14
7
14

livre de Jean Echenoz (2012)

Un samedi d’Août 1914 en Vendée, les cloches du tocsin sonnent la mobilisation. Anthime le comptable d’une usine de chaussures, Charles le sous-directeur du même établissement, Padioleau le garçon-boucher, Bossis l’équarrisseur et Arcenel le bourrelier sont mobilisés. Des fenêtres du train, ils aperçoivent les premiers aéroplanes, tels des oiseaux fragiles. Blanche, la fille du directeur d’usine, va attendre le retour de Charles et d’Anthime.

Jean Echenoz réussit à ne pas s’enfouir dans les tranchées de la grande Guerre, reconnaissant avec humilité et un certain humour, tout ce qui a déjà été écrit.

«Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être n’est-il pas la peine de s’attarder encore sur cet opéra sordide et puant. Peut-être n’est-il d’ailleurs pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, d’autant moins quand on n’aime pas tellement l’opéra, même si comme lui c’est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui cela fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c’est assez ennuyeux.»

Les saisons de la guerre et l’attente de Blanche, le contenu des havresacs des soldats, rappelant l’extraordinaire récit de Tim O’Brien (À propos de courage – The things they carried), les animaux aux destins également bouleversés, et les vies broyées de ces cinq hommes, tout est dit en à peine plus de cent pages.

L’écriture d’Echenoz, économe et fluide, offre le relâchement que permet une simplicité totale, avec des dévoilements ou des accélérations, qui percutent le lecteur comme des bombes silencieuses, et changent tout à coup toutes nos perceptions.

La grande littérature, l’air de rien.
MarianneL
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 25 sept. 2013

Critique lue 547 fois

5 j'aime

2 commentaires

MarianneL

Écrit par

Critique lue 547 fois

5
2

D'autres avis sur 14

14
dvanw
5

Critique de 14 par dvanw

Très chic, très bien écrit, très fin... Tout ça fait preuve d'un goût absolument raffiné, mais... A quoi ça sert ? Quelle peut bien être, dans l'esprit de son auteur, l'urgence de raconter cette...

le 5 nov. 2012

13 j'aime

14
Gui
8

La clé de 14

Des fois, en lisant Jean Echenoz, je m'arrête à la fin d'un paragraphe. Et puis je le relis. Et j'essaie de comprendre. Je me dis il doit y avoir un procédé, un truc, ça a l'air si simple, on voit...

Par

le 16 déc. 2012

8 j'aime

1

14
Miharuchan
8

Critique de 14 par Miharuchan

Effectuant un stage en librairie durant une semaine, le libraire m'a conseillé de lire ce petit roman. Selon lui, c'est cela la bonne littérature d'aujourd'hui. Le livre étant court et écrit plutôt...

le 11 oct. 2012

8 j'aime

3

Du même critique

La Culture du narcissisme
MarianneL
8

Critique de La Culture du narcissisme par MarianneL

Publié initialement en 1979, cet essai passionnant de Christopher Lasch n’est pas du tout une analyse de plus de l’égocentrisme ou de l’égoïsme, mais une étude de la façon dont l’évolution de la...

le 29 déc. 2013

36 j'aime

4

La Fin de l'homme rouge
MarianneL
9

Illusions et désenchantement : L'exil intérieur des Russes après la chute de l'Union Soviétique.

«Quand Gorbatchev est arrivé au pouvoir, nous étions tous fous de joie. On vivait dans des rêves, des illusions. On vidait nos cœurs dans nos cuisines. On voulait une nouvelle Russie… Au bout de...

le 7 déc. 2013

35 j'aime

Culture de masse ou culture populaire ?
MarianneL
8

Un essai court et nécessaire d’un observateur particulièrement lucide des évolutions du capitalisme

«Aujourd’hui il ne suffit plus de transformer le monde ; avant tout il faut le préserver. Ensuite, nous pourrons le transformer, beaucoup, et même d’une façon révolutionnaire. Mais avant tout, nous...

le 24 mai 2013

32 j'aime

4