Alessandro d’Avenia, à travers L’Art d’être fragile ( ou comment un poète peut nous sauver la vie) a voulu transmettre sa réception de l’œuvre du poète Giacomo Leopardi (dix-neuvième siècle),comment elle a eu un écho en lui, enseignant/écrivain. Ce qui interpelle, c’est cette volonté jusqu’au boutiste de l’auteur de vouloir parler de lui-même au delà de son attachement littéraire à l’homme de lettres ( pour de bonnes raisons?). C’est la partie de cet exercice littéraire limitant l’impact de son essai . On attendait plus d’Avenia sur le thème même de la fragilité, qu’il aborde cependant. Ce que j’ai donc trouvé intéressant, c’est de connaître l’approche de Giacomo Leopardi, envers la poésie, genre littéraire qui a légitimé sa vie tout en la lui sauvant.En reprenant certaines de ses compositions, d’Avenia montre l’attitude remarquable de ce poète faisant de sa fragilité mentale et affective, non pas des plaintes et des lamentations continuelles qu’il exorcise dans l’écriture, mais un état où il y a finalement une bonne expérience de vie à retirer ( l’amitié, la liberté, la persistance à être conscient de la beauté qui l’entoure comme dans son poème Le Genêt).Giacomo Leopardi, même s’il a souffert d’une grande solitude, ait été insatisfait de ses rapports avec ses proches amis ou parents, a avancé malgré tout pour tenter de donner du sens à ses brèves trente-huit années d’existence. Le vrai sujet du livre, c’était celui-ci et c’est véritablement dommage que d’Avenia l’ait galvaudé pour finalement y loger ses points de rapprochement ( avérés?) avec Leopardi , une approche maladroite sur la peinture de son portrait et ce qu’il y lit, et une réflexion sur son métier d’enseignant qu’il aurait bien pu garder pour lui ( car ce déballage est aussi gênant que vain). Le véritable rôle d’un essayiste étant d’exprimer des idées, de les faire partager tout en abordant sa propre expérience de la vie avec une certaine discrétion pour ne pas s’éloigner de son véritable sujet d’étude.On dirait que certains éditeurs aient oublié ces fondamentaux.

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le 17 mars 2024

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