Jeu difficile à appréhender, à juger, à jauger. Sous quel angle le regarder et l'analyser ? Celui du retour d'une licence culte (pour un opus réellement nouveau on s'entend) après plus de 10 ans ? Celui d'un célèbre auteur, encore prolifique malgré une œuvre déjà conséquente ? Ou, tout simplement, en tant que jeu vidéo ?
On va grandement simplifier la tâche et scindant le raisonnement en deux : d'abord sur l'approche du jeu en tant que tel et sur le fond de l’œuvre, sans divulgâchage.
En terme d'expérience ludique, SH f est un jeu... correct. Pas moins mais pas plus. A mon sens, je dirais qu'il est malheureusement en deçà des meilleurs SH, et bien en dessous du dernier bon survival horror (je parle bien sûr d'Alan Wake 2, pas de RE8...) : la faute en revient à un certains nombre de choix discutables; le jeu ne sait pas exactement si il doit faire des combats volontairement "pénibles" et à l'ancienne, ou faire comme dans darque saoulze (oui encore lui) : il tente de faire un peu des deux, pour un résultat très mitigé, qui a tendance à souffler le chaud et le froid selon l'ennemi en question, la difficulté que vous choisirez, avec des moments parfois pénibles, parfois injustes, parfois inutilement dans la surenchère (les deux dernières heures en mode Brouillard : plus jamais) ou plus simplement parfois assez ennuyeux.
Une pénibilité qui sera renforcé par le fait d'avoir à faire plusieurs runs pour réellement mesurer les tenants et les aboutissants de l’œuvre et l'évolution de Hinako, le personnage principal. Plusieurs runs, donc plusieurs fois les mêmes combats, mais aussi les mêmes puzzle : pas très difficiles mais souvent assez tordus (la boîte dans l'école), il faut leur reconnaitre la continuité de ce à quoi nous a habitué Silent Hill sans hésiter à déplorer la piètre qualité (ou intérêt) de certains. La structure du jeu au global est assez linéaire, pour une expérience au final satisfaisante et une aventure sympathique.
Mais c'était sans compter sur le talent de Ryukishi07, qui a vraiment pris le projet à cœur et a imprimer sa vision de la licence pour en faire quelque chose d'incontestablement à la hauteur de la réputation du créatif et de la saga : sans avoir à en douter, SH f est bien le jeu d'auteur que la plupart d'entre nous désiraient. Il reprend la dualité, la névrose, la schizophrénie, l’ambiguïté d'un être qui se cherche (et surtout, qui subit...), pris dans les tourments de sa société, de sa famille, de ses amis le tout sous l'angle du prisme métaphorique du folklore nippon.
Difficile d'en dire plus, mais sur le fond de ce qu'il nous dit, SH f est un récit largement à la hauteur de ses prédécesseurs avec un ensemble de thématiques qui se concentrent avec brio dans une histoire qui mérite d'être vécue : à condition d'accepter les errements de gamedesign et d'avoir la patience d'aller au delà de la première run, ce qui visiblement est trop demandé pour certains vu quelques retours... Ce qui est dommage, mais compréhensible (ou presque compréhensible, certains n'ont visiblement pas chercher à aller très loin dans l'analyse du jeu)