Mon Top 1962

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Beau et inquiétant à faire exploser le cœur...

Mes dernières larmes "cinématographiques" remontaient à mon voyage au travers du "Miroir" (1) du génie russe Tarkovski , devant les plans touchés par la grâce du visage de Margarita Terekhova / Maroussia. Et voilà que quelques images esthétiquement très proches viennent de me provoquer une émotion aussi intense, celles d'une beauté quasi-élégiaque, soulignée par des éclairs de musique liturgique orthodoxe, à vous faire exploser le cœur ... Hélène Chatelain, je vous aime.

Et un formidable petit documentaire : http://videos.arte.tv/fr/videos/blow_up_les_50_ans_de_la_jetee-6408192.html

(1) http://www.senscritique.com/film/Le_Miroir/critique/12443207

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Attention film immense ! Et c'est LA quiche en westerns qui vous le dit. Mais cet "Homme qui tua Liberty Valance" est-il réellement un western ? Oui, non, en réalité on s'en fout car une seule chose est sûre, il est de toute façon bien plus que cela. Grand film politique, au sens très très noble du terme, romance aussi, mais pas celle à l'eau de rose car tout aussi complexe et fin que le reste de ce qui est approché, décortiqué ici, film sur le bien et le mal, sans oublier le plus intéressant, l'entre deux, sur la fidélité au sens large, l'amitié, etc etc.

Si on additionne tout ce qu'il brasse on peut considérer qu'il s'agit tout simplement d'une œuvre-somme sur L'HUMANITÉ. Je sais, vaste programme, et le plus fou peut-être : John Ford réussit l'exploit de faire tout ça avec légèreté, sans avoir un seul instant l'air de donner la leçon. Que c'est fort et que c'est bon !

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Pour illustrer ma marotte du "Je me fous de ce que tu me racontes, ce qui m'importe c'est comment tu le fais", comparer le "Mandy" de Mackendrick et ce "Miracle en Alabama" est un cas d'école.

En effet si les deux traitent du handicap le premier reste collé à son sujet là où le second refuse l'explicatif pour le transcender et raconter beaucoup plus. Et la raison en est très simple : Arthur Penn est lui un immense cinéaste, il bouscule au sens propre comme au figuré ses personnages et donc le spectateur, il ne va pas chercher l'émotion facile, il la fait advenir comme une sorte de délivrance tant la tension et la violence sont immenses et vont crescendo tout au long du récit.

C'est du cinéma qui cherche en permanence l'inconfort, jusque dans le placement de la caméra et la composition des plans, il fait mal physiquement, l'état de transe des personnages (et des acteurs) est contagieux.

Bref c'est du très grand art, celui qui nous poursuit longtemps. La preuve : j'ai vu ce film il y a bientôt trois semaines et les scènes de "batailles" entre Anne Sullivan et Helen Keller ne cessent de me hanter.

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Je suis fasciné par ces films qui sont tellement beaux esthétiquement qu'ils se permettent de ne presque rien raconter, par ces réalisateurs qui avaient le talent et l'intelligence de comprendre que le grand cinéma pouvait simplement consister à laisser la grâce de Monica Vitti séduire une caméra et donc inonder un écran.

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Un William Wyler sacrément moderne, qui creuse allègrement la psychologie humaine. Et pas forcément dans ce qu'elle a de plus noble, la mécanique de la rumeur, et les dégâts qu'elle engendre, étant ausculté au scalpel. Ça c'est pour le contenu, brillant, mais il y a le contenant : mise en scène sèche, noir et blanc splendide, et un duo d'actrices pas forcément évident sur le papier mais plus que percutant. Parce que oui Audrey Hepburn savait tout jouer.

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Parfois il faut savoir mettre ses peurs de côté, oser revoir un film visionné trop jeune et qu'on a les miquettes de ne plus aimer arrivé à l'âge très avancé qui est le mien, au risque de devoir dire du mal d'un des réalisateurs de sa vie.

Mais en réalité j'ai peut-être bien fait d'attendre pour rencontrer à nouveau Jules, Jim et Catherine. Parce qu'il faut peut-être avoir soi-même vu le temps, les amours, les joies, les peines défiler pour être bouleversé par cette romance, amusé aussi par ces dialogues coquins et cette mise en scène joueuse, touché par cette mélancolie qui illumine chaque scène. Pour se délecter d'un rôle loin d'être secondaire, celui de la sublime Marie Dubois...

