Qui a tué Palomino Molero ? par BibliOrnitho
Un court roman de moins de 200 pages. Lituma, jeune gendarme peu expérimenté dans la bourgade péruvienne de Talara, se rend sur les lieux d'un crime odieux. Le corps torturé et mutilé a été retrouvé pendu à un arbre. Lituma et son supérieur, le lieutenant Silva mènent l'enquête. Ou pour être plus exact, le gendarme observe non sans une profonde admiration son chef résoudre l'affaire. L'enquête amènent les deux hommes à se déplacer (en stop car la gendarmerie locale ne possède pas de véhicule à elle... tout juste des locaux délabrés ; les éventuels prisonniers ne restant en cellule que par politesse tant il le serait aisé de s'en évader), à interroger les indigènes (très pauvres) et les militaires de la base aérienne toute proche (des blancs, privilégiés, puissants et plein d'une morgue hautaine pour les flicaillons qui les importunent).
Sous le prétexte d'une affaire policière vue à travers les yeux subalterne d'un gendarme, Mario Vargas Llosa décrit la vie (précaire) dans ce coin de la planète, désertique et surchauffé, dans lequel les habitants tentent de survivre tant bien que mal. Un monde scindé en deux, blancs d'un côté (désignés sous le terme générique de gringos), autochtones de l'autre. Et pratiquement aucune relation entre les deux, si ce n'est un rapport dominants / dominés admis par les deux parties et aussi immuable que la fournaise des lieux.
Un livre que j'ai beaucoup apprécié, à l'écriture très vive. Le texte est souvent cru dans lequel on appelle un chat un chat. Pas de fausse pudeur : les personnages jurent à chaque page, déshabillent les femmes de yeux en les imaginant à l'horizontal soumises à leurs instincts primitifs. On est aux antipodes du langage fleuri d'un Saramago. Le texte est néanmoins très efficace, jamais vulgaire et Mario Vargas Llosa brosse admirablement une société haute en couleur entourée d'une ambiance envoutante exceptionnelle.