Mario Kart World
7.4
Mario Kart World

Jeu de Nintendo EPD et Nintendo (2025Nintendo Switch 2)

Les lois de l’univers sont ainsi faites, que depuis la Super Nintendo chaque console Nintendo doit avoir son Mario Kart.

(Quasiment)

Mais chaque nouvelle déclinaison ressemble à la précédente, avec de nouveaux circuits ou des anciens revisités et quelques petits changements qui ne révolutionnent rien : depuis quelques itérations les karts peuvent quitter le plancher des vaches pour rouler sous l’eau, flotter dans les airs ou se déplacer sur des pistes anti-gravitationnelles.

Et en ce qui me concerne, cette force tranquille commençait fortement à me lasser. J’ai beau avoir acheté deux fois Mario Kart 8, sur WiiU puis sur Switch, et même avec les DLC, si je lui reconnais ses qualités, il me fallait un peu plus de nouveautés pour réveiller ma curiosité. Et cela tombe bien.

La marge d’évolution et encore moins de révolutions reste faible dans un tel jeu de courses, qui repose autant sur ses habilités à la conduite que sur une bonne main dans l’attribution des bonus, et ce qui en sera fait. Ce Mario Kart World reste sur ses acquis, la conduite restant sensiblement la même, reposant sur la pratique des dérapages et l’emploi des items du jeu, dont la sélection a été renouvelée mais sans grandes surprises.

Cependant, il propose plusieurs nouveautés dans sa manière de jouer, avec la possibilité de rouler sur certains rails ou sur les murs, les niveaux étant construits dans ce sens, mais sans pour autant que cela ne soit obligatoire pour finir la course. Cela ajoute de nouvelles et nombreuses possibilités dans les raccourcis, avec de nouvelles exigences, le saut mal réalisé, la sortie de route ne sont pas loin, et dans la folie des items qui s’en prennent aux joueurs, réaliser de « beaux » raccourcis est bien difficile. Des compilations sur Internet montrent certains exemples, que ces nouveaux systèmes rendent parfois surprenants, pour certains complètement « WTF ».

Car ce Mario Kart World rompt aussi une certaine monotonie de la série, pour donner une sensibilité plus arcade, voire plus bordélique. Elle rappelle une certaine folie qui émanait de Mario Kart Double Dash sur la Sainte GameCube, l’opus qui se détachait alors le plus des canons de la série. Soit un curseur assez fortement réequilibré vers l’avantage des bonus et les désavantages des malus, plutôt que sur le « beau jeu ». Ce qui n’est pas au goût de tous, qui aspirent à «leur »  Mario Kart tranquille, sans items, un Mario Kart sans aléatoire et où seul le talent entrerait en compte. Un Gran Turismo à la sauce Nintendo, et expurgée de sa fantaisie et sa frénésie, en caricaturant.

Oui, un Mario Kart peut et doit être frustrant, parce qu’une carapace rouge aura coûté une victoire, mais il est aussi jouissif quand une carapace rouge bien placée suivi d’un dépassement nous offre la victoire, et tant pis pour l’esprit Coubertin. Les quelques modes en solo, avec un doublement de la population de fourbes, passant ainsi à 24 protagonistes à roulettes, sont ainsi parfois agaçants pour obtenir la meilleure récompense, même si depuis Nintendo a adouci la difficulté. En online, cet aspect bordélique qu’il faut utiliser et contenir au mieux est complètement exacerbé, où il faut faire au mieux avec le chaos des objets, c’est éreintant, parfois amusant, parfois énervant. Mais cela réattribue les chances, ceux qui connaissent les meilleurs raccourcis peuvent être plus facilement rattrapés et il y a une certaine énergie et une tension palpable où chacun joue pour sa peau qui peuvent être galvanisants, tant que ces règles du jeu sont acceptées.