"J'ai toujours aimé ta nuque, le seul morceau de toi que je pouvais regarder sans être vu"

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Parfois il en faut peu pour devenir encore plus vieux c.. que quelques heures auparavant.

1962 : Georges Franju - Emmanuelle Riva - Philippe Noiret - Edith Scob

C'est noir, vénéneux, cruel...

2012 : Claude Miller (très fatigué) - Audrey Tautou - Gilles Lellouche - Anaïs Demoustier (Que celle-ci me pardonne, je l'aime beaucoup)

C'est filmé comme "Louis la brocante" et concernant les deux acteurs principaux on frôle le charisme d'un bulot.

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Avec ce film je me trouve confronté à deux choses que j'ai évoquées il y a peu, dont celle des œuvres plus ou moins intemporelles. Bien entendu quand je me suis retrouvé pour la seconde fois face à "Near Dark" dont je parlais à l'instant j'avais pris 30 ans dans les carreaux, d'où un regard qui avait pour le moins évolué, et rien de plus normal à cela. Mais certains films, très ancrés dans une époque, vieillissent fatalement plus que d'autres.

Ici j'ai eu le sentiment que ça aurait pu sortir hier, sa sobriété en faisant un objet probablement jamais à la mode donc jamais démodé. La version restaurée lui redonne en plus un éclat incroyable, ce noir undefined blanc quelle beauté ! Et Kirk Douglas, Gena Rowlands, Walter Matthau, acteur assez dément que je croise de plus en plus en ce moment, quelle classe quand même, quel charisme !

Le second point que j'ai abordé il y a quelques jours, après avoir vu trois westerns en très peu de temps, était mon souci confirmé avec le genre. Donc là je tiens le parfait contre-exemple, mais peut-on dire de ce "Seuls sont les indomptés" que c'est réellement un western ? En tout cas je sais que c'est l'aspect dramatique qui m'a emporté, même bouleversé dans ce final totalement renversant.

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Découvrir ou revoir pour la énième fois un Skolimowski est l'assurance de se prendre un bon shoot de pur cinéma, qu'on adhère totalement ou pas au sujet. Ici par exemple dès ses débuts, en apprenti de la Nouvelle Vague polonaise et sans un sou en poche, il invente formellement en permanence avec une fébrilité et une modestie émouvantes. Toujours très beau de voir la naissance d'un immense cinéaste.

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Cet "Amour pas comme les autres" est l'un des films les plus représentatifs du Free Cinema, par ses thèmes, désœuvrement de la jeunesse, conflit des générations, condition de la classe ouvrière, et son esthétique qui mettait un sacré coup de pied dans la fourmilière.

Premier film de John Schlesinger il se regarde en miroir avec celui de Karel Reisz, autre représentant de cette "Nouvelle Vague anglaise", le magnifique "Samedi soir, dimanche matin". Deux films qui montrent à quel point cette génération de metteurs en scène était les deux pieds dans son époque tout en tentant de révolutionner la façon de faire du cinéma.

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Peter Ustinov adapte Herman Melville avec une très grande rigueur, préférant le psychologique à toute forme de spectaculaire. La guerre, la mer, tout est en arrière-fond, le centre de ce récit en huis-clos se situant dans la pensée, le caractère, les motivations de personnages complexes. Et chose encore plus étonnante, sans être explicite il y dans l'air un truc très gay (pas) friendly entre tous ces hommes. De là à dire que ce "Billy Budd" aurait beaucoup plu à Jean Genet.

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Alors là la quiche a pris son pied : Peckinpah est voyou et je l'adore pour ça, il ose l'humour dans un genre que je trouve bien trop souvent engoncé dans son premier degré. Et pour le servir il a trouvé le couple idéal : Randolph Scott et Mariette Hartley.

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Il y a quelques jours j'ai eu envie d'enfin revoir le premier film de Pasolini. Et j'ai été frappé par le mélange de maturité et de liberté avec laquelle il tord, tout en le respectant, le néoréalisme. On se croirait dans un film de mafieux autant que dans la Bible...

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Ce film est aussi inconnu que son réalisateur, Claude Bernard-Aubert, et en rappelle un autre très peu vu également, "Celui qui doit mourir" de Jules Dassin. Deux œuvres situées en Gréce et qui dissèquent le fonctionnement de l'âme humaine, l'endoctrinement, la lâcheté et la folie collective. Ici c'est sur fond de guerre et la dernière partie est saisissante, quand le récit s'emploie à expliquer comment une foule, donc un collectif, n'a comme solution que le sacrifice pour venir à bout d'une idéologie. Preuve que l'absurdité du monde ne date pas d'hier...

