Ken Follett frappe une nouvelle fois très fort avec L’Hiver du monde, deuxième tome de la trilogie Le Siècle, qui nous plonge dans les ténèbres de la Seconde Guerre mondiale à travers les destins entrecroisés de familles de différentes nationalités. Si j’ai choisi de lui attribuer un 9/10, c’est parce que ce roman parvient à conjuguer avec brio souffle historique, émotion romanesque et complexité humaine.
Ce qui m’a frappé dès les premières pages, c’est la capacité de Follett à faire vivre l’Histoire à travers des personnages incarnés, vivants, souvent déchirés entre leur époque et leurs convictions. Loin de se contenter d’un exposé académique des événements, il les rend palpables, humains. Que ce soit à Berlin, Londres, Moscou ou Washington, on ressent la peur, le courage, l’ambivalence des choix. Cette tension constante entre l’individuel et le collectif donne toute sa force au récit.
Follett maîtrise comme peu d’auteurs le délicat équilibre entre fidélité historique et efficacité narrative. Loin d’alourdir le roman, les événements historiques servent d’écrin à des intrigues passionnantes. L’auteur ne tombe jamais dans le manichéisme : les personnages sont complexes, parfois ambivalents, toujours crédibles. L’évolution de certains protagonistes — notamment les jeunes figures qui prennent le relais des anciens — est particulièrement bien menée. J’ai été touché·e par leur lutte intérieure, leur courage discret ou leur chute.
Ce que j’apprécie particulièrement, c’est à quel point L’Hiver du monde fait résonner le passé avec notre présent. La montée des extrêmes, la fragilité de la démocratie, le poids de la propagande... autant de thématiques qui restent tristement d’actualité. Cette lecture donne à réfléchir sans jamais être pesante. On en ressort à la fois bouleversé·e et enrichi·e, avec cette étrange impression que, malgré les décennies passées, l’humain reste fondamentalement le même.
La note de 9/10 s’explique par quelques longueurs dans certains arcs narratifs secondaires, parfois un peu moins captivants. De plus, la multitude de personnages peut perdre les lecteurs peu familiers avec la structure chorale. Mais cela reste minime au regard de la richesse globale de l’œuvre.
L’Hiver du monde est un roman ambitieux, dense, mais profondément humain. Il réussit le pari d’allier rigueur historique et souffle romanesque, tout en proposant une lecture critique de notre passé pour mieux éclairer notre présent. Une fresque à la fois intime et universelle, que je recommande sans hésiter à tout lecteur ou lectrice en quête de récits puissants, porteurs de sens et d’émotion.