Entre exigence et frustration

Returnal est, malgré sa date de sortie prématurée sur cette génération, l'un des jeux les plus aboutis techniquement.

Que ce soit au niveau de la DA, qualité des graphismes, des effets ainsi que l'utilisation de la Dualsense (avec le tir principal / tir secondaire), on ne peut que saluer la réalisation d'Housemarque sur leur première grosse production PS5.

Au delà de ça, on retrouve un rogue lite classique sci-fi assez intéressant. La découverte des nouvelles zones / planètes se veut plutôt naturel, bien qu'on puisse lui reprocher un certain manque créatif sur les décors. En effet, le jeu nous offre la possibilité de parcourir différentes planètes, ayant toutes leurs zones organisées aléatoirement, bien qu'en réalité, au delà de leur identité propre, ses planètes ont des "biomes" qui se ressemblent pas mal entre eux et on peut saturer de voir les mêmes décors, typologies de salles et ennemis.

Ce reproche est accentué par le parallèle qu'on retrouve au fil des différents "actes" où, sans vouloir spoiler, plusieurs ressemblances sont faites entre certains lieux, qui sont certes ré-exploités, mais qui augmentent donc aussi cet effet de répétition.

Côté gameplay, le feeling est plutôt agréable et une fois les différentes mécaniques et interactions bien prises en main, il devient réellement plaisant de jouer, et c'est peut être l'une des meilleures forces du jeu.

En revanche, et son genre l'oblige, la difficulté couplé au manque à gagner sur la progression globale peut générer une assez grande frustration.

Les récompenses permanentes existent mais se font plutôt rares et ne suffisent pas à compenser les différents échecs à chaque progression, notamment lorsqu'elles-ci sont avancées, et que l'on se rapproche de la fin d'un acte.

Il est toutefois intéressant de souligner la présence, totalement bienvenue, de "raccourcis" permettant d'éviter de re-parcourir constamment toutes les zones d'un acte lorsque nous avons déjà bien avancé sur celui-ci.

Le jeu, au travers des récompenses qui survivent à chaque progression, apporte quand même son lot de nouvelles armes, mécaniques et adversaires au fil du jeu, qui font ressentir au joueur malgré tout un sentiment de progression et apporte un vent de fraîcheur notamment après les larmes de frustrations qui apparaissent après un boss-fight perdu, nous poussant à inévitablement recommencer.

L'histoire est quand à elle pas digne d'une des plus grandes réalisations de l'histoire du cinéma, mais prends un parti pris peu exploité qui apporte son lot de surprise. On retrouve notamment, en plus de l'aspect science-fiction de l'oeuvre, une certaine partie "psychologique" autour des souvenirs, des différents cycles, ou encore des séquences dans le "manoir". Cet effet m'a pas mal rappelé ce que Remedy a réalisé avec Control, et la proposition d'Housemarque illustre une certaine forme de nuance au récit avec une touche d'angoisse / d'étonnement et de questionnement perpétuel autour du vécu de Selene, la protagoniste, et de son évolution dans ce monde qui semble autant vouloir l'accueillir que la repousser.

Dans l'ensemble, Returnal est un bon jeu qui se voit doté d'une technique et d'un ressenti manette en main quasi-irréprochables, une boucle de gameplay à améliorer et une progression / exigeance qui peut autant récompenser que frustrer. Il ne s'agit pas d'un excellent jeu, ni d'un mauvais, il est au contraire plutôt bon et vaut réellement le détour pour ceux qui apprécient ou veulent s'essayer à ce genre.