C'est la question que je me pose sincèrement sans vraiment réussir à me prononcer tant le jeu démontre quelques orientations prometteuses par certains aspects d'un côté mais beaucoup d'éléments noirs de l'autre qui confirment ma première impression sur le jeu précédent, à savoir que la série s'aventurait sur une pente très glissante...


En fait, pour être plus précis, ce Sherlock Holmes donne l'impression qu'il aurait pu être un grand jeu avec soit le budget ou la gestion financière (jeu moche comme Deadly Premonition mais très riche) associée mais d'un autre côté il est difficile de voir en lui deséléments qui pourront s'améliorer dans le futur et orienter ainsi la série sur de bons rails.


Pour comprendre un peu l'évolution de la série (je ne garde que les épisodes sortis au moment où Sherlock Holmes a donné des jeux décents et non pas des P&C low cost du genre Agatha Christie), il suffit de garder à l'esprit les ingrédients majeurs qui ont permis à ce jeu d'acquérie une base de fans fidèles bien qu'assez retreinte :



  • Sherlock Holmes : et quel Sherlock Holmes ! Un personnage aux traits expressifs arborant un air légèrement supérieur et classe, un vrai British au charme suranné


  • Un scénario de qualité porté par de bons doublages en VO et des intrigues intéressantes : et tout ceci bien ancré dans les classiques anglais dont bien entendu l'univers de Sherlock


  • Une ambiance un peu sombre nous immergeant pleinement dans la vie Londonienne


  • Des mécanismes de gameplay intéressants, simples mais efficaces en lien avec l'activité de détective : la table d'examen des preuves, les puzzles, interrogatoires, etc.


  • Un lien cohérent entre enquêtes et énigmes (la plupart du temps) : on évite ainsi le problème classique des P&C, proposer des énigmes sans logique/intérêt scénaristique



Bref, Sherlock Holmes, bien que pas forcément parfait et un peu raide, proposait au jour un univers de qualité ainsi qu'un gameplay de qualité pour un P&C 3D (ce qui est assez rade au passage).


Progressivement, Frogwaves s'est dit qu'il pourrait élargir son public en introduisant de plus en plus deux orientations populaires : le film interactif (pour son aspect cinématographique et dynamique), l'action aventure (pour sa variété de gameplay).


Pour tout dire, la transition ne se passait pas si mal que ça même si les carences évidentes du studio en termes de maîtrise du dernier genre de la liste et de budget associé m'inquiétait de plus en plus.
En effet, le Testament de Sherlock Holmes était un épisode de transition plutôt réussi avec son concept de scénario agréable et son côté aventure plus marqué, le tout en gardant la qualité des puzzles de la série.
Crimes et Châtiments quant à lui était un épisode de rupture qui intoduisait les bases de la nouvelle orientation de la série :



  • un découpage en petites enquêtes très marqué


  • de nouveaux éléments de gameplay plus ou moins réussis : les portraits, les reconstitutions, les déduction (pour les bons), l'action (moins bien)


  • un orientation carrément plus cinématographique avec des énigmes en retrait et un fil rouge presque disparu



Au demeurant, le jeu était plutôt sympa grâce à des histoires assez variées et un équilibre global plutôt correct. Bref, il bénéficiait en quelques sortes du bénéfice du doute du pionnier.


Suite à ces évolutions récentes, il était tout naturel de retrouver ces nouveautés dans The Devil Daughter qui est sorti étonnamment dans l'indifférence générale.
Mais en réalité, ce nouvel épisode s'avère plus ambitieux que le précédent et essaie même de renouer avec les énigmes et puzzles, ce qui n'est pas forcément une mauvaise nouvelle (au contraire).


De même, le jeu tente un pas plus franc du côté de l'action-aventure avec des phases de chasse à l'homme, du QTE plus varié, du boulingrin (= d ela pétanque) et même une sorte de "donjon" style action-aventure (c'était bref et très limité à cause de la jouabilité P&C 3D mais ça y était quand même).
En fait, je ne vais même pas rentrer dans le détail car au fond le jeu essaie presque tout. Et qu'est-ce qui se passe traditionnellement quand on veut tout essayer ? Eh bien on essaie tout de manière assez superficielle en tapant éventuellement dans le mille 9 fois sur 10.
Evidemment, c'est ce qui s’est passé dans ce jeu dont les mécanismes sont la plupart du temps moyens ou superficiels voire mauvais...en témoigne le premier acte qui est le pire du jeu, absolument mauvais (il m'a fait presque abandonner la partie dès le début).


En réalité, le jeu est surtout sauvé par ses anciens mécanismes parfois (légèrement) améliorés, comme le montrent les actes 2 et 3 plus longs et denses comme dans Crimes et Châtiments (même si la fin de l'acte 2 à base de "donjon" est vraiment pénible).
Au niveau scénario, il y a de bons moments comme avec Orson Wilde dans l'acte 3.


En sus, The Devil Daughter réintroduit un fil rouge tout le long du jeu dont le centre est sa fille adoptive , en réalité la fille d'un criminel et de sa voisine un peu bizarre qui s'occupe de cette dernière.
C'était une bonne nouvelle de prime abord jusqu'à ce que l'on se rende compte à quel point le traitement de cette intrigué était superficiel à tel point que le final qui aurait pu clore une grande aventure ne fait ni chaud ni froid. De fait, les dialogues avec la fille et l'approfondissement du background de l'histoire sont tellement peu nombreux qu'on se demande si c'était une bonne idée de repasser à ce mode de progression.


Ainsi, là où le jeu échoue malgré les bonnes volontés et le gameplay pas si désastreux au final (sauf dans l'acte 1), c'est qu'il manque de cohérence générale et surtout de consistance. Non seulement le jeu est trop court mais en plus il est de qualité inégale (la dernière vraie affaire est ridiculement moyenne). Et par dessus tout, on a du mal à y voir un miroir de ce qui allait se passer dans l'acte final.
Faute de moyens ou de maîtrise, il aurait peut-être fallu CHOISIR une orientation et s'y engager pleinement. Personnellement, j'aurais préféré avoir une seule intrigue au regard de ce que j'ai vu. Seulement, il a peut-être été difficile de se détacher de ce qui avait fait le petit succès du précédent auprès d'un public plus large.


Une déception donc même si au demeurant el jeu n'est pas si désagréable que ça à jouer.


PS : j'ajoute un point que je trouve important - le nouveau Sherlock Holmes, même si on s'y habitue, n'a rien du caractère du précédent qui était un des éléments forts de la série. Le voir en père aurait peut-être été moins crédible mais si je devais faire un choix je garderais les anciens personnages qui étaient quasi-parfaits.

Foulcher
5
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le 1 août 2016

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Foulcher

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