Si ce Mario Kart n’est pas numéroté, mais baptisé comme « World », c’est aussi pour la construction de ses pistes. Tous les circuits sont intégrés dans une gigantesque carte, avec différentes routes et environnements. Leur construction est très réussie, bien travaillée, avec plusieurs temps forts par courses, d’autant que les tours requis ne passent pas forcément aux mêmes endroits, libérant d’autres tronçons au tour suivant, ou offrant un gigantesque parcours unique. Il s’agit de toujours renouveler l’attention, avec même quelques éléments de décors qui apportent un peu de vie ou interagissent avec la piste, tout en proposant plusieurs approches, avec les nouvelles possibilités de raccourcis.

Avec le passage à 24 compétiteurs sur karts ou motos, ces circuits ont tout de même dû être modifiées, avec des tronçons plus élargis, avec quelques lignes droites vastes. Ce choix a fortement été critiqué, peut-être avec exagération. Ces moments peuvent être plus calmes, quand de la distance a été prise avec les autres, ce qui peut permettre de souffler un peu, ou plus agitées quand on se retrouve pris dans un peloton armé jusqu’aux dents et à nos dépends. Les virages serrés, les raccourcissements de piste, les pièges sur l’asphalte, les raccourcis compliqués ou autre restent présents, avec quelques passages tout de même tendus, à négocier en serrant les fesses sur son siège.

Ce monde ouvert peut être parcouru en mode ballade. Ce qui me permet de faire un aparté. Dans Mario Kart 64 il était possible sur la course « Royal Raceway » de prendre un chemin détourné pour se promener autour du château de Peach. Il n’y avait aucune chance de reprendre la compétition et de gagner, mais c’était une charmante attention des développeurs, en plus d’être un clin d’oeil à celui de Super Mario 64. Et cela titillait une certaine curiosité, celle de pouvoir explorer librement d’autres circuits, de découvrir d’autres éléments du décor, et de juste profiter d’une petite randonnée sur roues.

Il aura fallu un certain temps mais ce Mario Kart et donc World me permet enfin de répondre à ce fantasme vidéoludique. Explorer cette carte permet ainsi de comprendre comment le tracé des circuits classiques a été réalisé, tout en découvrant de nouvelles perspectives et de nombreux pans alors invisibles dans l’énergie des courses.

Il a été reproché à ce monde-ouvert visitable d’être vide. Ce qui reste curieux. Car outre le plaisir de se « balader », comme l’indique le nom du mode, il y a plusieurs centaines de défis, de pièces à collectionner et de dalles cachées à rouler dessus, en plus de costumes alternatifs mais qui peuvent aussi être débloqués dans les autres modes. La récompense débloquée est minime : un petit insigne à mettre à côté de son nom et bien trop petit pour profiter du talent des graphistes qui se sont amusés sur ces logos. Mais ils offrent pourtant une meilleure connaissance des mécanismes du jeu et de ses circuits, avec des défis qui reposent sur des courses, des collectes ou des parcours à suivre, avec de nombreuses variations. Certains plus techniques, notamment ceux reposant sur l’utilisation des grinds et des wall-jumps permettent ainsi de se familiariser avec ces nouveautés, ce qui n’est pas toujours possible dans le feu de l’action des courses. Pour les pièces et les dalles, il faut d’ailleurs parfois se creuser la tête, pour comprendre comment le jeu veut nous faire parvenir à y accéder.

La difficulté est accessible, même si certains sont tout de même bien coriaces, pour aussi offrir aux plus jeunes la possibilité d’avancer, Mario Kart restant un jeu familial. Il y a ainsi vraiment beaucoup à faire dans cette exploration, offrant une durée de vie gigantesque pour qui voudrait en faire le plus possible. C’est moins frénétique et fourni que dans un Forza Horizon, à la rigueur, mais avec une différence de taille : dans ce genre de jeux de course en monde ouvert la plupart des activités sont indiquées sur la carte, quand ce Mario Kart World n’indique pas leur emplacement, forçant le joueur à devoir les dénicher, sans que ça ne lui tombe tout cuit dans le bec.

