Manuel de résistance pour les années à venir, entre ruse, révolution et lutte antifasciste mondiale.


Popović, figure clé du mouvement serbe Otpor! qui a aidé à faire tomber Milošević, ne livre pas un récit glorieux ou nostalgique : il écrit un guide stratégique pour activistes d’aujourd’hui, avec des outils concrets, des exemples internationaux, et surtout une foi intacte dans le pouvoir du peuple qui s’organise intelligemment. Il ne s’agit pas d’être pur, il s’agit d’être efficace. Voilà le ton du livre : pragmatique, affûté, et profondément politique.


Pourquoi ce livre est indispensable en 2025 :

Alors que les extrêmes droites gouvernent, s’organisent, coopèrent à l’échelle internationale, que les lois liberticides pleuvent, que les flics militarisés quadrillent les villes,

Popović nous rappelle une chose cruciale : le pouvoir repose sur le consentement. Et donc le pouvoir peut - et doit - être contourné et détourné quand il est inique. Dans une époque où l’on nous vend l’impuissance comme seule option, ce livre redonne des prises, des tactiques, des exemples qui inspirent. De la révolution orange à la lutte des femmes iraniennes, des blagues anti-dictature aux actions symboliques dévastatrices, chaque page est une gifle à la résignation.


Un mélange de street smarts et de pensée stratégiques

Popović écrit comme on parle à une équipe en manif. Il est clair, cash, drôle, pas dogmatique mais lucide, et surtout, il transmet une pensée tactique de la lutte :

  • comment choisir ses cibles ?
  • comment construire un groupe d’action ?
  • comment rendre la répression visible et donc contre-productive ?
  • comment transformer la peur en ridicule ?

Ce n’est pas un bouquin de slogans,

c’est un manuel de jeu dans la guerre asymétrique des idées et des images.


Antidote à la terreur, mode d’emploi pour la joie insoumise

Là où l’extrême droite avance masquée ou armée, ce livre t’apprend à danser au milieu du champ de mines. L’auteur parle d’activisme joyeux, de satire, de créativité, de “l’effet licorne” : ce moment où la révolte devient contagieuse, non par la peur, mais par la puissance désirante du peuple qui y croit encore.


Le bémol ?

Ce n’est ni un traité théorique, ni une analyse des rapports de classe ou des structures profondes. Le livre n’interroge pas tout, mais il arme celles et ceux qui veulent faire bouger.

Pour des militant·es radicales, ça peut sembler un peu “light”. Mais la force du texte est là : il ouvre la brèche,

et donne des outils pour que chacun·e l’approfondisse selon son contexte.


Conclusion :

Un livre à mettre dans tous les QG militants, les squats, les réseaux d’auto-support, mais aussi dans les mains de celleux qui hésitent à agir. Parce que la démocratie ne se défend pas avec des likes, mais avec du courage, de l’humour, et de la stratégie.



Pour aller plus loin : idées clés.

⚠️SPOILER⚠️


1. Le pouvoir repose sur l’obéissance (donc il peut se fissurer)

Un dictateur n’existe que parce que des gens obéissent. Rompre ce lien d’obéissance est le nerf de la résistance non violente.

Comprendre le “pilier du pouvoir” : armée, police, médias, élites économiques… chacun peut être ciblé et délégitimé.


2. Pas besoin d’être nombreux : il faut être stratégique

La révolte ne vient pas des foules . Elle vient d’un petit noyau déterminé et malin, qui sait où frapper et comment construire. Travailler en cellules légères, mobiles, créer une culture de réseau, pas de chef.


3. Faire de la lutte un spectacle contagieux

L’humour, la satire, le ridicule sont des armes redoutables. Un dictateur haï, craint… ou moqué, c’est un dictateur affaibli. Exemples : fausses affiches officielles absurdes, statues ridiculisées, actions “licornes” à fort potentiel viral.


4. Construire une “marque” de la révolte (identité visuelle).

Chaque mouvement doit être lisible, identifiable, porteur de sens.

Otpor! avait un poing noir : simple, percutant, universel.


5. Rendre la répression contre-productive

La non-violence n’est pas naïve : elle est tactique. Elle force l’adversaire à montrer son vrai visage. Chaque arrestation est une occasion de visibiliser l’injustice. Il faut créer des scénarios où l’État réagit mal et perd la bataille de l’image.


6. Choisir ses batailles (et ses symboles)

Ne pas chercher à tout renverser d’un coup. Choisir des cibles précises, visibles, atteignables.

Ex : une taxe absurde, un bâtiment officiel, une journée commémorative.

Chaque victoire symbolique accroît la légitimité du mouvement.


7. Préparer l’après, dès le début

Une révolution sans projet devient vite un chaos récupéré. Penser à l’adhésion populaire, la transition, la résilience.

Il faut former, éduquer, documenter, transmettre. La victoire, c’est la chute du dictateur ET la construction d’une alternative.


Formule-résumé :

Vision + stratégie + action joyeuse + résilience = puissance insurrectionnelle durable.


🔥Pour aller plus loin en 2025 :

  • Croiser Popović avec Gene Sharp, Judith Butler (sur la performativité), ou Preciado (sur les corps dissidents)
  • Adapter les tactiques à l’ère numérique : deepfakes, memes, doxing éthique, crypto, etc.
  • Créer des ponts entre zones militantes ouvrier•es, étudiant•es racisé.es, tox, TDS, queer, écolos, antifa et syndicales : même ennemi, stratégies à synchroniser.
guipolgpl
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Créée

le 23 juil. 2025

Modifiée

le 23 juil. 2025

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