Kingdom Hearts III
6.9
Kingdom Hearts III

Jeu de Square Enix et Disney Interactive Studios (2019PlayStation 4)

Ça y est, nous y sommes enfin, Kingdom Hearts 3 est sorti et je l'ai terminé. La conclusion d'une histoire qui dure depuis 2002 arrive enfin, en 2019 mais l'attente était elle justifiée ?


Kingdom Hearts 3 est une arlésienne qui dure depuis un paquet d'années, pas mal de fans attendaient le nouvel opus numéroté de la série avec impatience et le très controversé FFXV a, malgré lui retardé la sortie du nouvel opus des aventures de Sora. Mais aujourd'hui les deux jeux sont sortis et le mal est réparé, que vaut finalement cet opus que certains attendaient déjà juste après le générique de fin de KH2 en 2006 ?


Nous sommes en 2019 et la concurrence est rude sur le marché du jeu vidéo, Square Enix devait taper fort pour conserver sa place de pionnier graphique et esthétique qu'il avait aux yeux de certains aux époques cultes de la PS1 et de la PS2.


Sur ce fait je suis partagé sur le cas Kingdom Hearts 3. L'équipe de Nomura a opté pour l'Unreal Engine 4 qui est bien connu des joueurs et qui a su faire de grandes choses les trois dernières années avec les remasterisations de Crash Bandicoot, Spyro ou encore avec l'uppercut visuel de Dragon Ball FighterZ.


Ici le défi est de transposer l'univers de Kingdom Hearts en HD sur PS4 et Xbox One, et le résultat est en demi-teinte… certes certains mondes sont très impressionnants, comme celui d'Hercule qui propose des visuels d'une profondeur incroyable. Les mondes de Raiponce et les environs de la maison de Toy Story sont également fabuleux et explosent littéralement la rétine. Mention spéciale également pour la magnifique séquence de la Reine des Neiges, reprenant la chanson déjà cultissime "Let it Go" en reproduisant plan par plan ou presque le passage en se payant le luxe de corriger le souci de collision connu de la tresse d'Elsa qui passait un peu à travers son bras dans le film de Disney ! Sans égaler la puissance visuelle du film d'origine, le jeu s'en rapproche et caresse les films d'animations américains récents.


Malgré cela, certains mondes sont beaucoup moins inspirés et je me suis pris à rire un peu de certains visuels "fakes" surtout dans les derniers mondes. Le monde de Pirates des Caraïbes était déjà en décalage avec le reste de Kingdom Hearts 2 à l'époque et même si la technique a progressé, on retrouve le même malaise devant les têtes de cadavres inexpressifs de Johnny Depp, Orlando Bloom et Keira Knightley (dont les yeux ont tendance à partir en sucette et donnent l'impression qu'ils sont tout le temps entrain de faire des grimaces disgracieuses) qui font ressurgir en nous les visages artificiels du film Final Fantasy du début des années 2000.
Le monde des Nouveau Héros est également assez laid tant l'espace urbain ouvert qu'il propose est à des années lumières de ce qu'ils se faisait il y plus de 5 ans en terme de monde ouvert. Les immeubles sont copiés collés, tout à tendance à aliaser à 5 mètres et les rues sont désespérément vides. GTA IV et Assassin's Creed premier du nom faisaient déjà largement mieux il y a dix ans même si ce n'est pas vraiment comparable. Difficile de ne pas comparer avec les jeux occidentaux proposant des mondes ouverts urbains percutants sur les mêmes machines (Spider-man sur PS4 n'en est qu'un exemple sorti en fin d'année dernière même si l'exclusivité Sony a dû bénéficier d'un budget monumental, certainement supérieur à ce Kingdom Hearts 3)
Certains mondes sont ridiculement petits et linéaires, Monstropolis et la Cité du Crépuscule sont grands comme des cour d'écoles et plutôt vides. Le dernier monde que je ne spoilerai pas ici démontre une direction artistique très inspirée mais la technique ne suivant pas, on perd vite en fluidité et tout scintille dans un aliasing semblant s'être échappé d'une PS3.


Enfin les effets visuels des combats sont plutôt réussis et plaisants à l’œil sans être renversants non plus. (Naruto Storm 4 en 2016 et Dragon Ball Fighter Z plus récemment récemment sont largement plus impressionnants dans la pyrotechnie visuelle japonaise, même si encore une fois, la comparaison brute a ses limites)
Au final l'aspect visuel de KH3 est, comme je le disais plus haut, en demi teinte. Si certains visuels repoussent les limites de la technique visuelle, d'autres font remonter des réminiscences d'une époque où la HD était encore une souffrance pour les développeurs japonais.


Pour conclure sur l'aspect technique, j'ai fini le jeu sur PS4 Pro et je n'ai pas remarqué de soucis majeurs au niveau fluidité, le jeu tourne entre 45 et 60 fps en fonction des passages.
A noter que le jeu ne prend pas en charge le HDR ce qui est un poil décevant surtout avec les propositions visuelles contrastées de certains lieux du titre.


