1984
8.3
1984

livre de George Orwell (1949)

"La ferme des animaux" modèle grand luxe !

1984 est une oeuvre qui, actuellement, subit une résurrection. Cela s'explique principalement par l'apparition de relations entre elle et la réalité (l'affaire Snowden, etc. *reçoit une fléchette dans la nuque et s'écroule en gémissant*). Là encore, la vocation principale des œuvres d'Orwell ("Faire de l'écrit politique un art") a une place conséquente.

A nouveau, Carl Friedrich et sa définition du totalitarisme nous éclairent : le Parti intérieur est le seul et unique parti de l'Océania (continent où se déroule l'histoire), et ne me parlez pas du Parti extérieur qui n'est qu'un exécutant du premier. Le chef charismatique, Big Brother, est de la partie (intérieure ou ... ?) lui aussi. L'idéologie officielle et incontestable est l'adoration de Big Brother et du Parti en général. Le contrôle de l'économie se fait grâce à la Guerre (le concept est trop long à développer ici, retenez simplement que la guerre est permanente, et que l'effort de guerre l'est donc lui aussi, cela amène au contrôle de l'économie du continent).

C'est ensuite qu'intervient l'organisme qui, de par ses comparaisons avec la NSA américaine (*esquive la deuxième fléchette*), est de plus en plus nommé en ces temps troublés : la Police de la Pensée. Cette dernière, formidable couteau suisse s'il en est, se charge des deux autres points de la définition de Carl : le monopole des moyens de communication (qui se fait par exemple à l'aide de "télécrans", sortes de plaques métalliques fixées aux murs permettant à la dite Police de surveiller les habitants et de les informer (> propagande), l'appareil peut en effet recevoir ET diffuser des informations, servir de caméra comme de radio) ainsi que l’exercice de la terreur (les milices, le bruit des bottes, toussa toussa). Aussi, l'instrumentalisation de la Peur et de la Haine n'est pas oubliée, avec Emmanuel Goldstein, ennemi absolu du Parti, auquel on voue des séances de fiel durant lesquelles des vidéos de lui sont projetées pour montrer au Peuple quel infâme personnage il est.

1984 épate surtout par sa richesse : le livre, en plus de contenir un appendice d'une quinzaine de pages sur le novlangue (une langue inventée par le Parti limitant les moyens d'expression : si on ne peut plus décrire les choses on ne peut plus les penser), il inclut, dans des conditions que je ne puis vous décrire sans spoiler comme un sauvage, un essai quasi-complet sur le totalitarisme et ce qu'il englobe (à la sauce de l'univers du livre et non du nôtre, cela va de soi, mais ils sont très proches, rien à voir avec les animaux qui parlent de La ferme des animaux). Coup de maître dans le plus pur respect de la maxime que je ne répéterai pas une énième fois ('manquerait plus qu'on m'accuse de bourrage de crâne, tiens).

Bon, je suppose que je n'ai pas encore réussi à convaincre tout le monde. 1984 c'est quand même un pavé de 500 pages, or un livre d'un tel gabarit peut vite devenir soporifique, voire assommant. Qu'on soit bien clair : la trame est intéressante, les protagonistes sont attachants, tout va bien de ce côté là. Rebondissements à foison également, le rythme est soutenu, c'est un fait.

1984, c'est donc un essai politique de choix et un livre agréable à lire. Il instruit tout en distrayant. Que demande le Peuple ?
Kronthal
10
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le 27 août 2013

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