L’inconvénient, c’est qu’une totale complétude semble en l’état du jeu quasiment impossible, sans savoir où il reste ce qui manque. En faisant du hors-piste, il est aussi possible de découvrir certains petits secrets ou mises en scène, même si certains endroits peuvent sembler un peu vides. A l’inverse, près des routes ou dans les circuits urbains, il y a toujours des personnages en ballade, en plus des véhicules sur la route, de même qu’on peut trouver aussi des ennemis sur les cartes ou des Toad pêchant paisiblement. Le manque de « vie » de cette carte dépend aussi de ce qu’on veut bien en voir, n’en déplaise à certaines critiques. Certaines personnes reprochent aussi la vitesse proposée, il n’est pas certain qu’une vitesse 200CC serait vraiment bénéfique à ce mode, dont on risquerait aussi de perdre ce rythme « chill » de la ballade.

D’autant que ce mode ballade existe aussi pour souffler entre quelques courses en ligne agitées, des grands prix tendus pour avoir la première place avec trois étoiles et les parties dans le nouveau mode « Survie ». Ce dernier propose plusieurs parcours au sein de la carte qui reposent sur le principe bien connu et parfois usé de tous les modes « Battle Royal », mais qui s’intègre parfaitement bien à ce Mario Kart. Chaque parcours est ainsi divisé en plusieurs tronçons, qui demande ainsi d’être dans les 20 premiers à le franchir, jusqu’à l’arrivée où il n’y aura plus que quatre concurrents en jeu pour franchir la ligne. C’est terriblement prenant, d’autant que la tension monte d’un cran selon les bonus et malus reçus et le passage aux différents relais qui rétrécissent le nombre de joueurs demandé, à jouer des coudes pour rester en piste.

Ce Mario Kart World reste sur ses bases, mais propose une longue liste de nouveautés qui lui apportent un véritable air frais. Ce Mario Kart est encore plus joyeux, plus funky, avec tous les personnages ajoutés et ses musiques vraiment entraînantes, ses circuits où l’ennui en est chassé, très vivants, malgré quelques uns moins intéressants. Il est aussi l’un de ceux où la roulette russe de l’octroi d’items est encore plus sauvage, dans une ambiance certes très « Party » mais où la conduite et ses talents sont en retrait. Ce qui peut frustrer. Il divise, surtout auprès de ceux qui apprécient une conduite sérieuse, propre, millimétrée, et il est vrai que le manque d’options pour personnaliser ses parties n’est pas en leur faveur, mais ce n’est pas aussi la philosophie de la série d’être trop sérieux, il faut l’accepter.

Et pour ce qui est de cette construction audacieuse en open-world, et surtout le mode qui permet d’en profiter les recoins et de laisser reposer la gomme de ses pneus, les critiques s’avèrent peut-être trop sévères, peut-être même conservatrices. Le contenu est là, encore faut-il le trouver et le réussir, et même si la carte n’est pas parfaite, il s’agit d’un premier pas déjà solide et dans la bonne direction.

Cependant, ce Mario Kart est aussi le symbole d’une politique d’inflation des prix par Nintendo, aussi bien sur le plan du matériel que des jeux, devenant le jeu vidéo proposé au prix public le plus élevé. C’est une pilule difficile à avaler pour une compagnie qui proposait jusque là des tarifs plus accessibles que ses concurrents, justifiables par une console moins performante techniquement. D’un point de vue technique ce Mario Kart World est réussi, il est propre, en plus d’être coloré et charmant, mais il ne peut pas avoir la même carrure que d’autres concurrents, l’open-world en mode ballade est ainsi un peu flou, même s’il faut lui reconnaître qu’il tourne bien sur une console portable. D’un point de vue fun et contenu, le jeu coche les cases, même si certains choix ne sont pas acceptés par tous. Mario Kart World fait le choix de ce prix haut, malgré le fait qu’il soit un produit d’appel (notamment intégré dans un pack de lancement) et qu'il n'ait pas (encore ?) été suivi d'une politique de contenu supplémentaire par des mises à jours.

Et moi ? Je m’éclate, retrouvant le fun joyeux de Mario Kart, profitant de tout ce qu’il à m’offrir.

SimplySmackkk
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