Pour la partie sonore, le jeu reprend en quasi majorité les compositions des anciens titres qui étaient très inspirées et ne sont pas devenues moins bonnes depuis. le jeu manque un petit peu de nouveaux thèmes marquants. Même si le léger thème de combat reste en tête et reste très plaisant à retrouver !


En ce qui concerne les thèmes chantés, c'est une autre histoire.. là ou Simple and Clean (Hikari) de KH1 et Sanctuary (Passion) de KH2 étaient parfaitement adaptés à l'univers des anciens jeux de la séries et sont devenus cultes, ici, le thème d'intro Face my Fears, est difficilement audible.
La partie Utada Hikaru reste dans la continuité de ses précédents travaux même si l'autotune n'était pas forcément nécessaire... La partie principale est une collaboration avec Skrillex, pour le pire… avec une partie electro/dubstep que j'ai personnellement trouvée hors sujet en plus d'être peu inspirée. Avec le risque d'être complètement démodée dans 3 ans.
Les goûts musicaux reste personnels malgré tout donc j'imagine qu'il y a un public… Le thème d'outro, Don't Think Twice, est bien plus cohérent avec l'univers musical de la série et s'adapte très bien au final du jeu.


Toujours pas de doublage japonais au passage non plus… ce qui est surprenant à une époque où la quasi totalité des éditeurs proposent du dual audio…


En terme de gameplay, la série s'affirme enfin et assume complètement son accent Beat them Up/Hack'N Slash. Le jeu se lâche et permet à Sora de déclencher enfin de combos rapides, efficaces et touchant plusieurs ennemis à la fois. Les Keyblades ont le pouvoir de changer de forme. Certaines se transforment en armes de corps à corps redoutables : marteaux, griffes, perceuses, épée géantes, mâts et drapeaux (wtf ?) sont de la partie. Certaines autres vous permettent de conserver une distance de sécurité et de canarder vos ennemis à distance avec des arbalètes, fusil, canons et même yoyos (wtf ? 2eme édition)
Chacun trouvera sa clépée favorite pour démolir du sans-cœur par paquets de mille. Un très (trop ?) grand nombre d'attaques viennent faciliter vos combats avec des attractions inspirées des parcs Disney ou encore des combos qui vous permettront de balancer du feu d'artifice de Rio de Janeiro dans la face de vos ennemis ou de pratiquer le lancer de chien à outrance. (Les vrais savent)


Chaque personnage Disney proposera sa coopération avec Sora, vous pourrez enfourcher la fusée (j'ai allumé une fusée, mais les fusées ça explose !!) de Woody et Buzz, utiliser Bob le petit monstre vert comme une boule de bowling ou encore utiliser des attaques capillotractées avec Raiponce !


Les combats sont enfin funs et dynamiques et on en redemanderait presque !
Fini les rencontres molles et insipides à base de trois coups de Keyblade identiques. Le virage du combat virevoltant engagé par Kingdom Hearts 2 et poursuivi par Dream Drop Distance voit ici son apogée avec des attaques surréalistes. Vous retrouvez également le tir chargé de Birth by Sleep et le mode fluidité de DDD pour une palette de mouvements insensée. Mention spéciale pour la nouvelle version du combat des mille sans-cœur de Kingdom Hearts 2 qui explose la rétine et met en scène un affrontement aérien sur un train de lumière dans lequel vous fracassez vos ennemis par régiments avant de monter au firmament dans un affrontement que je ne ferai pas l'affront de spoiler. Le dit affrontement mettant à contribution la communauté du jeu mobile Union X. Le moment le plus mémorable du jeu, mais malheureusement le seul bien marquant, bien plus que le combat final...transition parfaite pour aborder le gros morceau : le scénario


Par où commencer ? Le scénario de Kingdom Hearts a toujours été un aspect très important. Moqué par certains par sa complexité et ses incohérences et adulé par d'autres pour ses enjeux, ses personnages et son intrigue particulièrement bien ficelée, Kingdom Hearts 3 devait mettre un point final à cette narration avec Maestria.


Autant le dire tout de suite, pour moi c'est complètement raté. Comme d'habitude, il vous faudra revoir les scènes d'une dizaine de films Disney sur une bonne trentaine d'heures avant de pouvoir connaître la vraie suite des aventures de Sora.
Malgré tout, les films Disney choisis semblent avoir été sélectionnés avec soin, la thématique du cœur revient et s'intègre pas mal dans le lore de Kingdom Hearts.
Que ce soit la problématique des émotions des êtres artificiels que sont les jouets de Toy Story, le cœur de glace dans la reine des Neiges ou encore le cœur de Davy Jones dans Pirates des Caraïbes en passant par la lumière dans la princesse Raiponce.
Mais malheureusement cela ne suffit pas et, comme d'habitude dans la série, il faut avoir joué à TOUS les jeux, connaître des cartons de personnages (même ceux des opus console portable et mobile) et compris et assimilé TOUTES les sous intrigues pour profiter pleinement de l'histoire de KH3 une fois les mondes Disney traversés.


