Moins d’un an après avoir un sorti un remake très réussi de l’épisode le plus populaire de la série, à savoir Silent Hill 2, Konami nous sort cette fois un épisode complètement inédit, dont l’action se situe cette fois dans le japon des années 60. Pour le meilleur, ou pour le pire ?
Le décor a beau être complètement nouveau, le jeu respecte complètement l’ADN de la série. Il s’agit donc encore d’un survival horreur, au déroulement plutôt linéaire, dans lequel le joueur incarne une héroïne torturée qui va devoir survivre dans une ville hostile envahie de créatures flippantes et enveloppée d’un brouillard mystérieux. On retrouve encore ici les éléments de gameplay les plus emblématiques de la série – je pense par exemple aux armes de corps à corps dépouillées, où à cette fameuse carte qui s’annote toute seule.
Le point fort de ce nouvel opus, c’est son ambiance et sa direction artistique qui nous plonge immédiatement dans une société rurale japonaise patriarcale et oppressante. Les décors sont très réussis, les musiques et l’atmosphère sonore irréprochable. Le jeu arrive a être vraiment horrible et angoissant : du très bon boulot à ce niveau là. La technique est très bonne, dommage que quelques vilains ralentissements aient pu surgir ici et là.
Le gameplay est globalement bon et la maniabilité intuitive, mais j’avoue avoir peu apprécié le système de combat, pourtant bien mis en avant. En soi, l’abandon des armes à feu, je ne trouve pas que ce soit une mauvaise chose, mais ce système de corps à corps est tout de même assez relou à la longue et montre assez vite ses limites. Les attaques des ennemis sont souvent difficilement identifiables et les esquives sont un peu aléatoires, et j’aurais aimé pouvoir faire des contre-attaques beaucoup plus souvent mais ce n’est pas toujours possible. Au passage, je précise que j’ai choisi sans aucun regret de faire le jeu en mode « histoire » pour la partie action, et malgré ça, j’ai quand même galéré à quelques endroits – surtout lors du rush final, pas très inspiré, qui consiste simplement en un enchainement couloir de phases de combats. Dommage parce que la mise en scène des combats de boss est quand même assez classe.
D’ailleurs, concernant le level-design, c’est correct mais sans rien d’extraordinaire, les niveaux sont relativement bien construits mais si certaines énigmes sont réussies, d’autres sont décevantes et reposent parfois sur de gros coups de chances – je pense par exemple à une énigme avec une boite à ouvrir ou il faut choisir des motifs (il va falloir m'expliquer ce que les développeurs entendaient par "fruits aigre-doux"), ou encore ce drôle de passage dans un champ où il faut observer le visage des ennemis figés : on nous explique à un moment donné qu’il faut examiner celui avec un « sourire forcé », sauf qu’il y en a 3 ou 4 dans ce cas là, et il faut donc les essayer les uns après les autres jusqu’à tomber sur le bon, et se taper potentiellement quelques combats inutiles entre-temps.
Côté scénario, c’est pas trop mal mais un peu bancal. J’ai eu immédiatement beaucoup d’affection pour le personnage principal et pour le calvaire qu’elle subit, les personnages sont bien écrits et ont chacun leur importance, mais, durant toute la partie, il m’a manqué un objectif, un petit suspense, un enjeu clair : là, pendant la dizaine d’heure de jeu, j’ai surtout eu l’impression de suivre bêtement mes compagnons et de suivre les indications données sans trop comprendre le déroulement de l’intrigue. Heureusement, tout de même, le jeu comporte quelques réjouissantes cinématiques bien crades et horrifiques, dignes du genre.
Silent Hill f est donc un jeu loin d’être exempt de défauts et dont la qualité globale se situe selon moi en dessous du remake de Silent Hill 2 sorti l’an dernier, mais il y a indéniablement du savoir-faire, et son ambiance très travaillée en fait une valeur sûre qui devrait satisfaire les fans du genre.