En pleine découverte de la saga Metal Gear Solid (MGS), je commence le deuxième épisode en étant assez confiant après la déception qu'était le premier jeu. En effet, MGS2 est le seul jeu de la série auquel j'ai déjà joué. Il m'avait été prêté il y a longtemps. Même si je me rappelais peu du jeu en lui-même je me souvenais qu'il m'avait plu. Et il me plaît toujours autant.


Nous retrouvons donc Solid Snake deux ans après les incidents de Shadow Moses. Il a pour mission d'infiltrer un cargo afin d'obtenir des preuves de la présence d'un Metal Gear à son bord. La mission ne va pas bien se passer et Snake sera laissé pour mort. Deux ans plus tard, une prise d'otages a lieu sur une énorme installation maritime. Le Président des Etats-Unis en personne est fait prisonnier. L'inexpérimenté Raiden est envoyé pour sauver tout le monde.
La deuxième mission étant la plus longue, nous contrôlons le jeune Raiden pendant la majeure partie du jeu. Je crois me souvenir que ce personnage avait beaucoup déplu aux fans lors de la sortie du jeu. Hideo Kojima avait en effet manipulé tout le monde en gardant le secret sur le deuxième personnage jouable jusqu'à la sortie du jeu. Je trouve ça génial. Aller jusqu'à modifier les images et vidéos diffusées pour faire croire à tout le monde que Snake est le personnage jouable c'est quand même osé !
Et puis j'aime bien ce Raiden. Il est inexpérimenté, dépassé par les événements, manipulé. C'est un vrai personnage, vraiment développé. Et sa présence dans le jeu prend tout son sens quand on approche de la fin.


Et pour arriver à cette fin il va falloir infiltrer et traverser la Big Shell. Le gameplay reste à peu de choses près le même que dans MGS, on retrouve donc très vite ses habitudes. Les phases d'infiltration sont par contre plus longues et plus nombreuses que dans le premier opus, ce qui est bienvenu.
Si j'ai pu pester contre la maniabilité du premier MGS, mon expérience n'a pas été gâchée dans celui-ci. Changement de console oblige, le personnage contrôlé est moins rigide, plus rapide, a une plus grande palette de mouvement et il est devenu plus facile de viser. Bien sûr il reste quelques problèmes, l'assignation de certaines actions aux touches de la manette ne sont pas très pratiques et la vue de dessus n'est vraiment pas optimale pour un jeu d'infiltration (surtout quand le radar est désactivé). Mais ce ne sont pas des défauts qui vont gâcher le jeu.


Sur son chemin, Raiden va croiser tout un tas de personnages et d'ennemis. Certains déjà connus, d'autres nouveaux. Comme dans le premier jeu un vrai travail a été fait pour développer tous ces personnages. Ils ont tous leurs histoires, leurs motivations, les boss ne sont pas de simples ennemis à battre. Les choix de certains d'entre eux sont parfois parfaitement compréhensibles.
Un mot par rapport à ces boss, justement. Les combats sont bien plus simples que dans le premier jeu. Et ça ressemble bien plus à ce qui pourrait se voir dans d'autres jeux. Les affrontements sont bien moins originaux que dans MGS. Mais tout est fait pour iconiser les ennemis. Ils prennent des poses pas croyables et tout dans la mise en scène est fait pour rendre les personnages imposants et inoubliables. Mais ça en fait des tonnes.
Et dans le jeu en général, d'ailleurs, la mise en scène en fera sans cesse des tonnes. C'est la façon de faire à la japonaise mais ça ne me plaît pas. Un peu plus de sobriété n'aurait pas été de trop.


Tout au long du jeu je me suis quand même dit que ça ressemblait beaucoup au premier MGS. Plusieurs fois je me suis même demandé si c'était pas carrément un remake de ce dernier. Jusqu'à arriver dans l'Arsenal Gear et avoir les révélations finales.


Toute la première partie dans ce Metal Gear géant était assez perturbante. Les discours des alliés de Raiden n'ont plus aucun sens, le quatrième mur est brisé plus d'une fois, l'image fait des siennes et affiche un écran de game over alors que le jeu continue, ... Finalement j'ai adoré cette partie ! Pendant les quelques minutes que ça a duré j'ai vraiment eu l'impression que c'est le jeu qui jouait avec moi. Que j'étais moi-même manipulé.
Manipulation qui est le cœur du scénario. On apprend qu'en fait toute la mission n'était qu'un énorme mensonge. Raiden était manipulé, les terroristes eux-mêmes était manipulé et le joueur que je suis l'était aussi. La mission n'était qu'une recréation de l'incident de Shadow Moses. Le but était de faire de Raiden un soldat qui serait l'égal de Solid Snake, et recueillir toutes les données de mission. On apprend l'existence des Patriotes (une société secrète qui manipule et dirige le monde), puis Ocelot s'enfuit avec les données en laissant Arsenal Gear foncer sur New York. Le jeu aurait dû se terminer ici, sur un dernier combat. Mais non. La fin gâche tout.
La toute fin du jeu fait exactement ce que je reproche à la mise en scène : elle en fait trop. On a droit à 20 minutes de discussions inutilement compliquées sur les tenants et aboutissements de tout ce cirque. L'un des buts des Patriotes était aussi d'infecter Internet d'une intelligence artificielle qui allait décider de ce qui devait être transmis aux génération futures. Les thèmes alors abordés sont furieusement d'actualité à l'ère du tout numérique. Mais la façon de présenter tout ça, en enchainant les rebondissements, les manipulations et les discours à rallonge alourdit totalement le propos et fait tout tomber à l'eau.


Je reprochais à MGS d'avoir un énorme potentiel scénaristique et de faire n'importe quoi au niveau du traitement. Ce MGS2 s'en tire nettement mieux à ce niveau. En abordant des thèmes finalement en avance sur leur époque, en présentant des personnages travaillés avec une vraie personnalité, en offrant un scénario dense et riche en rebondissement. Mais Hideo Kojima a voulu en faire trop, aborder trop ce choses et au final la fin du jeu se trouve totalement alourdie d'information et en devient incompréhensible.


A la fin on a un jeu que je trouve bien meilleur que son prédécesseur, malgré quelques petits défauts. Agréable à jouer, passionnant, j'en demandais encore. Dommage que la fin gâche tout en voulant en faire trop. Je me réjouis quand même de la suite.

Barbichef
7
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le 10 juil. 2016

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Barbichef

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