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Découvrir un premier film a toujours quelque chose de particulier, parce que la réalisateur y met souvent tout ne sachant pas s'il y en aura un suivant, parce qu'on peut parfois presque ressentir ce que ce bébé représente d'investissement, de labeur, et donc de charge émotionnelle pour son auteur.

Mais quand il s'agit du premier film d'un artiste qu'on admire tout particulièrement, y compris humainement, la rencontre est d'autant plus excitante qu'elle est tardive. Alain Cavalier aura donc été un réal étonnant et insaisissable dès ses débuts, ici aussi romanesque qu'il deviendra intimiste et radical par la suite. A 30 ans il inventait, expérimentait déjà, on sentait chez lui le refus du conventionnel et du film maintes fois fait, il maitrisait l'art de la mise en scène et s'en servait à chaque coin de plan.

Et quand dans le même film on voit une Sissi se transformer en actrice, en futur mythe, un acteur lui non plus pas bien vieux balader sa carcasse inquiétante, on se dit que oui c'est quand même beau le cinéma.

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Quelle belle surprise que ce film qui mélange sans choisir western, romance, drame tendant vers le mélo et la tragédie. Comme souvent Robert Aldrich tire le meilleur de tout ça, en faisant un mix tout à fait digeste malgré le risque initial de too much.

Que vous dire de plus pour vous amener à voir cette très belle petite chose trop peu connue ? Peut-être que Dorothy Malone y fait tourner la tête, et on peut les comprendre, de Rock Hudson et Kirk Douglas.

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A chaque fois que je découvre un Richard Brooks je suis sidéré de constater sa faculté d'adaptation, à un genre, à un style. Et là encore, se coltinant un truc bien casse-gueule puisqu'il s'agit de Tennessee Williams, il s'en sort remarquablement.

Sa mise en scène est sans génie mais tellement maîtrisée, et puis il y a ses acteurs qu'il semble diriger au millimètre : Pau Newman, tout jeune et déjà si charismatique, et Geraldine Page, sorte d'Elizabeth Taylor, le too much en moins.

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Bien moins connu que par exemple "Avoir 20 ans dans les Aurès" ce film est pourtant l'un des rares à traiter de manière aussi frontale de la guerre d'Algérie et le seul à ma connaissance à décrire plus précisément la fin du colonialisme puisqu'il fut tourné en 1962.

Acteurs pour beaucoup non professionnels, mélange entre documentaire et fiction, le seul long de James Blue est une sacrée claque malgré ses imperfections.

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Pietro Germi a commis selon moi deux grands polars, "Au nom de la loi" et "Meurtre à l'italienne", mais il savait aussi faire rire car ce film est un régal qui derrière sa légèreté apparente cache une sacrée charge contre l'hypocrisie de la société italienne de l'époque.

Et Marcello, qu'on ne peut que comprendre de vouloir divorcer pour rejoindre la sublime Stefania Sandrelli, est tellement cool qu'on dirait Noiret dans "Alexandre le bienheureux".

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Alberto Lattuada est loin d'être le plus connu des réalisateurs italiens de l'époque et pourtant il a réalisé quelques bons, et même très bons films, comme "Le Bandit", "Les Adolescentes" et ce "Mafioso" qui est probablement le sommet de sa carrière. Alberto Sordi y est comme à son habitude déchainé, se frotte à plusieurs registres, tout comme le film qui dans un premier temps peut faire penser à une petite comédie sous le soleil avant de glisser progressivement vers un film de mafia digne de Damiano Damiani ou Pietro Germi.

Il peut paraitre assez fou que ce "Mafioso" ne soit toujours pas sorti en France d'autant qu'il bénéficie d'une très belle version restaurée.

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Ah apparemment je n'avais jamais noté ce Tony Richardson vu au cinéma il y a plus de quatre ans lors d'une rétrospective consacrée au Free Cinéma, mouvement britannique que l'on pourrait comparer, pour aller vite, à notre Nouvelle Vague et dont Richardson fut l'un des initiateurs. C'est âpre, politiquement et socialement enragé/engagé, et surtout mis en scène avec une sacrée force.