Le livre se présente comme une dystopie, une critique virulente d'un avenir qui pourrait bien nous arriver. Et pourtant je me demande à quel point cet aspect dystopique est réussi ?
Du point de vue de la fiction, je l'ai trouvé très agréable à lire, j'ai aimé l'intrigue, le développement des personnages et l'atmosphère pesante qui est finement tissée. Mais on m'a souvent aussi présenté le livre comme une morale profonde et implacable de la nature humaine. Ce côté presque pseudo-prophétique que j'ai vu accordé au livre m'a beaucoup déplu. Je me suis même demandé si ces gens-là n'avaient pas mal compris le livre. Après tout, n'est-ce pas de notre ressort que de choisir notre avenir et de se battre pour celui-ci ?
Je n'ai pas connu Georges Orwell, et il est bien trop tard pour le lui demander puisqu'il repose au cimetière du Père Lachaise à Paris, mais ne pensez-vous pas qu'il aurait voulu que ce livre nous révolte et nous convainque d'agir autrement ? Plutôt que de nous plonger dans un fatalisme face à "l'inévitable" engrenage de ce contrôle d'autrui soi-disant inhérent à la nature humaine ?
En résumé, je l'ai adoré comme fiction. Pour ce qui est de son aspect moral, j'y ai vu une oeuvre pessimiste que je n'ai pas aimée en soi, bien qu'elle reste une c'est une mise en garde que tout un chacun devrait avoir ouverte avant de se faire un avis. Ce livre est bien trop fataliste à mon goût, mais il n'en reste pas moins légitime.