Clémentine Mélois est plasticienne et sa démarche de rassembler ces 99 listes de commissions perdues pour en extraire une nouvelle âme est à l'image de son métier pluridisciplinaire. Dans Sinon j'oublie, il y a donc à voir avec les photographies et à extrapoler via l'écriture subjective de l'auteur. Ce qui m'a séduit avant d'entrer dans le livre, c'est déjà ce projet original de combiner les genres. Au final, j'estime que la photo est plus éloquente que le texte car elle propose malgré tout au lecteur de faire son propre voyage sur la liste de courses perdue. Pour ma part, j'ai constaté l'extrême disorthographie des gens mais aussi le degré d'investissement de la note rédigée avec soin ou bâclée. Ce sont des éléments très parlants. Là où le travail de compilation peut perdre de son impact, c'est dans la ligne directrice du portrait où Clémentine Mélois décide si le rédacteur de la liste pourrait être un homme ou une femme, de quel milieu il/elle pourrait venir puis de quelles pensées il/elle pourrait être animées. Par moment, le lecteur trouve qu'elle cerne bien la personne ( car la liste est suffisamment parlante) et sur d'autres listes, la subjectivité peut la faire aller très loin, peut-être trop (puisque les informations sont maigres). Les limites de l'exercice impliquent que le rendu est moyen. Aurait-il fallu aller encore plus loin en écrivant les pensées des listeurs disorthographiques avec leurs propres fautes de français? C'est une des questions qui me viennent à l'esprit car le plasticien a la potentialité d'être un peu exubérant voire nihiliste par moments.
Au delà de ces considérations critiques personnelles, j'ai passé un bon moment dans ce livre-projet qui m'a offert une récréation ludique et drôle et c'est vraiment la bonne impression que je garderai de Sinon j'oublie.

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le 29 avr. 2017

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