Il est assez surprenant qu'un auteur à la vie aussi héroïque que Bolano ait accouché de quelque chose d'aussi plat et mou que ce 2666. Les termes sont lâchés. 2666 est chiant comme un vieux prof communiste avec collier de barbe et gilet de laine intégrés qui a oublié que le mur de Berlin est tombé depuis 30 ans.
Non pas que ce soit mal écrit, le style n'est pas mauvais, c'est parfois agréable à l’œil, mais la lecture est longue, si longue. mais, tout est lent, si lent, les personnages y sont insignifiant, si insignifiant, tant est si bien que le récit n'est qu'une collection d’anecdotes plus ou moins intéressantes (et plus moins que plus).
Après tout, 2666 est la somme de 5 romans distincts ayant pour point commun la ville de Santa Teresa, Mejico. Pas d'histoire commune, pas de continuité, des récits qui partent dans tous les sens, et surtout des personnages, non seulement chiants, mais qui surtout se font chier. Parce que oui, il n'y a rien de plus CHIANT qu'un groupe d'universitaire en goguette parlant de leur taff à longueur de journée, et je parle en connaissance de cause. Ainsi, le roman passe de la description de l'ennui existentiel profond d'un personnage à la description de l'ennui existentiel profond d'un autre personnage. Nombre sont les critiques qui ont noté la descente aux enfers progressive qui serai filée par Bolano tout du long de ses récits. Personnellement, dès la première page, j'étais intimement convaincu que chacun des personnage était déjà mort à l'intérieur. Rien à espérer de ce côté là.
Et, pour ce qui est de la quatrième partie; J'ai été élevé au Ellroy et j'ai lu B.E.Ellis et j'ai goûté à la perversité de Mishima et à la folie de Ryu Murakami: autrement dit la "partie des meurtres" est une promenade de santé et ressemble plus à une parodie toute gentille de roman noir qu'à quelque chose de vaguement choquant ou inquiétant. Les tentatives de Bolano de décrire l'horreur associée à l'humanité via la description froide de moults crimes est plus gênante qu'autre chose
Ainsi donc, pour moi, rien inattendu, rien qui ne vienne me remuer de l'intérieur. Simplement une somme de réflexion absconses sur la vie, l'amour, la mort et l'absurde.
Après, je peux comprendre que ça plaise; le récit est parsemé de références classiques, de vagues théories philosophiques remixées à la sauce sud américaine. Bref, un cinquantenaire en pantoufles ayant une bibliothèque remplies de livre de la pléiade et qui voit gonfler son égo lorsque l'on loue sa vaste culture littéraire se flattera de reconnaitre tel ou tel ouvrage cités par Bolano. En somme, c'est le roman parfait pour plaire au critiques littéraires qui se plaisent à l'onanisme bibliomane. Des gens tristement clichés qui préfèrent s'enfermer dans une bibliothèque poussiéreuse pour jouir sans limite de leur supériorité intellectuelle plutôt que de profiter des premiers alizés du printemps.