1984
8.3
1984

livre de George Orwell (1949)

Ce que j’ai aimé : Winston, ce pauvre Winston. Ce qui le rend tellement attachant, c’est que ce n’est pas un héros, c’est toi et moi, juste un pauvre type, qui n’est pas tellement attirant, et qui commence tout juste à se poser des questions, aimerait améliorer un peu le quotidien, juste kiffer sa vie. Sa compagne Julia, avec qui il entretient des rapports un peu ambigus. Elle c’est une filoute, la grande révolution, toussa, ça ne l’intéresse pas : son délire c’est niquer le système pour carpe diem. Winston entretient avec elle des rapports ambigus, la déteste et l’aime à la fois, mais elle devient quand même une bouffée d’air frais dans ce monde de brutes.
Oui, ce n’est pas une image, c’est vraiment un monde de brutes. T’as intérêt à filer droit mon Coco, même quand tu fais ta gym le matin, gare à la vilaine qui te gueule dessus derrière le télécran. Orwell nous a conçu un fuckin’ cauchemar de life : déjà, ta vie c’est de la merde, dans un monde de merde, où tu bouffes même pas à ta faim, seul compte la collectivité et le moindre pet de travers te conduit en chambre de torture. Ton mantra dans ta vie de chiotte, c’est de tout faire pour Big Brother, ton leader charismatique. Plus rien ne compte d’autre. Pour que tu y arrives bien, on te lave le cerveau à chaque minute de ta vie, réécriture de l’histoire, mais aussi du présent, simplification à l’extrême de la langue pour te rétrécir la pensée comme une bite à poil en plein hiver. La Novlangue, nom d’une pipe, la Novlangue…
Alors au départ, t’enquilles le livre, à la fraîche, détendu du gland, tu n’y vois qu’une critique de l’U.R.S.S. (surtout si comme moi, tu viens d’une fin de siècle). Et c’est ce que j’y avais vu dans mes yeux de lycéenne. Entre temps, le monde a bien changé, moi aussi. C’est là que le bouquin prend toute son ampleur et te met toi, petit lecteur, dans un bon gros malaise de sous les fagots. Ca fait des années qu’on t’agite le cerveau avec Big Brother, grâce à Grand Gogole, t’as plus de vie toussa. Oui, bon, effectivement. Mais quand tu colles au bouzin l’actualité politique de ces trente dernières années, au fait qu’il faut toujours un Grand Satan, avant l’U.R.S.S., maintenant le Djihad, la croissance constante des pouvoirs de l’Etat, les castes, le maintien constant dans la peur, tellement en Vigipirate dont ils ont abusé de tout le nuancier du rouge. Pourquoi? Tu fermes le bouquin, tu pleures un bon coup, et tu dis non à la Propagande. Tu ne regarderas plus jamais un documentaire, ni sur TFM6, ni sur Arte, ni sur le Web, chacun essayant juste de coller dans le cerveau sa propre vision.
Pardon, je m’égare, mais ce livre à réouvert quelque chose en moi, une étincelle : non, je ne vais pas m’engager dans une quelconque cause, je veux juste rester libre et qu’on arrête de me ronger le cerveau. Merci Orwell, quel putain de visionnaire : tu fais mal, mais c’est pour mon bien.


Ce que je n’ai pas aimé : Devenir encore plus lucide…

LireauxWC
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le 20 sept. 2015

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