comme les anciens locataires. Et rien ne pouvait entraver l'exécution de ma mission.

Je repose ma carte et me laisse griser par la sensation du vent sur mon crâne. Malgré la chaleur et la poussière, je relâche la pression le temps du trajet. J'observe les paysage alentours. De petites collines ovales viennent border le contrefort de montagnes millénaire. Au loin, un couple de zèbres, effrayés par le bruit de la jeep, s'enfuient vers l'orée d'une jungle luxuriante. Les scientifiques ont prouvé que l'humanité venait d'Afrique. C'est un peu comme si je revenais à la maison. En d'autres circonstances, j'aurai très certainement été charmé par cet endroit. Mais pas maintenant. Pas comme ça.

9h

Je gare ma voiture derrière un bouquet d'arbres, à l'abri des regards indiscrets. Pour peu qu'une patrouille s'aventurerait dans le coin et c'est ma couverture qui serait compromise. Il me reste encore quelques centaines de mètres à faire à pied. Arriver le plus silencieusement possible, telle est la clé du succès. Certains de mes « camarades » mercenaires ne font pas dans la subtilité et préfèrent foncer dans le tas, le fusil à pompe en avant et les grenades aux dents. Moi j'aime la discrétion et l'efficacité d'une position dominante. J'aime la tranquillité d'un point de snipe, la hauteur qui me permet de dominer mes ennemies et une vue dégagée. Je suis une sorte de dieu. Je suis tout puissant et je dispense la mort selon mon bon plaisir. La mort vient d'en haut et je suis son messager.

9h30

Je m'installe confortablement, accroupi contre une souche d'arbre, carbonisé par le dernier orage. Je pose tranquillement mon fusil et observe le poste en contrebas. Les hommes sont déjà debout et patrouillent nonchalamment au milieu des débris de leur soirée et des immondices qu'ils appellent « lits ». Ils ont à peine mon âge et semblent insouciant du sort funeste qui les attend prochainement. Ils bavardent, ils échangent, fumant une cigarette. L'arme à l'épaule. A quelques détails près ils auraient pu être moi. Parce qu'ils se sont retrouvés dans les mauvaises testicules, les voilà à faire le guet dans un pays qui n'est pas le leur, loin de chez eux et de leurs familles. Pour une bonne paire, ils auraient peut être terminé chirurgiens, prix Nobel de la paix ou d'autres conneries du même genre. Dommage.

9h37.

Je vise le gamin a l'air le plus innocent. Quelques poils naissant commencent à lui dessiner une barbe. Ce n'est plus un enfant, mais pas encore un adulte.
Je respire lentement. Le calme de la scène est irréaliste et seul le vent faisant lentement onduler les herbes hautes. Je presse la détente au moment où l'onde caresse mon visage.

La balle file vers le gamin et l'atteint au ventre. Il s'écroule sur le sol alors qu'un groupe d'oiseaux s'envole en piaillant. Le projectile ne l'a pas tué sur le coup et c'était bien mon objectif. Il est mortellement touché mais ne le sait pas encore. Le gamin hurle, crache du sang. Ses potes sont encore tétanisés. Deux d'entre eux se ruent vers lui. Je souris. Braves petits. L'un charge le gamin sur ses épaules pendant que l'autre tente de repérer ma position. Je gratifie le « guetteur » d'une balle dans la tête. Une vague de sang accompagne la course de ma balle. L'autre cherche à se mettre à couvert avec son encombrant et agonisant colis. Je lui fais grâce d'une balle en plein cœur. Il s'écroule, sans vie et le gamin roule dans la poussière. Ses cris ne sont plus que gémissements. Il sera mort d'ici quelques minutes si je le laisse ainsi.

Une dernière détonation vient mettre fin à l'agonie de l'ex-potentiel Nobel. Je ne suis pas un monstre et, pour une fois, mieux vaut une balle salvatrice qu'une lame rouillée dans les entrailles. J'inspire de nouveau. La poussière vient me coller les narines mais le besoin d'oxygène était vital.

09h39

Je ressors du couvert de la souche et me dirige vers le poste de garde, désormais transformé en charnier. J'aurai bien mérité mes munitions, achetée avec le prix du sang et....


- « Hummm qu'est-ce que tu fais ? »

Je détourne un instant les yeux de mon écran. Une créature à demie-nue et les cheveux en bataille vient d'émerger de dessous les couvertures. Je me souviens alors : petite étudiante, Erasmus, bar, alcools, GHB. Non pas de GHB en fait. Pas cette fois. La belle a été levée à l'ancienne. Sans doute impressionnée par le récit de mes aventures en Afrique et des nombreuses cicatrices de balles sur mon corps, celle-ci à rejoint ma couche la nuit dernière.

J'éjecte le chargeur vide de mon Dragunov pour en insérer un nouveau, plein.

- « J’accomplis mon devoir. 

- Tu ne veux pas venir me rejoindre ? »

Son ton sans appel et la lueur lubrique dans ses yeux m'invitent à de nombreuses heures supplémentaires d'aventure. Mais c'est un rire sec et sonore qui lui répond.

- « Pas maintenant gourgandine. La chasse au Chacal n'attend pas... »

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Quand je joue à Far Cry 2, je vis tout cela.
Haldir_

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