Harbin est la capitale de la région de Heilongjiang, en Mandchourie, tout au nord de la Chine. Elle est le théâtre de Bonsoir, la rose, roman de Chi Zijian, elle-même originaire de cette contrée proche de la Sibérie. C'est la première originalité du livre que de nous décrire la vie dans cette région assez peu connue de la Chine. La deuxième (bonne) surprise vient de l'identité de l'un des trois principaux personnages du roman, Lena, une vieille juive très chic pour qui le temps semble s'être arrêtée depuis la deuxième guerre mondiale. Sa confrontation et la complicité qu'elle va développer avec sa locataire, fille hantée par le secret de sa naissance et malheureuse dans ses relations avec les hommes, constitue le coeur de Bonsoir, la rose. Ce sont des destinées dramatiques, passées ou présentes, que nous conte Chi Zijian, des vies marquées par la mélancolie et la tristesse qui auraient pu donner un récit lugubre et désespéré. Mais il y a cette rencontre entre ces deux femmes, d'âge et de condition si différentes, qui éclaire tout le livre et l'embellisse comme un bouquet de fleurs en décembre. Ces deux coeurs en hiver (un troisième, plus représentatif de la nouvelle Chine, est également présent), Chi Zhijian les traite avec une bienveillance et une empathie merveilleuses dans un style alerte et souvent espiègle. Tragédie, comédie, la vie s'y révèle farce absurde que seuls les parfums des fleurs (encore) viennent adoucir. En filigrane, le roman trace un portrait très réaliste de la Chine, traditionnelle et moderne, avec son pouvoir patriarcal (les hommes n'ont pas la part belle), la corruption et les dégâts causés par l'irruption du capitalisme. C'est aussi un livre sur la solitude, la recherche d'identité et la solidarité féminine. Sa douce cruauté est très chinoise. Elle est également d'une lucidité implacable sur la condition féminine.

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le 4 janv. 2017

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