Lorsque l’on lit Le Festin nu, écrit en au milieu des années 50 par l’américain William Burroughs, on saisit tout de suite l’instantanéité de l’œuvre. Le livre, rédigé sous l’emprise de diverses drogues, est une plongée dans l’esprit d’un junkie évoluant dans un lieu maudit, l’Interzone. Cette zone, hors de notre temps et de notre espace, pue le vice et la folie. Le Festin nu est un grand voyage onirique cauchemardesque, une terrible descente aux enfers.


Le livre est un patchwork de scènes obscènes qui font passer Sodome et Gomorrhe pour des innocentes colonies de vacances. Le lecteur se retrouve enseveli sous une ribambelle de situations et de personnages, fruits de l’imagination débordante, mais torturée de l’auteur. Cette autofiction délirante est par bien des aspects rafraichissants en cassant les dogmes de construction d’un récit par exemple, mais la vérité sur le « montage » du livre rend le constat amère. Après plusieurs années d’écriture, Burroughs fût incapable de mettre ses écrits en ordre et dût faire appel aux écrivains et amis Allen Ginsberg et Jack Kerouac pour l’aider. Le titre sera d’ailleurs donné par Kerouac.


Ce livre laisse un goût rance et une sensation moite qui dérange. On apprécie le style maitrisé de l’auteur, mais le récit est si haché, qu’il est impossible de suivre les méandres du Festin nu. Certains y verront du génie mais la difficulté d’appréhender cet œuvre se trouve être quasi insurmontable et le lecteur se retrouve submergé par un déluge d’images.


Membre de la Beat Generation, William Burroughs est un écrivain qui n’a laissé et ne laissera aucun lecteur indifférent. Personnellement, Burroughs doit être le seul auteur à m’avoir filé la nausée pendant une lecture.

Vincent-Ruozzi
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le 19 mai 2016

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Vincent Ruozzi

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