Je n’avais rien lu de Nathalie Quintane avant ce petit ouvrage. Sa forme littéraire est parfois un peu surprenante mais révèle quelqu’un qui s’intéresse à la langue et aux moyens de l’expression. Elle fait un usage abondant de l’ironie. Mais comment parler de notre déliquescente société sans ironie, c’est à peu près la seule défense qui nous reste pour ne pas sombrer; la conscience étant devenue, comme l’on sait, un grave inconvénient.


Ce petit livre parle donc de cet agglomérat vague que constituent les classes moyennes, de ses motivations, de ses choix désastreux et de leurs conséquences sur l'évolution de notre société. Il ne prétend pas apporter de réponses et se contente d’interpeller à travers cette interrogation d'autant plus inquiète que Nathalie Quintane se reconnait elle-même comme appartenant à cette catégorie sociale.
Ce que veut la classe moyenne, avant toute chose, c’est sauver ses fesses ; la classe moyenne a la hantise du déclassement. Les pauvres, eh bien qu’ils se démerdent les pauvres ! La classe moyenne n’aime pas se souvenir d’où elle vient, de ce à quoi elle appartient et surtout vers quoi elle est en train de retourner.
La classe moyenne veut à tout prix continuer à s’illusionner (par exemple, à admirer et imiter les riches qui l'utilisent et rient d'elle) ; et peu importe si cette persistance dans l’illusion mène à son propre désastre puisque, après tout, la classe moyenne n’existe pas ailleurs que dans ses illusions. Le prolétariat : non et non ! La classe moyenne, malgré tous les démentis qui lui sont chaque jour infligés se voit appartenir à une élite. En tous les cas, elle veut y arriver et merde aux pauvres. Ces salops de pauvres qui, malgré tous les efforts que l’on fait pour ne pas les voir, pour habiter ailleurs qu’eux dans des « stratégies résidentielles », réapparaissent obstinément et toujours plus nombreux; ces pauvres qui le plus souvent se voient appartenir à la classe moyenne ...
J'ai noté aussi cette remarque: "Le ressentiment est une révolte qui a mal vieilli et c'est dommage, bien dommage pour celles et ceux qui en sont les victimes. "


Heureusement, certains de nos plus brillants commentateurs de l’absence ont réponse à tout : mais bon dieu mais c’est bien sûr, ce ne sont là que propos de gauchistes !

steka
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le 23 janv. 2017

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