L'indignation pour les nuls
Indignez-Vous a réussi l’exploit de se vendre à plusieurs millions d’exemplaires en France et même à l’étranger. Stéphane Hessel, son auteur nonagénaire, nous a quitté il y a peu et a donc terminé sa vie en haut de l’affiche. Mais que retirer de ce petit (pour ne pas dire minuscule) bouquin ?
J’ai encore du mal à comprendre les raisons d’un tel succès, voilà un parfait exemple de « nobody knows » comme on dit dans les milieux autorisés.
Stéphane Hessel était un Résistant durant la Seconde Guerre Mondiale et a participé à la reconstruction de la France, en quête d’un monde nouveau. Pas besoin de se connecter sur Wikipedia pour le savoir, la livre vous le rappelle bien vite !
Indignez-Vous peut être considéré comme un fascicule puisque son épaisseur ne dépasse même pas les 20 pages. Avec un si petit nombre, je m’attendais à être ébloui par la surpuissance d’arguments qui m’auraient donné envie de sortir dehors et de crier mon indignation. Visiblement cela n’a pas trop fonctionné car ma vision du monde n’a guère changé après la demi-heure de lecture.L’ensemble est très scolaire avec de beaux paragraphes et des titres clairs. Les arguments sont expliqués, sourcés et très largement complétés par des dates. Une sorte de rappel des cours d’Histoire de troisième. Ce n’est pas inintéressant, loin de là, puisqu’on apprend quelques trucs à propos du domaine peu accessible de la philosophie. Mais vous vous doutez bien qu’en si peu de temps on ne peut pas devenir le nouveau Michel Onfray.
La capacité d’indignation de Stéphane Hessel est également toute relative, on ne sent pas son énervement mais juste un ensemble de faits dont il est impossible d’être en désaccord. Les mauvaises langues (dont je fait pas partie) parleront sans doute d’un donneur de leçon.Sa vision de la dernière décennie et de l’état au Proche Orient auraient mérité d’être largement plus étayé et complète. Par moment, quelques messages sont adressés aux jeunes mais d’une façon très Père Castor.
Indignez-Vous est un drôle de truc. Pas inintéressant mais extrêmement épuré et didactique, il est difficile de ressentir une once d’indignation. La philosophie pour les nuls ? L’indignation pour les nuls ? Stéphane Hessel devait être nostalgique des journaux et brochures clandestines de la guerre. C’est peut être ça la Résistance moderne.