Difficile de citer des rpg européens sans passer par The Witcher. Les raisons sont évidentes. D’une part, les rpg qui proviennent du vieux continent ne se bousculent pas, et The Witcher est l’une des plus grandes œuvres vidéoludiques des années 2010. N’ayant jamais touché à la licence, il m’a semblé logique de commencer par le troisième jeu. On y incarne Geralt de Riv, qui est un espèce de vagabond mercenaire mutant bad ass. L’empereur himself lui demande de retrouver Ciri, progéniture de ce dernier et fille adoptive de Geralt. Ainsi, nous voici lancés dans une aventure de plus de cinquante heures, dans un monde qui nous parait étranger, mais pas pour notre personnage.
C’est assez déroutant et limite frustrant. On ne cesse de sentir les éventuelles références aux anciens jeux. On sent que Geralt est allé un peu partout et possède de nombreuses connaissances. Pourtant, on est rarement perdu. Chaque évènement ou chaque personnage nommé est développé via des dialogues optionnels. C’est confortable et on se laisse prendre par l’histoire. Celle-ci est par ailleurs narrée avec une maestria remarquable. Toutes les quêtes font un minimum d’efforts pour ne pas sembler infectes à parcourir, même ce qu'on y fait devient rapidement redondant. On a droit à une écriture qui nous porte à travers un univers et une ambiance réussies. Les choix sont par moment cornéliens, on est dans l’hésitation constante et après le choix fait, on hésite toujours. On se questionne si c’était la bonne chose à rétorquer. De même pour les personnages qui ne sont pas manichéens et offrent une nuance des plus appréciables. Le doublage est tout à fait correct et la mise en scène est suffisante. Sans parler de l’aspect graphique somptueux. La version PS5 montre un réel glow up par rapport à la version PS4. De même pour l’ambiance musicale qui sait se montrer entêtante. Le seul point regrettable de tout cela, c’est qu’au bout de plusieurs heures, on sent une redondance dans les voix et les designs des PNJ. Ça tourne vite en rond et on finit par se dire « Encore lui ? ». Ils sont pourtant nombreux et variés, mais ne suffisent pas à recouvrir les innombrables dialogues et quêtes. Pour continuer sur une note positive, le gwynt, jeu de cartes de l’univers, est prenant, malgré la part de RNG inévitable.
Si l’écriture et l’ambiance du jeu sont irréprochables, ce n’est pas la même béchamel en ce qui concerne de nombreux autres points. Les combats sont détestables. Du début à la fin, chaque combat prouve que le système est bancal et confus, encore plus quand il y a plusieurs ennemis. Les patterns des monstres sont souvent peu lisibles et on finit par prendre des coups gratuits. Le jeu n'a pas de réels boss, hormis le boss de fin et ceux des DLC. Dans ce genre de situation, la caméra fait n’importe quoi, c’est aberrant. Que dire de la quantité déraisonnable de potions qu’on n’utilise jamais ? On se contente de ramasser des fournitures au hasard et de temps en temps, on regarde si par hasard on peut préparer une nouvelle recette. Je n’ai même pas utilisé le système de craft d’armes et d’armures. Il faut dire que les menus sont peu pratiques et très mal pensés pour une console. Pourtant, les premiers soupirs ne viennent pas de tous ces éléments. Le cheval est un gag à lui seul. Il se bloque, s’arrête et prend des initiatives tout le temps. Tout cela n’est pas le pire. La version PS5 est buguée comme un projet étudiant. Le jeu a crashé une dizaine de fois. Même ma console moulinait sur une longue durée. Les cutscenes nous font sortir du jeu avec la caméra qui passe à travers les éléments de décor ou des pnj. Et la fin peut paraitre frustrante. En effet, on passe plusieurs heures à faire des choix et à guider Geralt vers un modèle qu’on espère être celui qui nous convient. In fine, seule une poignée de choix, parfois anecdotiques, ont une réelle importance. Sans parler du flou de certaines réponses. Il arrive que nous n’interprétions pas de la même façon une réplique de Geralt avant qu’elle soit prononcée. Cela occasionne des dialogues qui vont dans le sens opposé à ce que l’on souhaite. Malheureusement, c’est un défaut inhérent à cette formule.
Bref, The Witcher III est remarquable grâce à la profondeur de sa narration, mais nous fait pousser des crises de nerf à cause de défauts qui paraissent évidents. Ces derniers semblent n’avoir pas été la priorité des développeurs. Je dois avouer que jouer à ce jeu m’a donné une envie irrésistible de jouer aux deux premiers épisodes, en attendant sa suite. The Witcher III n’est pas parfait, mais dénote tellement dans le paysage en 2015, qu’il a su marquer l’industrie pendant de longues années après sa parution. C’est surement le panache des grands jeux.