Je viens de finir ce livre, The Intern's Handbook dans son titre original, mais aussi Un Stagiaire Presque Parfait pour Senscritique que j'ai pourtant en livre sous le nom de "Guide de Survie en Milieu Hostile", et sans ce titre et la couverture du bouquin (des bonshommes avec des armes en silhouettes noires sur fond vert) je ne l'aurai certainement pas emprunté à ma bibliothèque avec seulement son résumé.


Nous suivons John Lago, à travers un guide qu'il écrit pour les nouvelles recrues de RH, une organisation qui envoie des gens sous couverts comme des stagiaires et qui ne sont rien d'autres que des "tueurs à gages" pour directeurs et autres PDG de business et entreprises qui puent la mort, les armes, la drogues, les traffics, etc...


J'aime bien les livres qui parlent directement au lecteur, parce que dans ce cas précis nous sommes un peu comme la nouvelle recrue qui lis son guide de survie (sous forme d'un journal expliquant sa dernière mission pour montrer les ficelles du métier), entrecoupés d'extraits d'enregistrements radios de conversations retranscris papiers par le FBI qui alternent le récit et s'y placent très bien.
C'est compliqué d'écrire constamment vers quelqu'un, il faut que ça reste logique comme si on parlait, tout en excluant tout ce qui d'habitude renfloue le récit et le rend littéraire (en gros c'est comme un mec qui te raconte quelque chose au bar, mais faut que ça reste cohérent, toute la base d'écriture change parce que ton mec est une personne et a des sentiments : il ne dira pas toujours tout sur les évènements, ou omettra des choses qui normalement seraient apparues dans une version roman qui ne s'adresse pas directement au lecteur comme si on lui parlait.. Nom de dieu, c'est encore moins clair..).


Cependant, je n'ai pas été séduite une seule fois par les dialogues. Ceux du FBI encore, je peux comprendre, c'est un rapport, c'est censé être froid, sans émotion, on ne fait que retranscrire, OK. Mais c'est là qu'il y a le plus de dialogues... Même ceux racontés par Lago pour nous sont dénués de sentiments, y'a rien. Je n'ai pas ressenti un seul truc en lisant ces dialogues, et j'avais presque l'impression que les personnages n'avaient aucun sentiment pour aucune personne que ce soit alors que pourtant y'a des passages d'amour et de haine donc on devrait avoir des sentiments qui ressortent quelque part. Mais là rien, mais alors, vraiment rien. D'autant plus que parfois, les dialogues sont teeeeeellement plats, froids ou chiants, que la moitié des échanges sont complètement futiles et auraient pu être évités carrément (mais y'a tellement peu de dialogues, qu'au final je sais pas ce qui est le mieux..).


L'action cependant est bien retranscrite, on nous balance pas juste la description d'un combat à la hollywood; c'est un mec qui a appris où frapper, comment, pourquoi, avec quelle fréquence.
Il nous explique clairement chacun de ses mouvements et leur but précis, et ça, ça change et c'est vachement bien. Surtout qu'encore une fois, raconter au lecteur c'est compliqué et bien décrire de l'action dans une narration telle que celle-ci pour le coup c'est chapeau, ça s'inscrit super bien et ne dérange absolument pas la lecture, tout au contraire.


Bon et puis l'histoire, tout ça, c'est pas mal, je me demandais où on allait au début. Parfois on a des petits flashbacks de missions précédentes (parfois chiantes, parfois non mais toujours rapides)...
Mais bon, y'a quelque chose qui me reste en travers de la compréhension..
[SPOILER ALERT]
Durant tout le bouquin on nous explique, comment marche RH, qui est le boss (ici, Bob), on nous dit "tu verras quand tu y seras", "essaye de pas mourir", "Bob il est comme ça, ne le contredit pas" ... etc. Sauf que Bob, il meurt à la fin. Alors oui, on peut supposer que RH existera encore, mais on en a aucune preuve. On nous dit d'écouter ce mec, de faire ce qu'il dit mais pas trop, mais ... John, c'est toi qui écrit le guide, tu sais qu'il est mort, alors pourquoi diable nous dis-tu ça ? Tu SAIS qu'il est mort, et tu écris ton guide en nous disant, à nous, jeunes recrues, qu'il sera notre boss, sans même savoir (puisque t'es parti vivre ailleurs pour ta retraite) si RH est encore sur pied... Donc POURQUOI DIABLE devoir écrire un guide pour ces recrues (c'est même plus ton job), en parlant d'un mec qui gère le tout mais qui est mort (c'est pas gentil)...
En plus on en parle de ce journal, à un moment, Alice le cite. Mais d'où elle le cite ?
C'est incohérent parce qu'on ne dit rien au lecteur, je m'explique : on suppose que ce livre a été écrit à la fin de la mission, auquel cas John en connait tous les détails parce qu'il l'a vécu. Mais les références à Bob et Alice qui en cite un passage laisse penser qu'il aurait pu l'écrire chapitre par chapitre tout au long de cette mission. Mais à qui donne-t-il réellement ces chapitres si c'est le cas ? Alice ne devrait pas y avoir accès, puisque c'est un guide pour les nouvelles recrues, elle ne pourrait y avoir accès que grâce à Bob mais encore une fois, c'est pas pour lui non plus. Est-il au moins au courant, est-ce lui qui lui demande de le rédigé ? Et pourquoi John, dans ce cas, l'écrit-il jusqu'au bout ? Si Bob lui a demandé de l'écrire, ou RH tout court, il n'a de compte à rendre à personne à la fin de sa mission et personne à qui donné le précieux guide. Et si c'est vraiment de son propre chef vers les recrues alors pourquoi y a-t-il autant d'incohérences temporelles et scénaristiques...
Un mystère pour moi.


En clair, ce bouquin est distrayant mais ne fait pas parti de ceux que je ne peux pas arrêter de lire plus de quelques heures, il est attractif durant certains moments d'actions mais le manque total de sentiment dans ce bouquin le rend froid et inhospitalier, ce qui, personnellement, m'empêche totalement de m'immerger.

Polyte
4
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le 17 oct. 2016

Critique lue 228 fois

Polyte

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