Des avantages inattendus

Si une aubaine est un « avantage inattendu ». Serait-ce une chance que d’être né dans la seconde moitié du XXe siècle ? Notre monde n’est-il pas tragique ? Après ses passionnants mais pesants essais : Réussir sa mort : Anti-méthode pour vivre (2005), La Foi des Démons ou l'athéisme dépassé (2009), Fabrice Hadjadj clarifie et synthétise sa pensée dans ce petit ouvrage : soixante pages pour répondre aux angoisses de nos contemporains. Deux extraits choisis :

Le philosophe nous met en garde contre la tentation de changer la société. « L’adhésion à un parti qui veut changer le monde est toujours soit nostalgique soit utopique. Il s’agit de s’exalter dans l’optimisme, avec le progrès du monde de demain, ou de s’étaler dans le pessimisme, avec le regret du monde d’hier. Mais, en vérité, cela va toujours mieux et toujours plus mal, simultanément. La parabole du bon grain et de l’ivraie nous apprend que tout se développe à la fois vers le meilleur et vers le pire, et qu’au nom de l’utopie ou de la nostalgie, vouloir extirper tout le mal ne peut qu’aboutir à arracher le bon grain avec, car ce serait vouloir abolir la liberté. » P28

« Qu’en est-il du relativisme ? Est-ce à proprement parler une doctrine, comme au temps de Protagoras ? Le relativisme est plutôt l’effet du dispositif médiatique. Pour les médias, il faut du spectacle et des news. Or, pour qu’il y ait du spectacle, il faut des positions chocs, et qui se contredisent. Et s’il ne s’agit que de news, il faut que la nouvelle ne soit pas une Bonne Nouvelle, que sa nouveauté n’ai aucun impact existentiel, mais nous laisse dans une position de spectateur désengagé, indigné mais passif, intéressé mais diverti. » P40

Tout croyant est appelé à sortir de lui-même pour se laisser interpeler par les signes des temps et rejoindre les périphéries. Si nous vivons l’ère de « la fin du progrès », qu’elle soit le « commencement de l’espérance. »