C’est la première fois que je dois ajouter une fiche de livre sur senscritique. C’est assez surprenant pour un livre exposé à la bibliothèque F.Mitterrand en tête de gondole.

Judith Rochfeld est juriste, professeure à la Sorbonne, a déjà publié quelques essais, mais s’en était jusqu'ici essentiellement cantonné à une littérature purement juridique, non accessible aux profanes.

En revanche, son dernier livre est une excellente vulgarisation. L'auteure passe dans un premier temps sur les series de « procès climatiques » en cours ou qui se sont achevés et en propose une analyse intelligente.

Le droit est une approche qui est souvent délaissée ou mésestimée dans les réflexions contemporaines sur la question environnementale. Souvent parce qu’il est difficile d’y entrer, que la technicité rebute et que la norme parait figée ; en contradiction avec le mouvement militant.

C’est une erreur. Ces cons de zadistes et autres véganeux parisiens ont tort de ne pas compter sur les ressources du droit. Tant pis pour eux, ils n’ont plus qu’à s’enivrer de collapsologie devant le dernier film de Cyril Dion, autour d’un plateau de cookies aux orties et à attendre que la relève des gilets jaunes permettent le tabula rasa général.

Judith Rochfeld expose dans un second temps l’intérêt et le potentiel de certaines catégories juridiques aujourd’hui délaissées - ou peu exploitées -, en particulier celle des choses communes. Elle fait savamment valoir les conséquences qu’un tel relèvement opèrerait sur le modèle économique global, mais ne se fourvoie pas à présenter ses billes comme les arguments ultimes, elle ne joue pas plus à l’oracle contemporain, et - ô merci - n’adopte jamais ce style donneur de leçon dont sont gorgés les écrivains bio.

Je regrette toutefois que la question de la personnalité juridique des animaux n’ait pas été exploitée plus avant, notamment d’un point de vue prospectif.

Le livre reste excellent et lumineux.

Motherfuck
8
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le 24 déc. 2019

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Motherfuck

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