Vous êtes morts si vous n'avez pas fait tous les opus à leur sortie où les compils 1.5/2.5 et 2.8 sur PS4 récemment. Le jeu laisse les retardataires sur la touche sans aucuns scrupules et si vous êtes là juste pour pratiquer le LOL dans des mondes Disney bien modélisés en vous disant que "bon je regarderai les résumés inclus dans le jeu pour me tenir un peu au courant" PASSEZ VOTRE CHEMIN !


Si vous ne savez pas par cœur différencier un Sans-cœur d'un Nescient, d'un Simili et d'un Avale-Rêves, ou que vous ne vous rappelez que vaguement qui sont Neo-Riku, Terranort, Xion, Vanitas ou Luxu, vous ne biterez rien au jeu ! Avoir revu toute l'histoire il y moins de trois mois n'a pas été du luxe pour ma part !


(micro-spoilers possibles dans cette section, si vous n'avez vu aucun trailer du jeu et n'avez aucune idée de quels personnages font leur retour dans ce jeu, vous êtes prévenus)


En plus de son élitisme scénaristique ridicule mettant à la porte les nouveau venus dans un écrémage draconien, le jeu tente de caser trop d'intrigue en trop peu de temps.
Les conséquences de cela aboutissent à l'attribution à certains personnages cultes et populaires (comme Axel, Roxas ou Kairi) des rôles de figurants/plantes vertes présents uniquement là pour satisfaire le/la fan du personnage. Sora est le héros et SORA règle tous les problèmes du monde à lui seul. La devise du personnage "My friends are my power/mes amis sont ma force" est complètement caduque tant SORA affronte tous les méchants principaux et les vainc à lui tout seul. Il sauve le monde sans l'aide de personne. Oubliez les alliés qui ne servent à rien et seront là pour du "Je tiens la porte ouverte et je surveille au cas où, toi vas-y !" et c'est tout.


(Fin du mini-spoiler)


Le fabuleux arc scénarique démarré en 2002 prend fin dans une conclusion cousue de fil blanc et extrêmement prévisible après un combat final plan-plan (on a vu largement mieux dans la série, et même dans le jeu) souffrant même du fameux syndrome du "c'est injouable mais c'est trop stylé" favorisant les animations "trop classes" à la jouabilité. (Si vous voulez faire des films d'animations faites-les bordel !!) avec des passages où vos plus puissantes attaques sont stoppées par l'animation trop badass de chope du boss par exemple.


Les phases de combat dans l'eau et dans les airs ainsi que contre plusieurs boss à la fois dans le dernier monde ont des purges absolues, comme du bon temps des boss impossibles de Birth by Sleep et Dream Drop Distance. En manque de respect absolu, les grands ennemis du jeu sont affrontés dans des séquences bâclées et les 13 nouveaux ennemis principaux sont vaincus en 2h maximum alors que nous les affrontons depuis 17 ans pour les plus vieux fans, une quasi-insulte à la patience des joueurs.


Au final que conclure de ce Kingdom Hearts 3 ? Pas grand chose, je suis constamment tiraillé entre deux impressions, d'un côté le jeu est beau, généreux, dynamique, impressionnant et visionnaire.


Et de l'autre il est décevant, prévisible, disgracieux et répétitif. J'ai l'impression de voir un jeu PS2 qui se serait déguisé et perdu sur PS4 pour le meilleur. Certains combats, certaines cinématiques et attaques impressionnante. Et pour le pire, avec un aliasing inacceptable, un scénario déjà vu et revu et un héros qui fait tout tout seul, en ignorant complètement une foule de personnages charismatiques et populaires qui auraient pu enfin avoir leur heure de gloire en aidant à porter l'estocade finale d'une saga devenue culte plus ou moins à raison.


Pour moi Kingdom Hearts 3 est une déception, je l'attendait fébrilement et j'ai eu raison de trembler, la recette appliquée est toujours la même, 30 heures de mondes Disney qui ne semblent plus être là par obligation qu'autre chose. (la séquence secrète me fera encore plus pencher dans ce sens) Avant d'enchaîner la conclusion de l'histoire en 5h remplies de boss lourdingues et de raccourcis à travers les champs. Un héros qui règle tout en tapant à grands coups de Keyblade comme il le fait depuis le début et un grand méchant qui tombe dans le cliché sur la fin sous les yeux d'une clique entière de sidekicks inutiles du début à la fin.


J'espère que la série saura se renouveler, à moins qu'on ne doive s'arrêter là et voguer vers de nouveaux horizons. Je ne veux plus jouer à un jeu Kingdom Hearts de la formule que l'on connaît. J'espère que si la série continue, et elle continuera, l'équipe de Tetsuya Nomura saura nous raconter de fabuleuses histoires autrement qu'en broyant un seul et unique bouton d'une manette en plastique. J'irai même encore plus loin en disant que serais même plus heureux encore de retrouver l'univers de Sora et sa clique en éteignant ma console et en posant mon postérieur dans une salle de cinéma !

--Astral--
6
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le 27 févr. 2019

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--Astral--

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