2084
6.4
2084

livre de Boualem Sansal (2015)

Publié sur L'Homme qui lit :


Les dommages collatéraux de la rentrée littéraire sur des lecteurs comme moi, simples consommateurs de littérature et non pas intellectuels lettrés, sont toujours intéressants. Le Grand prix du roman de l’Académie Française, co-décerné à 2084 de Boualem Sansal, m’aura permis de découvrir cet auteur dont la biographie m’apprend pourtant qu’il est un écrivain algérien d’expression française des plus célèbres.


Le titre et le thème de ce roman ne sont pas sans rappeler 1984, le livre culte de l’auteur britannique George Orwell publié juste après la seconde guerre mondiale, et 2084 vient dépoussiérer ce genre de fiction en lui donnant des accents de modernité.


L’Abistan est un royaume immense tirant son nom de son intriguant mais tout puissant chef Abi, délégué sur terre de Yölah, image divine. Dans ce royaume aux limites géographiques floues, le peuple est soumis à une pensée unique, et opprimé par une armée de censeurs et de contrôleurs de la pensée, à qui rien ne semble échapper. Vivant dans une misère quasi médiévale, le peuple se soumet à la foi à grands renforts d’amnésie collective.


Agitant la peur de guerres terrifiantes et dévastatrices comme un épouvantail, le régime s’assure de l’adhésion de la masse à ses programmes totalitaires. Un jour pourtant, le doute va germer dans l’esprit d’Ati, un homme ordinaire de retour d’un sanatorium, lorsque du fond de sa mémoire brouillée le doux son de la liberté refera surface.


Commence alors pour Ati une enquête dans les quartiers populaires du royaume, à la recherche d’un certain Nas, qui pourrait bien lui apprendre quelques vérités sur les fables servies par le pouvoir. Dans sa quête de vérité, il va créer de nombreuses vagues et risquer plusieurs fois sa vie…


2084 est un roman surprenant, car bien qu’inspiré d’une vieille fiction totalitaire, il se révèle d’une incroyable modernité, et l’on peut librement transposer cette caricature à des régimes religieux orientaux malheureusement bien réels. Dans les démocraties, le roman prête à sourire, car il agite une peur lointaine ; on imagine un accueil tout autre dans les pays moins regardants sur les libertés civiles et religieuses. C’est un roman très fort, qui pousse à aimer les libertés, et qui mérite amplement d’être lu pour la réflexion qu’il amène chez le lecteur.

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le 22 déc. 2015

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Brice B

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