Heureux titulaire de la trilogie toute fraîche et pimpante des jeux Mafia, je me suis replongé pour la première depuis 2010 sur le second opus qui a connu un joli petit lissage.


Le joueur incarne Vito Scaletta, revenu récemment du front italien de la Seconde Guerre Mondiale, passer sa convalescence dans la ville d’Empire Bay (ressemblant à Chicago/Détroit) où vivent sa mère et sa sœur. Il retrouve son ami d’enfance avec qui il a un passé tumultueux de petits braquages minables, bref on voit tout de suite le genre. Sauf que Joe a apparemment monté en grade puisqu’il lui suffit d’un seul coup de fil, pour rendre la permission de Vito définitive. Joe le prend sous son aile pour clairement entrer dans les services de la famille Clemente. De là, Vito va d’abord chercher à gagner honnêtement sa vie, mais… l’urgence de trouver de l’argent et l’appât du gain vont le pousser dans les bras de la pègre. C’est un personnage intéressant, où l’on ressent qu’il n’est pas forcément toujours à l’aise avec ce qu’on peut lui demander de faire, et qui va tenter de si de là, de sauver les affaires de ses proches. Choppé, il finit en taule pour 4 années, et rencontre Leo Galante, un consigliere des Vinci, famille concurrente, avec qui il se lie d’amitié. En ressortant, la ville s’est un peu modernisée, elle est plus radieuse et chaude car la guerre est passée, les mœurs sont plus légères et les véhicules plus rutilants. Plus ou moins contre son grès, il va devoir jongler entre les différentes familles, les affects et sera confronté aux assassins de son père. Pour faire simple, il va éliminer peu à peu les menaces qu’il pèse sur lui tout au long de l’histoire. Une histoire riche donc, et qui se démarque sensiblement de ce qui est canonique, malgré ses citations nombreuses au premier film du Parrain, avec un personnage qui, sans vouloir se ranger ou s’affranchir, va espérer que chacune de ses actions mette fin à la situation tendue dans laquelle il se trouve. Fait notable, Vito n’aura pas de compagne, cassant un autre cliché un peu exaspérant de paternalisme (dans lequel s’était engouffré le premier Mafia) du gangster qui a un genre de double vie, cachant la majorité de ce qu’il fait à sa pauvre et innocente petite compagne. Un passage qui m’a marqué est par exemple le moment où, voulant protéger sa sœur d’un époux violent, il décide d’aller le rosser et le menace de le tuer s’il ne prend pas soin d’elle : sa sœur l’appelle en pleurs et lui demande de ne plus la contacter, effrayée de ce que Vito est devenu. Que l’on juge la situation juste ou pas, ça c’est laissé à la réflexion du joueur, mais que l’on montre l’inefficacité des pratiques violentes et impulsives de cette manière est bien amené, même si cela est anecdotique au final, c’est symboliquement à partir de cet épisode que tout va se vautrer. Car pour s’en sortir, Vito devra sacrifier beaucoup...


Concernant le système de jeu, l’on s’écarte un peu de la refonte du premier Mafia : il y a plus de commerces à visiter, que l’on peut braquer, l’argent a son importance. La maniabilité n’a pas été retouchée mais reste globalement similaire : système de mise à couvert, possibilité de porter pas mal d’armes sur soi, grande fragilité du personnage en mode difficile. L’IA des ennemis n’a pas été retravaillée, mais elle reste très honorable, bien supérieure à ce qu’on peut retrouver dans un Shadow of the Tomb Raider par exemple (2016). Le pilotage des véhicules est assez proche de l’épisode précédent, les voitures sont lourdes, assez molles, mais elles sont améliorables ce qui est très agréable même si cela reste sommaire. Les autres automobilistes par contre sont vraiment problématiques, et peuvent avoir des réactions d’esquives bizarres. Rappelons aussi que sans ceinture de sécurité, les accidents sont vraiment fatals. L’ensemble du jeu est découpé, une fois encore en chapitres, 15 pour l’occasion, et se plie raisonnablement en une douzaine d’heures. Toujours peu de place accordée à l’exploration de la ville, mais quelques points d’intérêts sont disséminés, notamment la recherche de photographies du magazine Playboy qui sont tantôt gratuites, tantôt élégantes pour certaines. La ville en elle-même pourrait être plus animée, même si elle est loin d’être morte. Bref, c’est satisfaisant mais un peu rigide et dirigiste dans l’ensemble. Gros point négatif cependant, le système de combat au corps-à-corps qui est franchement inintéressant : déjà en 2010 ce n’était pas terrible, mais entre la refonte du premier, le passage d’un certain Sleeping Dogs entre temps et d’autres… C’est douloureux, et certaines phases du jeu forcent à ne se battre qu’ainsi.


Graphiquement le jeu a bien vieilli et reçoit des filtres lumineux, d’anticrénelages, une réhausse de quelques textures, et globalement, même si le flou est parfois exagéré et donc dommageable, le rendu et la cohérence de l’ensemble sont assez bons. En comparant avec un LA Noire par exemple, c’est bien mieux, sans sourciller. Le détail des décors est toujours un point fort, ici, les pans de murs et les bois éclatent sous les impacts, l’Havok permet de renverser naturellement quelques objets, et les animations des personnages sont vraiment crédibles, notamment lorsqu’ils se font touchés. Il y a quelques bugs, où je ne les attendais pas nécessairement. En général dans ce genre de jeu à vaste environnement, ce sont les collisions qui posent souci. Ici, RàS, par contre, pour une raison que j’ignore complètement, certains costumes buguaient : pendant les cinématiques, le chapeau disparaît mais les cheveux ont la forme creusée comme s’il était posé, voir le chapeau était DANS la tête de Vito... Hormis cela, l’ensemble est propre et me laisse tout de même assez admiratif du travail qui avait été réalisé il y a 12 ans déjà.


L’ambiance sonore est très bonne, encore une fois, les développeurs de 2K sont talentueux et proposent des thèmes mélancoliques, des musiques des années 40-50 qui sont objectivement de bonnes sélections. Les sons et bruitages sont convaincants. Les doublages par contre mérite une acclamation toute particulière tant ils sont véritablement excellent et que les dialogues sont subtils et intelligemment bien écrits. Car oui, en 2010, quand ce Mafia II sort, je me rappelle de certaines critiques qui relevaient le fait que le jeu n’avait pas l’envergure d’un GTA IV. Mais s’attendre à un GTA dans les années 1940-50, c’est vraiment se planter : cela n’a jamais été l’ambition ni même la volonté des développeurs. Ici, le nœud gordien, c’est l’histoire, il n’est pas question de laisser Vito faire n’importe quoi, ce ne serait absolument pas cohérent. Choix de la facilité ? Non, plutôt celui d’un réalisme-arcade qui fait la marque de fabrique de cette série de jeux.


En définitive, le jeu mérite, même en 2022, que l’on s’y attarde, ou comme j’ai pu l’expérimenter, que l’on redécouvre ce qu’il a à offrir : une excellente histoire, bien racontée, et des missions variées (combats, infiltrations, poursuites, courses...) et plaisantes à accomplir dans des configurations toujours originales : mon cœur balance sur ma favorite, le lavage de carreaux ou le type dans le coffre ? À bons entendeurs...

Altie-
8
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le 8 août 2022

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